samedi 26 décembre 2009

Michelet

Ce post va nous ouvrir de nouveaux horizons...

Vous connaissez la rue d'Isly à Alger? Le nom a été donné par les français en l'honneur de leur général-conquérant devenu maréchal Bugeaud, celui-là même qui est considéré en Kabylie comme un criminel de guerre, son nom de monstre "bishuh" servait même d'épouventail aux enfants jusque dans les annés 70. Bugeaud Duc d'Isly, de la rivière Isly (fiancé, nouveau marié) au Maroc oû ce guerrier impitoyable gagna une bataille. Après l'indépendance en 1962 la rue d'Isly a été rebaptisée en rue Ben M'Hidi du nom du natif du pays shawi, héros, résistant et révolutionnaire algérien mort torturé dans les gêoles d'Alger-française sous la botte de Massu. La statue de Bugeaud sur la rue d'Isly a été remplacée par celle de...l'émir AEK, le grand ami "arabe" de la France du 19ième siècle. Donc après l'indépendance l'Algérie pour effacer toute trace de la colonisation française a procédé à une défrancisation de tous les noms (rues, villes, collèges, etc...) sans se soucier le plus souvent de redonner leur vraie identité aux toponymes par exemple que les "ordinateurs du parti eunuque" arabiste ont préféré simplement arabiser, de défrancisation à arabisation, d'une colonisation à une autre. Ces ignares ont donné des noms de personnes (des révolutionnaires) à des toponymes alors que chez nous un quartier (adhrum), un village, une commune ou une région doivent porter un nom qui les situe sur la carte et c'est de ces toponymes que seront issus les noms de personnes. Des toponymes naissent les patronymes, c'est la règle kabyle et nord-africaine. Et ces frénétiques arabistes ont fait exactement l'inverse, le monde à l'envers quoi!
Défrancisation ouais mais il en resté certains noms français qui sont toujours utilisés par la population locale à Alger, en Kabylie ou ailleurs. Michelet par exemple.

Didouche
Une autre rue d'Alger, la rue Michelet. Elle a été rebaptisée en rue Didouche Mourad en l'honneur d'un autre héros de la guerre d'indépendance. Les parents de Didouche étaient originaires de la région d'Azzefoun en Kabylie maritime. Aujourd'hui on va étudier le nom de cet héros indépendantiste, un nom typiquement kabyle.
didush -en fr. Didouche-: suffixe diminutif "-ush" en kabyle atteste la petitesse ou/et l'affection (ex. pour les noms d'enfants ou de proches/intimes).
dudush: did à la racine. On voit clairement que ce nom est incomplet, il aurait été amputé d'une lettre ou d'une syllabe en préfixe probablement. Il faudra chercher des noms proches en Kabylie même.
did ~ hadid
Ce nom hadid est répandu en Kabylie, ses autres variantes kabyles sont hedadh, ailleurs en Algérie c'est la variante carrément arabisée hedad, hadad ("forgeron" de hadid = le fer en arabe). Je rapelle qu'en kabyle et mazigh le nom est issu du toponyme, si le nom a une autre signification il n'y a pas contradiction. Bref, à première vue le nom didush - Didouche serait pleienement hedadhush, hadidsuh - Hadidouche. Cependant nous savons très bien que le h ou le H sont une marque des sémitiques (arabe surtout) car eux ils ne peuvent pas prononcer les sons spirants comme le k/g kabyle et nous on devrait soit aspirer ce h/H comme il se fait en latin ou grec, soit remplacer ce h ou H par un autre son.
did ~ hadid, hedadh
did ~ jedhidh (forme arabisée djedid=nouveau)
Deux remarques s'imposent. Primo on retrouve le toponyme qui a donné ces noms, il serait jedhidh comme tha-gemmunt lejdhidh (Taguemount Lejdid) ou thi-gejdha Tikjda (relire le billet récent "Base") en Kabylie. Ailleurs en Algérie on retrouve ce jedid dans les noms de personnes comme Ben-Jedid (ancien président issu de la junte militaire Chadli Bendjedid). Secundo nous venons juste de découvrir une nouvelle piste pour expliquer le toponyme Carthage qui selon la variante officielle serait du phénicien "conventionnel" (sémitique) Ville nouvelle qrt.hdst ou ce hdst est l'équivalent de l'actuel arabe hadidh (moderne, nouveau, récent) presque synonyme de djadid (nouveau). On vient de voir didush-hadid-hedadh-jedhidh en kabyle qui interfèrent avec hadid-hadith-djadid en arabe, malgré les apparences c'est nous qui sommes favorisés, Tikjda est là pour nous soutenir!, et aptes à expliquer le sens réel de hsdt de Carthage à l'aide de la langue kabyle et de la toponymie kabyle, et on expliquera arguments à l'appui pourquoi cette terminaison en ago (cartago), -age (-adj) de Carthage. Pour celà je mettrai séparement un autre billet dédié uniquement à ce toponyme. C'est en décortiquant le nom d'un brave fils de kabyles héros de la guerre d'indépendance que j'ai pu trouver la bonne clé pour expliquer au moins en partie le vrai sens du toponyme de la légendaire Carthage.

Thamugadi
C'est le nom, shawi probalement, de la légendaire Timgad dans l'est algérien. Il me tient à coeur de décortiquer et de désarabiser aussi le nom de ce brave fils de shawis Larbi Ben M'Hidi. Pour le prénom Larbi j'ai donné le détail dans le récent billet "Aït Larbi" (revenez deux posts en arrière), maintenant venons au nom de famille.
Ben forme arabisée~ N forme shawie, kabyle (mazigh en général).
Le N en shawi, en kabyle (mazigh) en préfixe indique le géntif, N atteste justement l'appartenance ou l'ascendance, exactement comme Du, De, Des en français, N'talla en kabyle ou shawi = De LaFontaine en français.
Ben M'Hidi ~ N'MHidi
Vous ne trouvez pas que ce nom partiellement rétabli dans sa forme shawie Nemhidi sonne un peu comme numide, hein?! Normal on est en territoire numide! Maintenant il faut finir le travail en nous débarassant de ce H sémitique pour le remplacer par un G (Ga) ou K occlusif ou spirant:
N'MHidi = N'MGadi ou N'muGadhi/N'meGadhi
En clair NemHidi serait Nemugadhi c'est à dire De Mugadhi, De Megadhi comme mugadh, meghadh de tha-mugadh-ith (nom féminin-singulier) plus connue comme Timgad (nom féminin-pluriel). Notre héros numide de l'époque moderne serait donc issu d'un lieu géographique appellé dans l'antiquité tel comme Timgad, de nos jours Mehdia. Et ce nom mazigh Mugadhi arabisé en MaHdia existe sous une autre forme en Kabylie avec un K à la place du G soit tout simplement makudha (Makouda). Voilà comment on a pu établir un lien historique entre l'antiquité et nos jours, un lien identitaire entre le pays Shawi et la Kabylie. Et tout ça grâce à deux patriotes, l'un kabyle, l'autre shawi, tous deux héros farouches combattants pour la patrie et ardents défenseurs de la liberté. Comme quoi la renaissance de notre grande patrie passe d'abord par une union infaillible entre les kabyles et les shawis, c'est la colonne vertébrale de notre grande patrie. A bon entendeur!

Michelet
Le nom de la région de mishli (Michelet) a été aussi arabisé en Aïn El-Hammam mais tout le monde en Kabylie continue à appeller cette région mishli. Pourquoi ne pas avoir rétabli le nom kabyle de cette région kabyle, mais pourquoi?! Eh bien on va tenter de le faire là sur place. D'abord commençons par les chose faciles, le Aïn arabe a remplace Thalla kabyle. Ensuite pour El-Hammam on va procéder plus intelligement grâce à notre exprérience après presque deux années de recherches sur la toponymie kabyle. On va faire encore une fois appel au nom d'un brave, Didouche. Et on va prendre un autre patronyme kabyle que l'on va calquee sur le nom Didouche pour voir comment le déchiffer, tout ça pour comprendre hammam!
hamid: chez les kabyles c'est aussi un nom de famille pas seulement un prénom.
hamidush - en fr. Hamidouche -: avec suffixe diminutif "-ush" comme pour Didouche (Hadidouche "à plein"). En plus de Hamidouche il y a aussi avec un T le sobriquet Hamitouche.
Ces noms hamid, hamidi, hamiti, hamidush sont issus d'un toponyme kabyle (nom d'un adhrum quartier ou village), le seul qui convient c'est hemedh (ath hemedh, en fr. Aït Ahmed). Il y a une autre remarque très importante, je suppose à juste titre que très probablement dans les noms hamid, hamidush il y aurait une altération du N en M, facile à comprendre d'ailleurs, et qui serait à mon avis encore une consquénce de l'influence de l'arabe et de l'arabisation. Donc hmidush Hamidouche serait Hanidouche ou Hanitouche. En plus il faut remplacer cet intrus "h", par "j" comme on l'a fait pour Didouche. Dans ce cas nous aurons Hamidi = Janidi, Hamidouche = Janidouche. Et là il faut dire que le toponyme jenadh existe (ath jennadh, en fr. Aït Djennad) tout comme des noms de familles jenadh (en fr.arabisé: Djennadi). La variante avec "z" au lieu de "j" à la place du "h" étranger donnera zenadh, zenath (Zenud, Zenati). Bref, revenons à notre Hemmam de mishli.
1. hemam ~ jemam, zemam
Ici "h" remplacé par "j" ou "z". Des noms kabyles Zemmam il en existe chez nous aux Ath Dwala
2. hemam ~ heman
Ici le M final remplacé par N. Des noms Hammani il en existe justement dans cette région de mishli! Ce genre de toponyme donne aussi le sobriquet Dahamane, le prénom Dahmane et le nom Dahemani-Dahmani.
3. hemam ~ henan
Ici le M est remplacé par N dans les deux cas. La variante possible est anan, âanan existent en Kabylie.
Le nom complet Aïn El-Hemam devient Thalla +..., probablement la variante 2 ou 3. La variante 2 nous indiquerait un autre toponyme kabyle attesté thalla dheman, thalla dahman devenue Thalla Athmane (à l'est de Tizi) transcrit Tala Atmane à l'état civil. La variante 2 avec "anan" car on a un exemple de ce toponyme thalla p'unnan/thalla b'unan, ici le"p, b" est pour le génitif (du, de), toponyme transcrit Talla Bounane à l'état civil francisé-arabisé, c'est au sud de Tizi en allant vers les Ath Dwala (en fr. arabisé: Béni-Douala).
Donc mishli de Michelet laissé par les français et Aïn El-Hemam imposé par les "arabes" algériens serait vraisemblablement soit Thalla Pounane, Thalla Bounane, soit Thalla Dahman, Thalla Athmane. En conséquene il faudra aux gens de cette région de questionner les vieux pour savoir s'il y a un lieu appellé Thalla à l'entrée de la ville de mishli, sinon à son nord géographique. Reste à dire que cette explication est appliquable pour des toponymes de régions nord-africaines ailleurs qu'en Kabylie, par exemple Hammamet en Tunisie. Mais à propos de ce toponyme, de Tunisie et de Carthage on en reparlera dans les prochains billets.