dimanche 24 février 2008

Zemmour

Aujourd’hui la recherche d’informations et d’images sur internet peut parfois vous amener à découvrir des choses et des personnages que vous ne cherchiez pas forcément. Les moteurs de recherche en un clin d’oeil vous sortent des milliers de pages ayant rapport au «mot clé» introduit, suivant le «rating» de popularité de tel ou tel website. Eh bien voilà, j’ai tappé «zemmour» et je vois une réponse prédominante : Eric Zemmour. Eric Zemmour sur toute la ligne. Moi je cherchais «zemmour»-olivier et là on ne me propose qu'eric, encore eric et rien qu’eric...ça n’était pas le zemmour que je chechais mais il faut faire avec. Et pendant qu’on y est, voici en quelques lignes mes réflexions suite à cette «recherche guidée».

L’olivier
L’olivier (a-zemmour en berbère, article mas.sing. «A» indisociable) revêt une symbolique toute particulière quasi-religieuse pour un berbère, plus particulièrement pour un kabyle. Comment l’expliquer aux autres? Le zemmour est pour moi bien plus que ce que représente le cèdre pour le levantin, la berioza (le bouleau) pour le russe ou l’érable pour le canadien. Le zemmour, l’olivier bien entendu!, est le symbole du peuple auquel j’appartiens, il est pour moi ce qu’est la ménorah au juif (un de leurs symboles prophétiques), pas moins que ça. Vous ne le trouverez sur aucun drapeau des pays nord-africains, ni dans leurs temples et pour cause! Vous ne le trouverez même pas sur les drapeaux et les emblèmes des nationalistes, des plus fiers des berbéristes. Mais il est bien là notre zemmour, bien ancré dans la mémoire du peuple. Le zemmour a résisté à toutes les épreuves à travers les siècles, il a sauvegardé notre identité face aux pressions cananéennes et sémites d’un côté, et latines de l’autre. Son étymologie même (racine ZM) signifie vitalité et puissance, ça n’est pas pour rien que le lion s’appelle «i-ZeM» en kabyle. En fait il n’ a cédé, linguistiquement parlant, que pour son produit fini: l’huile est appellée «ziit», emprunt au sémitique qu’utilisent même les kabyles qui commercialisent avec leurs voisins. Les algériens arabophones, de l’algérois par exemple, disent le plus souvent «ziit kbayel» –huile kabyle- pour désigner l’huile d’olive. Ne serait-ce pas justice de retouver le mot berbère initial pour désigner l’huile (d’olive)? Pourquoi ne pas utiliser le mot «u-Dhi» (beurre en kabyle) pour désigner en même temps le beurre et l’huile, comme le font les slaves et en particulier les russes («maslo»=beurre, huile) et plus proche encore de nous, nos frères berbères libyens de Nefoussa qui désigneraient l’huile et le beurre par le même mot «uDhi», un mot berbère par excellence. Pour la petite histoire en grec, auquel j’essaye de m’entrainer, l’huile est appellée λάδι/ladhi et le beure βούτυρο/voutiro.
Le zemmour est à l’image du peuple kabyle: l’huile est «zitée»-assimilée, soudoyée par le commerce. Le beurre lui peut fondre à tout moment. Il ne reste plus que l’olivier pour conforter nos âmes.

Zemmour
A propos d’huile d’olive et de beurre. Ou plutôt d’Eric Zemmour et de ses propos sur le beurre, sorry, sur les beurs et les autres. Franchement ce qui ce passe en France m’intéresse peu parce que même ayant la culture je suis tout simplement loin de ce «milieu francophone» , en plus de ça je suis de l’autre côté de l’Europe et donc je ne suis l’actualité française/francophone que rarement et souvent indifférement. Depuis le début du troisième millénaire ce pays, la France, pays très beau d’ailleurs auquel je n’ai aucune arrière-pensée malgré les séquelles laissées par le passage de leur Etat en terres berbères, devient de moins en moins sympathique et ces dernières années je n’y suis le plus souvent que de passage. Faut-il vraiment croire à la décadence de la «culture française» annoncée par les perfides et les ricains? Il est clair que dans ce monde globalisé la France n’est plus La référence. De là à dire que la culture française va disparaître pour laisser sa place à la «french lux & gastro’culture» c’est aller vite en besogne. Toujours est-il que ces derniers temps de «consommation & communication de masse» la France m’est personnellement devenue de moins en moins sympathique, toutefois sans que j’éprouve de l’antipathie. Revenons à nos oliviers. Donc en découvrant Eric Zemmour j’ai un peu investigué sur lui à travers le net, dailymotion notamment. J’ai cherché à savoir quel intellectuel c’est, façon de «juger» s’il «mérite» vraiment son nom «vital». Eh bien mes impressions sur le personnage sont assez bonnes: «il n’est pas bête, c’est sûr » comme on dirait chez nous, il est un beau parleur énergique, un hyperactif, un energizer (apparement c’est un phénomène de mode en France), et tout un tas de vertus. Bon ce qu’il dit est à consommer en France par les français, donc moi ça ne me concerne pas, je suis juste curieux. Mais quand j’entends Eric Zemmour traiter sans ménagements des sujets difficiles et ses jugements parfois cyniques, je me dis qu’il doit s’appeller non pas Zemmour mais ziit, zitouni, zeïtun. Ce qu’il dit des beurs ne me concerne pas normalement puisque je ne suis ni beur ni fromage mais plutôt zemmour-caviar, avec ou sans vodka. Mais là j’apprends qu’Eric Zemmour aurait publiquement déclaré sur ITV que «l’on ne peut rien faire contre le cours de l'Histoire et que l'injustice du sort réservé aux berbères et aux kabyles est irrémédiable». Là je me sens concerné et consterné. Et surtout sidéré et dégouté par ce genre de discours obscène de celui qui comprend tout, de celui qui a réponse à tout (il aurait fait carrière dans la grande distribution, la religion ou la politique) et de celui qui annonce les verdicts sans appel, l’huissier de la vérité, la fausse bien sûr. Il me rappelle le zampolit* soviétique sauf qu’Eric Zemmour cuisine des consommateurs à la place des soldats et officiers, et sert on ne sait quels intérêts au lieu de ceux du PC. Je ne sais pas comment qualifier de tels propos comme celui-ci tenu par ce critique qui fait du cinéma, de «bavardages de phrasiste» sans doute; il ne mérite que le péjoratif russe «kritikun», soit «critiquoune» ou critiquouille si vous préférez. Intervenir d’une telle façon sur un sujet qui devrait normalement ne pas lui être indifférent, s’il a une âme bien sûr, revient à cautionner et à justifier l’usurpation. Il ne fait que répeter ce que l’Etat français avait fait en terres berbères au 19 et 20 siècles, aux kabyles notamment : le massacre identitaire pour parachever le massacre tout court. Ils sont allés jusqu’à nous désigner «arabes» et nous imposer des patronymes étrangers, façon de nous chepteliser àfin de faciliter la tâche à leurs bergers. Ils nous ont volé nos terres et même nos patronymes. Celui là aujourd’hui veut tout simplement anéantir nos maigres espoirs à l’instar de ces concitoyens d’antan qui ont détruit notre généalogie. Les noms que nous portons aujourd’hui reflètent amplement cette déchirure. J’ai toujours envié mes camarades, mes copains de classe qui avaient un vrai nom, un nom qui reflétait leur identité, un nom berbère. Je suis toujours triste aujourd’hui de ne pas pouvoir remonter mon ascendance au delà de 1871 et de ne pas avoir un nom propre. On en reparlera des patronymes prochainement mais pour le moment finissons d'abord avec notre olivier. Est-on en droit après cette offense de demander à monsieur Eric Zemmour de changer de patronyme, de rendre zemmour à l’olivier?


Verdict: oui, ça mérite sanction. Autant le canaaniser et l'appeler désormais Eric Zeytoune.

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* Zampolit: mot russe, «zam» de zamestitel = adjoint (au commandant), «polit» de politika = politique. Dans l’armée russe-soviétique le «zampolit» était le commandant-adjoint délégué par le parti politique dans chaque unité du corps d’armée, dans chaque caserne, à des fins de propagande iédologique. Il était responsable de l’idéologie et veillait à la loyauté politique (donc au parti communiste au pouvoir) des officiers surtout mais des soldats aussi.

vendredi 22 février 2008

Les sosies en palladium

La surpopulation des «réservations», non pas indiennes mais atlassiennes, la Kabylie par exemple, est une autre faiblesse judicieusement exploitée par les usurpateurs. La frugalité ne peut pas être un modus vivendi convenable toujours et pour tous.Tout le monde ne peut pas rester insensible aux sirènes des paysages anthropogéniques. On en voit beaucoup de ceux (et surtout leurs descendants) qui ont abandonné la frugalité pour la ville et malheureusement il en résulte des convertis aux consciences travesties qui sont souvent retournés par l’usurpateur contre la Vérité et le peuple. Ils les clonent en grand nombre, ils se ressemblent tous ces zélés avec leur imitation servile et leur ricannement dans la langue d’autrui, toujours prompts à nous porter préjudice pour démontrer leur loyauté envers l’usurpateur. Ces mutants sont le symbole de notre hémorragie. Ils sont une preuve vivante de la décadence du Peuple, de la dénigration et la négation de la Vérité, du simplifisme organisé au détriment de la culture du peuple. Il faudra des générations pour s’en débarasser. Mais fort heureusement tous les «atlassiens soudoyés» par l’utopie ou la chimère ne sont pas forcément nos ennemis, ils ne sont pas tous des «sosies en palladium» qui véhiculent le négationisme et le nihilisme ou la servitude. Alors pourquoi doit-on leur en vouloir, d’être nés ailleurs, de parler «autrement» et de ne pas réfléchir à la «Vérité»? N’est-ce pas là une façon d’abandonner les siens à la merci de l’usurpateur, à sa «cinquième colonne» et à ses bâtisseurs de «pyramide sur la montagne»? Il serait plus honorable et plus judicieux de les rapprocher et de les faire rentrer au bercail de la Vérité, même si le processus est douloureux. Le grand danger réside surtout en nous, dans notre attitude de rejet d’autrui par exemple. Certains même se contenteraient de faire de nos «réservations atlassiennes» des «pays» indépendants et de facto ils renonceraient à notre terre dans toute son immensité, à notre sang, à notre mémoire, à nos racines, à nos ancêtres et à la Vérité tout court. Mais au nom de qui? De quel droit doit-on accepter une usurpation interne quand on refuse l’usurpation tout court? Je préfère le malheur de la vérité au bonheur de l’usurpation. Le combat pour la Vérité ne fait que commencer et il est beaucoup plus vaste que le combat identitaire. Pour arrêter l’hémorragie il faut avant tout neutraliser les vecteurs de l’usurpation et faire témoigner les valeurs et la mémoire du Peuple. Les traditions ancestrales sont toujours là pour nous guider, l’artisanat, l’habitat, la cuisine, l’habit traditionnel, etc... mais surtout la femme berbère traditionnelle, le gardien et le conservateur de notre culture et bien sûr la langue, kabyle notamment ou les langues berbères en général. La langue de la femme berbère et non pas de l’homme, guerrier ou voyageur, doit attirer les attentions. De l’importance que l’on accordera à la femme et à notre langue dépendra l’avenir du peuple. Ce sont là nos deux meilleurs boucliers pour endiguer l’usurpation. La langue avant tout doit être «décrassée» de ses faux apports extérieurs qui font une brèche dans la muraille identitaire du peuple et permettent à l’usurpation de noyer notre âme. On en reparlera prochainement.

Puzzle

La diversité de notre peuple au lieu de faire notre force a été presque toujours une fissure, une faiblesse toujours exploitée par les ennemis de la Vérité, les usurpateurs. La conquête de la Vérité passe par la reconnaissance de cette diversité parmi les nôtres et les «autres». A l’usurpateur qui veut nous imposer le monolithe il faut opposer une mosaïque cimentée par la Vérité , chaque pièce de ce puzzle devant se former sans fissures pour faire un ensemble homogène, chaque pièce devant être intègre pour être intégrable dans l’ensemble. Alors pourquoi vouloir imposer une seule langue aux nôtres comme le fait l’usurpateur pour imposer la langue «unique » aux nôtres et aux «autres» ou bien comme le fait la «cinquième colonne» avec la religion et les rites? Et comment, bon Dieu! certains des nôtres s’entêtent à nier les «autres» comme s’ils n’éxistaient pas! Et pourtant ils sont bien là, et croyez-moi ils ne sont pas des «nôtres autrisés» mais de vrais «autres»! A force de s’opposer à l’usurpateur certains finissent par épouser ses méthodes négationistes. On ne va pas s’enclaver maintenant que toutes les barrières sont levées partout dans le monde. On ne va tout de même pas permettre à nos pensées d’épouser notre relief géographique, de s’enclaver et s’enclaver pour permettre à l’usurpation de régner sur le temporel et le spirituel. Notre société n’acceptera jamais le totalitarisme et la cruauté de l’usurpation, d’oû qu’elle vienne. Au jour d’aujourd’hui chaque camp supporte l’autre (s’il ne le hait pas!), chacun enclavé dans ses fausses convictions. Seule la Vérité nous aidera à nous débarasser de ce malaise de vivre ensemble séparément, de ce disconfort auquel tout le monde s’est habitué comme on s’habitue aux mauvaises odeurs. On n’a rien à foutre d’une nation mono-mono quand le peuple est pluriel, mais franchement!

K - bill

L’histoire est avant tout écrite par les vainqueurs et c’est souvent «des histoires de chefs», l’histoire de leurs seigneurs, ou de leurs saigneurs, c’est comme vous voulez. Mais c’est aussi, en partie du moins, l’histoire du peuple, le peuple vaincu s’entend. Aujourd’hui lorsque nous nous penchons sur notre histoire, notre vraie histoire, nous devons faire preuve d’intelligence, de patience, de sagesse et de courage. Inutile de vous rappeller que «quelqu’un» nous a désignés malheureux, sauvages, barbares, etc...Si vous êtes prêts à l’accepter je vous prie d’arrêter là votre lecture. Nos peuples, ou si vous préferez notre peuple, il a survécu à toutes les hécatombes, parfois oubliées ou le plus souvent héroisées par nos ennemis. Il est vrai que notre géant Atlas nous a souvent permis de nous cacher, de nous éloigner des foyers de guerre, comme des foyers de civilisation hélas. A cause de la grande étendue de notre territoire mais de son relief surtout qui nous a toujours empêché d’avoir une «vue d’ensemble», de se voir les uns les autres, de se sentir les uns les autres, nous avons perdu notre mémoire collective, nous nous sommes hétérogénisés jusqu’à ne plus se reconnaître. L’océan et la mer nous ont-ils été d’un secours pour parer à des invasions, nous ont-ils rapproché des autres dans le bien comme dans le mal, ont-ils été à l’origine d’une très lointaine décadence, incertaine mais devinable? Difficile d’y répondre. Notre terre, l’espace vital de notre peuple, n’a pas échappé aux catastrophes naturelles: tremblements de terre fréquents et ravageurs, sécheresses, désertification, érosion, etc.., des tsunamis (?) et peut-être même à un cataclysme planétaire dans un passé trop lointain pour que les hommes s’en souviennent. Nos ressources naturelles n’ont cessé de se tarir depuis des millénaires: restent peu de forêts, le bois se fait rare, l’eau encore plus rare, la faune et la flore se réduisent en espèces et en nombre, «la terre noire» ou les champs cultivables ne sont hélas pas prédominants sur nos territoires, etc... Pire encore, nos maigres ressources ont été, et le sont toujours, le plus souvent spoliées par les usurpateurs et nourissent nos oppresseurs au lieu de servir notre peuple. Notre peuple paye de ses deniers, de sa terre et de son sang, sa servitude sur ses propres terres. Cela s’appelle la kabbale. Régler le bill (l’addition) K, voilà à quoi est réduit notre peuple, par exemple celui de Kabylie la bien-nommée, le refuge des Kabbaliés, l’exemple parfait du Peuple saigné à blanc et de la Digue culturelle.

jeudi 14 février 2008

Mon vénéré homonyme

Génération V
Les enfants nés dans les années soixante ont eu rarement l’occasion d’entendre, pour certains même de voir leurs pères souvent exilés ici ou ailleurs, pères en rupture de mémoire ou simplement aux coeurs indolents. Pour ces enfants de la génération VI, issus d’un peuple pourchassé sur ces propres terres, la source principale de savoir et de leur héritage culturel provenait de leurs mères surtout, mais aussi de leurs tantes et de leurs grands-mères, encore si celles-ci étaient en vie. Mais elle n’était pas la seule, je veux justement en témoigner en tant que bénéficiaire. Inutile de rappeller à quelles épreuves (sans compter les précédentes et celles qui n’en finissent toujours pas) furent confrontés nos ancêtres un siècle et demi durant, obligés de se replier jusque dans les narines d’Atlas, leur seul protecteur. Des familles entières chassées et persécutées par les francs-méchants, des francs-enragés avides de vengeance sans doute pour évacuer leur humiliation par les germains. Nos familles depossédeés de leur terre et de leur généaologie, notre peuple humilié jusqu’à la moelle par cette «nation des lumières» qui a passé un pacte avec le vil et délégué ses scums et sa racaille, engagé des goums et des canailles pour brûler nos terres, couper nos arbres et nos têtes, casser notre nif et enterrer notre peuple vif. Les années de braise ont ébranlé la «nation des lumières» qui décida de mettre le paquet: ça passe ou ça casse! L’opium et le bâton pour conquérir les âmes et dompter les «démons». Beaucoup d’enfants succombèrent aux maladies et à la faim suite au bloccus imposé par ces «trop illuminés», comme par exemple le fils ainé de mes parents, mon frère que je n’ai vu que sur une photo. Des victimes dont ne parle jamais. De là vient la tradition kabyle de donner le nom Idir, généralement au premier né. Les enfants qui ont survécu à ces années de braise sont un symbole de toute une époque. Les enfants qui ont survécu à cette terrible épreuve, même orphelins de pères tombés au maquis, avaient une rage de vivre incroyable, une volonté de fer de s’en sortir par le savoir et le travail intellectuel quitte à utiliser la langue des francs. Ce sont surtout leur grandeur d’âme, leur esprit libre «retrouvé» et leur générosité «de ceux qui ont connu la misère» qui ont le plus marqué la génération suivante. Ils incarnaient et incarnent toujours la génération V, nos ainés exemplaires à nous la génération VI, nos petits-pères aux coeurs grands comme l’Atlas . Ce furent eux les premiers à renouer avec notre terre-mère qui nous manque terriblement depuis le temps de «la plaine interdite», les premiers à s’être confrontés au monde extérieur et à la modernité. Leur expérience généreusement partagée avec nous fût notre deuxième source intarissable. Le combat qui allait suivre à l’indépendance, le combat identitaire contre «le narguilé et le metreg*» (*matraque en DZ), contre l’usurpation tout court, signifia l’union de ces deux générations amies. J’ose espérer que notre contribution à notre prochaine génération, la «génération VII sacrifiée» est d’un aport aussi conséquent pour les aider à confronter «le kif et le nihilisme». Fasse le Créateur que nous puissions tous ensemble venir à bout de la honte et de la hante, à vaincre l’hydre lafaâ et le cyclope warzen.

ΓΗΔΙΡ

La grandeur d’âme de nos ainés, leur générosité (ne pas confondre avec socialisme ou égalitarisme) nous ont montré les vrais repères. Sans doute le premier à avoir incarné cette génération à mes yeux fut mon homonyme, le chanteur Idir. Excusez-moi, c’est moi qui suis son homonyme, non pas l’inverse! l’honneur est pour moi. Il reste toujours un monument identitaire pour moi comme pour beaucoup de gens il représente une valeur sûre de notre culture. D’abord il faut apprendre à prononcer correctement son nom: pas Idir mais Yidhir, en grec il se lirait et prononcerait cent pour cent correctement γηδιρ ( maj.: ΓΗΔΙΡ), comme il se doit. Yidhir de Adh Yidhir = que vive ou il vivra en kabyle. Il y a des prénoms similaires chez les slaves, par exemple chez les bulgares Jivko/Zhivko (avec le même sens que notre Yidhir) ou même Zdravko (longue santé). Donc longue vie à Yidhir et à ses oeuvres! Voici deux petites histoires liées directement à mon interprétation de l’oeuvre de ce grand homme. La première remonte à mon enfance quand j’étais encore trop jeune pour maîtriser la langue française. A chaque fois que j’entendais une chanson d’Idir, le plus souvent à la radio, je sentais mon âme vibrer. Et à la fin de la chanson (de Jugurtha par exemple) je voulais partager mes sentiments, dire ce que j’ai cru avoir compris de son message. La «chanson de Jugurtha» avec des passages emblématiques tels que «muqlag tamurt u mazig, Yugurten ualeg udmis» me confortait dans mes convictions intrinsèques que je ne suis pas «tombé du ciel» (un autre passage dans cette chanson), que j’existe, que je ne suis pas seul, que j’appartiens à cette terre ô combien valeureuse, que j’appartiens à ce peuple et à son histoire, que l’usurpateur c’est pas moi! J’ai bien interprété le message mais je ne trouvais pas les qualificatifs pour cette chanson, ni en kabyle, ni en français. Chaque fois que cette chanson passait à la radio j’appelais à tue-tête mon frangin: « il y a notre belle chanson raciste (ce mot en français) qui passe à la radio», comme il me dépassait de plusieurs classes, plus instruit donc, il geulait à chaque fois:« petit con! ça s’appelle revendication identitaire et non pas raciste! ptit con, va !» C’est comme ça que j’ai appris «revendication identitaire». Vous savez le mot «raciste» n’existe pas en kabyle, tant mieux d’ailleurs; notre vocabulaire s’est presque autant appauvri que nos aïeuls qui le véhiculèrent à travers tous ces siècles d’angoisse.

Clip de "la chanson de Jugurtha" d'Idir, merci à son auteur LordKabylian


La deuxième histoire remonte à ma jeunesse «qui ne savait pas», insouciante en exil. Enfant je n’ai pas appris à jouer de la guitare pour ne pas chagriner ma mère, mais j’ai l’oreille très musicale («l’ours ne m’a pas marché sur les oreilles», pour reprendre l’expression russe) et une voix assez bonne pour un amateur. Il m’a été donné d’interpréter Idir, de chanter « Avava Inouva» un soir de printemps à un concert de l’amicale des étudiants étrangers en terre slave. D’abord je confirme que moi et mon copain à la guitare n’avions pas déshonnoré Idir, bien au contraire on a été bien reçus et le public a adoré cette chanson. Les conséquences de cette interprétation relèvent de l’anecdote. En effet quelques jours plus tard je subissais un mini harassment d’une passionnée de cette chanson, passionnée ô combien patiente, pas du tout à mon goût mais qui est intelligement venu à bout de mon orgueil un soir d’automne. Par pudeur je vais vous épargner les détails mais croyez-moi je n’ai jamais pu imaginer que même à vingt ans les sons de la berceuse kabyle, cette fois sortis d’un magnétophone, m’ordonneraient de me mettre au lit! En plus c’est moi qui devait conter! Je suis vraiment gêné par cette histoire mais bon c’est la faute aux cieux apparement: j’ai appris la même science tellurique que lui (sans utilité d’ailleurs), je souffle les bougies le même jour que lui, mon vénéré homonyme et tout simplement Dda Yidhir.

lundi 11 février 2008

Grεc pαr Kαbyλe

Thallassa
En grec: θαλασσα (ou avec 2 «l» θαλλασσα) /thalassa/ avec article η θαλασσα/ i thalassa = (la) Mer
En kabyle: θαλα /thala ou θαλλα /thalla = la fontaine (surtout), la source (parfois). L’article féminin «tha» inséparable du mot.
La racine L (ou LL), racine «aquatique» par excellence en berbère, LL qui signifie la mer, l’océan selon les régions : à l’ouest en Chleuh iLL/ιλλ = mer, ocean ; à l’est à Djerba et à Nefousa iteLL/ιτελλ = mer ; au sud chez les Kel Tamachek (touaregs) siteLL/σιτελλ = mirage (au sahara il n’y a pas de mer!) ; au nord en Kabylie il est attesté notamment par sLiLL/ σλιλλ = rincer à l’eau ou i lilly/ι λιλλι = le laurier (rose). Et d’ailleurs même la liberté θιλλελι /thilleli n’est pas loin, pure coincidence?
Dans la mythologie berbère en général et de Kabylie en particulier, ou plutôt ce qu’il en reste, c-à-d les contes kabyles on a un personnage très lié à Thalla à savoir l’hydre, maîtresse de la fontaine, monstre à sept têtes qui détient l’eau et hante les sources, que l’on appelle en Kabylie généralement par le diminutif (sans article et sans suffixe) Lafaa/ λαφαα et parfois par le nom complet Thallafsa/ θαλλαφσα, alors que les autres berbères utilisent plutôt le nom complet Thallafsa/ θαλλαφσα ce qui est plus correct.
Tout laisse supposer que le rôle de l’hydre n’est pas remis en cause mais diminué, c-à-d son appellation complète (θαλλαφσα/Thallafsa) a été réduite à un diminutif (λαφαα/Lafaa) comme d’ailleurs son «territoire» la mer, l’océan (θαλλασσα) /thalassa) à la fontaine tout simplement (θαλλα /thalla). Si cette hypothèse est vérifiée, et bien ça démontrerait à quel point notre peuple est conscient de la réduction drastique de son espace vital (conséquences de cataclysmes et d’invasions à répétition) à l’image de ses personnages folkloriques ou mythologiques.
Les similitudes Thalla (kabyle) et Thallassa (grec) peuvent induire en erreur alors le mieux serait de demander l’avis des spécialistes désinteressés pour nous exliquer s’il s’agit là d’un emprunt de nos ancêtres au grec ou l’inverse, ou est-ce un emprunt à une langue antérieure au grec et au libyque antique. Pour moi c’est un fait assez curieux mais il me semble, à tort ou à raison, que justement il doit y avoir deux L/λ dans le mot Thalla/ θαλλα et dansThallassa/ θαλλασσα.
Voyons de plus près l’appelation de l’hydre. En kabyle (comme en berbère en général): θαλλαφσα / Thallafsa oû Tha/θα- article féminin, L+F/λ+φ la racine, Sa/σα- suffixe féminin pour la terminaison, le mot est conforme à toutes les règles de la langue berbère. En grec moderne d’après ce que j’ai pu glaner sur le net l’hydre serait Ύδρα (hydra en latin) pour l’hydre femelle et Ύδρος pour l’hydre mâle; pour mieux comprendre je tente de translittérer moi-même Ύ.δ.ρ.α = Y.dh.r.a. Ok, le «dh» se transforme en «d» latin j’ai compris mais pouquoi le «h» dans sa transciption au latin Hydra je ne comprendrai que plus tard, si je fais des efforts bien sûr! Peut-être est-ce parceque l’accent sur le y (comme yi) initial ( Ύ/ ύ) qui se prononcerait comme un «h» très spirant? En grec il y a la vélaire spirante χ (son «kh») à la place de «h», en effet il n’existe pas en grec de «h» (le ĥ) comme dans «help» en anglais ; on retouve ce même phénomène dans le russe (influence des grecs byzantins?) et...chez nos berbères du sud les Touaregs!
On va procéder à une petite manoeuvre. Pour le grec on va coupler Mer - Hydre et l’on aura: θαλασσα/ Thalassa – Ύδρα/Hydra (yidhra est-il enviseagable?). Pour le kabyle (ou berbère en général) on couple Fontaine – Hydre et l’on a: θαλλα /thalla – θαλλαφσα / Thallafsa. La liaison «lieu des eaux» + «le monstre des eaux» est très nette pour le berbère. Curieux quand même! Et si par pure connerie (la mienne! Et c’est une grosse!) je confrontais le mot grec θαλασσα/ Thalassa (mer) au mot berbère θαλλαφσα / Thallafsa (hydre)? les mots sont proches et... ça voudrait dire que ce que le grec percoit le plus normalement du monde comme «la mer» le berbère y voit un monstre?! En kabyle «se noyer» se dit «être absorbé/mangé» par la mer/rivière/fleuve. Et si par hasard à l’initial nos ancêtres n’utilisaient qu’un seul mot Thallassa, supposant emprunté au grec ou à une langue antérieure, pour désigner la mer, ou l’océan et que le mot Thallafsa (l’hydre) n’est apparû que plus tard pour qualifier l’océan ou la mer (ex. fatale, meurtrière, etc...) suite à un cataclysme (un tsunami par ex.) causé aux hommes par la mer ou l’océan? Oui mais dans ce cas on aurait eu un adjectif Thallafsaïth et non pas le nom Thallafsa.

AMAN/ αμαν ou Amen/ αμεν
De toutes les langues, à ma connaissance, seul le berbère, en particulier le kabyle, désigne «l’eau» par le pluriel! En effet aman/ αμαν (a courte ~ e) est composé de l’article masculin singulier a/α + la racine M/μ + le suffixe an/αν (ou en/εν) masculin pluriel (nb: les spécialistes disent autre chose: pas d'article "a" donc mot sans article avec seul radical "am"+suffixe pluriel). Je ne sais pas s’il y a une relation directe avec la divinité «amon» comme l’écrivent certains mais il est vrai que le temple d’amon est bien en terre berbère à Siwa (Egypte). A regarder de près, on constate que la racine du mot, soit M/μ, se retouve dans les langues sémitiques avec le même sens (eau). Qui dans la haute antiquité a emprunté à qui cette racine et donc ce mot? Et le fameux «amen» ou «amin» religieux est-il vraiment lié à la divinité amon comme l’affirment certains? En réalité ce n’est pas l’objectif de ce post. On constate tout simplement que la racine du mot «mer/fontaine» L/λ et celle du mot «eau» M/μ sont différentes même si elles se suivent! En grec je suis tombé sur un mot proche νᾶμᾰ/Nâma (avec article τό νᾶμᾰ/to nâma) qui signifierait «eau de pluie» cependant étymologiquement très loin et proviendrait du verbe Nau/«ναίω» = naviguer (du sanskrit snauti).
On a invoqué la mer, l’océan, la fontaine et même l’hydre qui la hante, on doit quand même invoquer le «contenu» de la mer/l’océan/la fontaine, donc l’eau! Dans les langues occidentales, indoeuropéennes: en italien-acqua /en espagnol-agua/ en français-eau/ en anglais-water/ en allemand wasser (vasser), en russe voda (vada), etc... En grec, langue indoeuropéenne aussi, c’est νερό/Nero dont je ne connais malheureusement pas l’étymologie. J’ai relevé un mot assez curieux en grec dont je voulais vous en parler: δεξαμενή (avec article fém. I: ἡ δεξαμενή) = réservoir d'eau, citerne. Si je le transcris j’obtiens dh.e.ks.a.m.e.n.i. D'abord je ne connais pas l’origine étymologique de ce mot. C’est en essayant de prononcer ce mot (en prononcant syllabe par syllabe, comme tout débutant) que j’ai fait involontairement le rapprochement suivant : dheks-aman/ δεχς -αμαν (ou dhegks-amen/ δεχς -αμεν) qui signifie en kabyle «contient-eau» ou si vous voulez «water-within», le sens du mot kabyle dheks/ δεχς est en effet proche du terme anglais «within». Sans connaître l’étymologie de ce mot grec qui signifie « réservoir d’eau» je suppose que c’est certainement une coincidence et le fruit de mon imagination, donc pas de raccourci svp. En tout cas ça m’a paru assez curieux surtout qu’apparement ce mot existe tant dans le grec moderne que dans l’ancien, en effet on le retrouve dans le lexique «atlantide» dans les « dialogues de Critias» de Platon. Comme j’ai le sens de l’humour je vais faire dorénavant attention aux mots grecs qui ont tout un autre sens en kabyle, en berbère en général, sachant que je ne peux faire l’inverse, du moins pour le moment. Pour aujoud’hui ça sera le mot grec νησί/Nissi (avec article το νησί/to nissi) qui signifie île... eh bien, en kabyle iNissi/ηνηση (article masc.indisociable : i) signifie hérisson, personnage illustre des contes kabyles (les fourbes d’iNissi). Si vous êtes sérieux vous chercherez par la racine NS/νσ (courbé, incliné, s’incliner, se coucher dans le berbère) mais si simplement vous êtes un curieux ayant le sens de l’humour, comme moi par exemple, je vous laisse imaginer cette séquence anecdotique complètement imaginaire: un bâteau fait naufrage, survivent dans une petite chaloupe de sauvetage seulement un grec et un berbère chacun ne parlant que sa langue, après de terribles semaines de dérive en mer, le grec voit enfin la terre, une île en l’occurence et se met à crier «île» dans sa langue...maintenant imaginez l’état du berbère résigné et frugal? « ah! ce grec, la faim le rend fou. Maintenant il "voit" des hérissons!».

lundi 4 février 2008

Le veuf et l’orphelin

Poésie belle, Poète généreux

La poésie est certainement le genre littéraire le plus démocratique et le plus noble en même temps. Il est d’abord accessible à tout locuteur de génie sans parcours académique. Ensuite ce genre est noble ne serait-ce que par sa fonction de «véhicule» de sagesse à travers les siècles mais surtout il permet de donner ses titres de noblesse à la langue. Alors pour qui veut faire vivre sa langue et la développer le meilleur moyen est d’encourager les poètes. La poésie est la condition sine qua none à la renaissance d’une langue.

Ayant l’avantage de connaître d’autres langues que l’héritée, en l’occurence le berbère de Kabylie ou le kabyle, j’ai le privilège et la chance d’apprécier le talent de poètes de peuples très différents et je suis profondément convaincu que c’est bien la poésie qui donne sa «profondeur» à la langue. A mon goût la poésie russe est nettement plus «profonde», plus naturelle, plus intéressante et plus riche que la poésie française par exemple. Par rapport à ma langue natale hélas on est très loin de ces deux langues, langues d’état et de grandes nations, avec les moyens qui vont avec des siècles et des siècles. Néamoins la poésie populaire kabyle, si elle est comparée aux poésies populaires (celle de la rue) et non pas aux poésies académiques, n’a vraiment pas de quoi rougir.
Je ne suis pas un littéraire et mon objectif n’est certainement pas de faire des comparaisons mais de montrer, à moi même d’abord, la beauté de la langue kabyle à travers un poéme, plutôt une chanson du regretté maestro Lwennas Maâtob dont la générosité «de chanter le peuple» est palpable à travers presque toutes ses chansons. Il n’a pas oublié la veuve et l’orphelin, même le veuf y est. La chanson en question est «Tighri ou goujil», soit le cri de l’orphelin. D’abord la musique est un grand classique de «chaâbi» kabyle, ensuite la performance vocale est à la hauteur du sujet dramatique et enfin le poéme est tout simplement très beau. Il raconte le désespoir d’un orphelin brisé par la mort de sa mère, anxieux pour son avenir, déçu par son père qui s’est depuis remarié, ce qui le pousse à quitter la demeure paternelle.
La chanson contient 4 couplets, chacun portant un sens particulier. Lwennas entonne le début de chaque avec un quatrain (rimes plates ABAB) d’une beauté extraordinaire! Au premier couplet (1) l’ophelin s’adresse au père pour lui annoncer son départ en exil et les raisons qui l’ont poussé à franchir ce pas qui signifie la rupture avec le père. Au deuxième couplet (2) l’orphelin crie son désespoir et fait serment de deuil pour l’éternité. Au troisième couplet (3) l’orphelin fait la «promesse de mémoire», de rendre visite à la tombe de sa mère. Au quatrième et dernier couplet (4) c’est la mère qui de l’au-delà rapelle son fils à la raison et à son devoir en le suppliant de prendre soin de sa sœur, de pardonner son père et de lui prêter main forte.
En somme, à mon humble avis, une chanson emblématique de Lwennas qui n’a jamais chanté «les seigneurs» mais le peuple. En juste il a défendu le peuple, la veuve et l’orphelin. Son poéme est tout simplement époustouflant, la beauté de la langue kabyle prend ici une dimension rarement égalée ailleurs. Aux amateurs d’apprécier!


Ecouter cette chanson mise en ligne aimablement par le site DzMusique en cliquant sur le lien ci-dessous, ensuite clicker en bas de page pour écouter, lorsque le player s’affiche sur « tighri ugujil», le 5ème titre en partant du haut.
http://www.dzmusique.com/Album-Kenza.php

Les paroles transcrites en «français» (pas en kabyle conventionnel):
(1)
Sfarhits inàss dhayen infa
Yeffid oudhedi
Khàs ldjerh ur yehla-ara
Dhisin asthafem amdhawi

Asmi mi tchigh yemmà
Ezregh yidékh nemseffrà
(bis)
Ismikx dheg’miw avava
L’vennas our dets’ghimi

Mi aâqel agous g’emma
Thalsed thayedh dhi thmaghra
(bis)
Felli ethgav thafrara
Dhisin our netsemlili

(2)
Thetsefriwiss essowra
Lefraq dhamqenin
Tskukrough avridh n’talla
Mara magragh thoulawin

Mi ig’ozzaf yiwen ayemma
Etsmektha’yeghd azzeka
(bis)
Ik mi jemaân lebdha
Amkx ar aqadmagh lesnin

Imi oulach’ikem ayemma
Ma oubdhàghd izouadj azeka
(bis)
Mouhal atedhro thmaghra
Aken vghan meden ad’inin

(3)
Our tsàdjagh idhmim, ouzou
Am-dhlon thamam
Adh vedagh i’lward adh’yefsou
Ayid yetsadder essifàm

Khas adh yeqsih ounevdhou
Af meden adh yizidh wôrghou
(bis)
Adh vedagh i’lward adh yehiou
Seth-hemal an’rough fellàm

Ma âatlagh ardjou magou
Adhariw gharm ad’yejvou
(bis)
Adha men-vedagh af’qerrou
Aken vghoune qeshith laâwam

(4)
Ay’ammi hadher oueltmak
Our ts’tsadja-ra
Nadhits ma yella th’aârqak
Fellawen ith’chwedh thassà

Our tsloumou dhi vavak
Fahmith esneqsas lehlak
(bis)
Iaâoueq our youfi leslak
Assmi th’senhal thiytha

Maken mechtouhedh/mezziyedh issnaâthak
iverdhan yefghan fellak
(bis)
Thoura thezidd dhenouvakx
Our ts-koukrou s’djoudjgass thamà


La vrac-traduction au français, ci-dessous :

(1)
Qu’elle (la marâtre) se réjouisse, dis-lui «ça y est, il est parti»
L’abcès est crevé
Même si la blessure/plaie n’est pas guérie
A vous deux de lui trouver soigneur (= remède)

Le jour oû j’ai enterré ma mère
J’ai compris qu’entre toi et moi c’est la rupture
(bis)
Ton nom sorti de mes lèvres, mon père
N’aura plus désormais le goût (=la résonnance) d’antan

Quand je vis le corset de ma mère
Porté par l’Autre le jour de la fête
(bis)
L’aurore (=lueur d’espoir) a disparu pour moi
Plus jamais nous ne serons ensemble

(2)
Je frissone de tous mes membres
La séparation est ô combien amère
Je crains le chemin de la fontaine
Et les femmes que j’y croise

Chaque fois j’entends quelqu’un heler sa mère
Me revient en mémoire ta tombe (>ta mort)
(bis)
Qui t’as ravie pour l'éternité
Comment vais-je affronter l’avenir

Puisque tu n’es plus, ma mère
Même le jour oû je convolerai en noces
(bis)
Impossible pour moi de lever le deuil
Quoi que disent les gens (=l’entourage)
(3)
Je ne laisserai pas l’aubépine, le genêt
Couvrir ton coin (=dernier refuge)
Je veillerai à ce que des roses y fleurissent
Elles me rappelleront ta beauté

Aussi aride soit l’été
Aussi brûlant soit-il pour les hommes
(bis)
Je veillerai à ce que les roses vivent
Arrosées par le flot de mes larmes

Si je suis en retard, patiente jusqu’à Mai
Mes pieds me ramèneront vers toi
(bis)
Je viendrai pour sûr, je serai à tes cotés
Quelles que soient les circonstances

(4)
Oh, mon fils! prends soin de ta sœur
Ne l’abandonne pas
Cherche après elle si tu l’as oubliée
Que pour vous deux brûle le foi (=le coeur bat)

N’en veux pas trop à ton père
Comprends sa peine, ne lui en rajoute pas
(bis)
Coincé il n’a pu trouver d’issue
Abattu par ce dramatique coup du sort

Durant ton enfance/adolescence
Il t’a guidé et montré les droits chemins
(bis)
Maintenant c’est à toi le tour
N’aie crainte, sois à ses cotés (= prends soin de lui)