vendredi 23 octobre 2009

Energie

Suite du billet précédent: R - Rg/Rk/Rc

Depuis un bon moment déjà nous avons identifié sur ce blog la lettre kabyle gamma «gh» comme étant synonyme d’énergie. Là nous allons élargir notre champ d’action au R pour avoir une vision plus complète de la notion d’énergie dans notre lexique.

Rappel
Il faut d’abord noter que nous avons montré sur ce blog qu’une permutation gh – R est une réalité de la langue kabyle, en fait le R se prononçant parfois comme un R[ʁ] grasseyé à la française. Ensuite il faut aller jeter un coup d'oeil sur les archives ("Kel Orion", "Mavrica" et "Iranium") pour comprendre le sens de Regh en kabyle, mazigh en général, et les différences entre notre langue et les sémitiques, le phénicien et l'arabe notamment, dans les mots interférents comme nuR et vReq (d'oû Barca). Voici un simple rappel de notre lexique dont plusieurs mots se retrouvent en sémitiques, en phénicien et en arabe moderne:
Regh, Req = brûler (y compris combustion)
s'eRgh = faire brûler, incendier, mettre le feu
hReq = être brûlé, brûlant
tha-rgets = braise, "charbon" (combustible)
a-veRiq = termite ailée/fourmie volante aux ailes scintillantes/brillantes
Req-Req = briller
Rqem = colorer, dessiner
awRagh = jaune, l'Or (chez les mazigh occidentaux)
levRaq = éclair
Raudh, Raghudh = tonnerre, orage
a-avaR = détonation
dTaRDHaq = exploser
a-haRvi = pétard

Energie
L'étymologie officielle de ce mot nous renvoie vers le grec energeia/energheia, mot qui selon les spécialistes serait composé de ghê (gaya) = la terre et thermos = chaleur. Franchement je ne suis pas persuadé que le mot thermos y est pour qlq chose, on le voit pas dans ce mot d'ailleurs. Bref, l'essenentiel est que le mot énergie serait issu de la langue grecque. Bien, ça c'était pour la petite histoire, maintenant on revient à nos interférences avec les sémitiques espérant que vous avez lu le post précédent et les archives relatives au le thème du jour comme il vous a été conseillé plus haut.
En arabe naR = le feu; nuR = ; anwaR = lumineux
Avec notre formule qui dévoile une "gamma" juste apès le R de la terminaison ces mots seraient en réalité naRgh, nuRgh, anwaRgh. D'ailleurs les mots arabes haR (chaud, piquant) et haRaRa (température, chaleur) seraient haRegh et haReghRegh qui contiennent le radical Regh visible uniquement en kabyle, il est présent en sémitique arabe dans un seul mot hariq (incendie).
naR (feu) = naRegh ou naRgh. On voit clairement le radical R.gh ou Regh (brûler).
nuR, nwR (luminescence) = nwRgh ou nwRagh. On y voit clairement le Rq, Regh kabyle-mazigh avec le sens de "briller" comme dans a-wRagh qui a deux sens: le jaune (qui en arabe est dit asfar) et l'Or comme aurum en latin (en arabe c'est dhaHab). Ce mot nwR existe aussi en kabyle mais avec un sens légèrement différent neweR = radieux, comme un visage radieux de qlq'un d'heureux (y neweR w udhem ik) ou d'un stare comme le soleil qui est radieux ou émet une aura (nwR g'idTij yeDHwa). Ce radical nR, donc NRG, de luminescence et de radiation se retrouve dans lephnar (phare), etc...comme il a été écrit dans les billets "Kel Orion" ou "Tenerife". D'une certaine façon cette racine NRG contenant le radical ReGh (brûler, briller) serait plus convaincante pour expliquer le mot énergie, seulement il faudra l'avis des spécialistes là-dessus avant de dire si on peut vraiment le faire. Notre radical Regh signifie aussi l'émisson de "vapeur" sèche et chaude (des thermes par exemple, voir hamam Righa en Algérie) comme dans uRghu "fournaise" ou quand il fait une chaleur torride telle que le sol ou le bitume "fume", Regh est ici avec le sens de "vapeur" chaude (et sèche bien sûr) ou plutôt la fumée dégagée par les supports (sol, asphalte, métal) fondants sous l'effet de grandes chaleurs.

Narguilé
Ce qui est certain c'est que ce R ou ce radical Regh se retrouverait dans l'ancien égyptien, en ancienne Egypte qui sépare notre monde du monde oriental. Pour l'Egypte moderne il y a un autre mot qui me vient en tête justement un symbole des égyptiens modernes: le narguilé. Et comme par hasard ce mot n'est pas sans ce fameux radical Regh dont on vient de parler. Le narguileh ou bien la shisha (en ADN et en Egypte), arguiléh (Liban), ghelyan (Iran) d'oû le russe kalyan. Larousse dit que le mot narguilé serait issu du persan narguileh "noix de coco". Bizarre! D'abors les perses ou simplement les iraniens de nos jours utilisent un autre mot ghelyan et puis des "noix de coco" en Iran c'est bouleversant comme découverte, mais franchement! Des pistaches en Iran ouais je savais mais des noix de coco...
Enfin bon, on va terminer ce post sur fond de narguilé. Fumer la shisha est très très nocif, retenez bien. Ensuite un peu d'humour, regardez ce gosse avec un narguilé sur la photo de ce clip rifain, ce n'est pas grave s'il ne fume pas bien sûr! Voici donc cette chanson très funny en langue rifaine: rifboy. En kabyle que je suis il m'est difficile de comprendre le rifain populaire mais le thème de la chanson est facile à saisir: c'est une dispute conjugale, le mari qui accuse sa femme d'être trop dépensière et celle-ci lui rétorque qu'il ferait mieux de compter combien il fume de Marlboro. Une seule consigne: arrêtez de fumer!, au moins le narguilé.

jeudi 22 octobre 2009

Origines

Suite du cycle consacré à la racine ZR, nous allons découvrir les invisibles qui se cachent derrière le R roulé.

Vous avez sans doute entendu parler du comportement ostraciste des gouvernements des pays nord-africains vis à vis des kabyles et des mazigh en général. Vous avez peut-être entendu parler du génocide identitaire plus particulièrement contre la langue kabyle en Algérie et la volonté des pouvoirs arabes-islamistes algériens d'imposer la transcription de la langue kabyle en lettres sémitiques-arabes contre le gré des kabyles qui préfèrent de loin une transcription moderne en lettres latines. Là nous allons voir pourquoi le kabyle si attaché à sa langue accorde cette préférence au latin et donc aux langues romanes dont le français. Nous allons voir qu'une transcription de la langue kabyle en lettres arabes serait catastrophique pour la simple raison qu'elle effacerait toute traçabilité de notre lexique (origine et sens des mots, étymologie), elle déformerait complètement notre langue et permettrait à l'usurpateur d'étrangler notre langue et notre culture.

Rappel
Il faut faire un petit rappel concernant la transcription des sons de la langue kabyle sur ce blog.
Z en majuscule est un Z emphatique, exemple a-ZRem (intestin, boyau), prononcé un peu comme en français le Z de Zoo, Zoro.
z minuscule est un z ordinaire, exemple a-zrem (serpent), ex.en français "z" de zèle.
r mineur , r usuel, transcrit sur ce blog toujours en minuscule
R majeur ou R roulé, idem au R espagnol ou au Rhô grec, transcrit ici toujours en majuscule
Maintenant il faut voir le groupe "gamma":
GH : identique à gamma "γ" en grec (γάμμα), un peu comme le R [ʁ] grasseyé en français
Q: gutturale comme le Q des sémitiques (arabe par exemple)
G occlusif, ici toujours en majuscule
g spirant, ici toujours en minuscule
K occlusif, ici toujours en majuscule
k spirant
comme "ch" de ich en allemand, ici toujours en minuscule.
X, KH : comme le X grec ou "kh" en français. (ici sur ce blog les 2 sont valables pour transcrire ce son)
A celà il faut ajouter l'altération assez fréquente d'un de ces sons en "ayn" sémitique-arabe, ou parfois en "h" et "H"; tout comme le g qui parfois peut-être altéré en j.

ARC
Nous sommes à la recherche de nos origines et de nos racines. Les racines (aZaR, iZoRan) seraient justement les origines. Nous savons que notre mythe fondateur d'anZaR est personnalisé par un arc-en-ciel, bref c'est le spectre (anza) et l'arc, bref c'est un arc.
La formule du jour est relativement simple, c'est une "gamma" qui se cacherait derrière un R majeur ou R roulé du moins dans les terminaisons. C'est une gamma invisible que nous ne prononçons pas de nos jours.
R ~ Rg, Rk ou Rc
Donc anZaR serait vraisemblablement anZaRg, anZaRk ou anZaRc qui nous rapproche du mot arc issu du latin arcus. Et ce n'est pas une coincidence, il n'y a qu'à voir notre lexique kabyle:
a-DHaR = le pied. Avec la gamma rétablie dans la terminaison ce mot serait a-DHaRk ou a-Dharc. Et ça se confirme dans le lexique correspondant avec R accompagné de K:
a-rkas, thirkassin = sandale(s). Relatif au pied.
'erki, rki = toucher du pied, marcher sur. Relatif au pied.
RkeDH = écraser du pied. Relatif au pied.
rkel = coup de pied. Relatif au pied.
On va prendre un exemple très instructif car c'est un mot kabyle que l'on retrouve en sémitique-arabe: jaR, djaR (voisin). Ce mot serait jaRk ou djaRk qui nous renvoie vers un autre mot commun au kabyle comme au sémitique-arabe: shrek en kabyle (le k est spirant) ou sharek en arabe qui signifie partager (share en anglais), avoir en commun. On voit le vrai sens de jaR, djaR (voisin) qui signifie avoir qlq chose en commun, un lien, une frontière commune en l'occurence. Ce mot ne peut pas être d'origine arabe ou même sémitique, comme DaR (maison) qu'ils ont hérité du phénicien; Comme vous voyez la transcription de ce mot en arabe fausse complètement la donne car la "gamma" (K ou Ca) en terminaison est définitivement ignorée. Leur transcription (j'écris ce que j'entends) est une bonne chose (pour eux) pour s'emparer d'un lexique emprunté mais c'est fatal pour nous et pour la vérité sur l'origine et le vrai sens de ce mot comme d'autres mots bien entendu. Par contre pour le kabyle ce mot shrek [srk] qui indique une frontière commune s'inscrit dans une logique implacable (c'est de la géométrie), il n'y a qu'à vous rappeller le sens de a-phrag [frg] = cloison, paroi de séparation qui marque les frontières, les délimitations (voir les archives sur ce blog). Ajoutez à celà ger (entre, between), avec le g altéré en j il sera jer/djer, et vous comprendrez l'origine de ce mot.
Cette nouvelle découverte va nous permettre de rétablir la morphologie exacte de nos mots, de mieux comprendre notre lexique et de le faire rentrer au bercail. Et de grâce que les usurpateurs nous laissent en paix avec leur écriture, on en a pas besoin. La trace de la disparition de cette "gamma" (G, K) après le R à cause de l'influence des sémitiques, de l'arabe surtout, se retrouve dans les parlers de notre pays: notre thura (maintenant) se dit en arabe al-an mais en argot algérois durka qui n'est rien d'autre que notre thura-thurka (dhura-dhurka).
On va évidemment développer ce sujet sur ce blog mais déjà dès à présent nous pouvons mieux comprendre notre lexique avec cette gamma (K ou Ca, G) rétablie après le R.
a-shaR, chaR = remplir (un récipient de liquide, de ce qui coule); il devient chaRg, asharg: charger?
a-ZaR = racine, veine; il devient aZaRg, aZaRk. Le mot origine (principe, commencement) est issu du latin origo, originis. Il faudrait voir si notre ZRg est rapprochable de la latine oRG. Toute chose a une racine, une origine, un commencement, un principe. Notre racine ZR nous indique clairement pourquoi chez les kabyles, chez les mazigh en général, le mythe d'anZaR est un mythe fondateur, un mythe qui nous accompagne depuis le commencement, depuis nos origines.
Nous savons depuis très longtemps que notre R est circulaire (voir post de mars 2008 "le cercle R") et ça été la chose la plus simple à comprendre dès le début de ce blog consacré en premier lieu à la langue kabyle. Et si ce R est en vérité un Rg, Rk, Rc on entrevoit très facilement le lexique latin correspondant issu du mot "cercle". Il est relativement simple de décortiquer le lexique issu du latin contenant ce radical Rc, Rg comme vierge (virgo), cirque, cercle par exemple. On note tout de suite que notre supposition sur la racine ZR d'aZaR (racine, veine/vaisseau sanguin) donne le sens de "circulation" "véhiculer/transporter" (le sang dans le cas de aZaR= veine/vaisseau sanguin); nous pouvons déduire que le sens de aZaR (1. racine, 2.veine/vaisseau sanguin) contiendrait le sens de "circuit". Nous voyons que le verbe arabe sir (rouler) qui a donné siyara (voiture) serait sirk comme circuler, donc on voit sa vraie origine! Ah les camarades sémites-arabes!!! On ne sait pas si cette règle est applicable aux patronymes comme Marc, Margarita qui seraient en parler moderne kabyle sans cette "gamma" (K/C, G), donc Marc serait...MaR ou plutôt Amar?! Ha-ha-ha! On verra ça plus sérieusement un peu plus tard.
Vous avez une explication au coeur blessé par une flèche de Cupidon (chez les latins) ou Eros (chez les grecs) ? Cet archer porte un autre nom à l'origine: Amour. Et ce mythe d'Amour et Psychée est l'oeuvre du génie numide Apulée. Allez un effort et vous trouverez la trace de l'arc dans le nom d'origine de ce personnage mythologique. Bon courage!

lundi 19 octobre 2009

Zaria

Post express consacré à la racine ZR, zr et sa déformation

Zaria
Nous avons vu le sens de cette racine zr dans thiziri = clair de lune (plus généralement: rayonnement d'astre), prénom féminin mythique. En clair cette racine zr atteste le sens de lueur donc différente de tha-phath (la lumière). Là nous allons recourir à une compraison entre le kabyle et le russe, une comparaison très appropriée croyez-moi et qui permettra de voir la même logique dans la formation des mots.
Je prends la racine zr dans le mot kabyle zerar ou sa déformation (z en j) jeRaR dans le mot tha-jeRaRth = fermeture éclair. Il est évident que ces fermetures éclairs ne sont apparues que récemment, donc l'appellation kabyle serait issu d'une comparaison à une chose ultérieur pour qualifier la "fermeture éclair". Probablement notre racine zr dans a-zrem (serpent) ou avec j à la place de z dans a-JeRmeDH (lombric) aurait le sens de "série" comme de "trait, tracer" (jeReDH). On peut supposer que c'est cette forme de serpent qui a inspiré l'appellation de la fermeture éclair en kabyle populaire moderne. Et d'ailleurs c'est la même chose pour le russe populaire qui désigne "la fermeture éclair" par l'appellation "zmeïka" (de zmeïa = serpent). La racine zr en russe est très semblable à la nôtre comme je l'ai signalé dans les billets précédents, entre autres la racine zr en russe indique comme en kabyle "la vue" et "la lueur" comme dans zaria (aube) ou zarévo (lueur d'incendie). En kabyle la phase de la matinée qui indique la fin de la nuit et de l'obscurité ou simplement le crépuscule du matin est appellée thafrara (aurore) qui correspondrait au russe rassvet; la phase suivante serait lephjeR, mot qu'on retrouve en arabe al-fadjr (aube, heure de la première prière chez les arabes-musulmans), lephjeR correspondrait plus à la zaria russe comme sur la photo ci-bàs; cette phase sera ensuite suivie du lever de soleil ou son apparîtion à l'horizon désignée en kabyle y shReq yidTij = "le jour se lève", le mot sharq se retrouve en arabe aussi avec le sens de "lever de soleil, le levant, l'est, l'orient".

Djidja
Comme nous le voyons sur ces exemples les mots interférents entre le kabyle et le sémitique-arabe ont en commun la lettre J ou DJ, qui aurait pu supplanter un Z tout simplement. Pour nous départager avec les arabes il faut revoir notre lexique commun sous un angle plus critique avec notamment ce DJ arabe à la place d'une autre lettre comme le Z.
Prenons le verbe kabyle jeRev (tester, expérimenter, mettre à l'épreuve) dont la racine jR serait sans doute liée à la racine ZR de ZeR = voir, savoir (donc: connaître, avoir déjà vu, en avoir l'exprérience); Eh bien comme ce verbe est présent en arabe djereb il est supposé être un vernaculaire arabe alors qu'à l'origine en sémitique-arabe il n'y a une racune semblable à la nôtre (ZR) pour donner une étymologie convaincante à ce verbe djereb. Plus généralement la présence de cette racine jR ou Dj.R dans les mots communs au kabyle et à l'arabe est un avertissement qu'il y a mutation d'un Z en J ou DJ. Prenez le mot lephjeR en kabyle et son équivalent al-fadjr en arabe; pour la kabyle il est évident que lephjeR serait lié à lephZeR avec ZR de la lueur (thiziri) alors qu'en sémitique-arabe il n'y a pas d'équivalent à cette racine ZR de "vue" ou de "lueur" (il y a une lueur donc il y a visibilité) et pourtant ils se sont emparés de ce lexique sans aucun complexe, il est vrai que jusqu'à présent il n'y a toujours pas de dictionnaire étymologique arabe avec la vraie origine des mots.
Voilà donc cette piste de Z muté en J ou DJ sous l'influence du sémitique-arabe apparement qui devrait nous permettre de reprendre notre lexique et de l'assainir. On y reviendra bien sûr, pour le moment je vous propose de passer un bon moment avec cette chanson Djidja de l'excellent Alpha Blondy, la star ivoirienne de reggae, le Bob Marley africain.

mardi 13 octobre 2009

Trésor

Suite de la série de billets consacrés aux racines ZR, zr, zL kabyles.

Là nous allons découvrir des choses très intéressantes!

Les piliers
Là il faut d'abord comprendre que nous allons utiliser les lettres kabyles dites "géométriques" R, r, L, M et N comme des piliers, ces lettres sont intouchables donc elles forment la carcasse du mot ou de la syllabe. Par contre les autres lettres des autres groupes (voir classement Draft 2), qui vont s'allier à ces piliers géométriques pour former des mots, seront interchangeables. Bref, le pilier (exemple: R) est une constante et les autres lettres (exemple: v, g, s) sont des variables. Un exemple pour simplifier. Prenons L comme pilier, gL-vL-sL sont des racines composées avec un pilier L et trois lettres des autres 3 groupes. Maintenant voyons l'intérêt de cette introduction.

Trésor
zr: zra (semer, agriculture). Nous avons vu précédement le sens le plus large de [zr]
gr: iger = champ agricole, champ labouré
ger' = mettre, placer (faire un placement)
m'ger = moissoner, récolter
imger = serpe, faucille
a-geruj = trésor
Cette formule de change Z - G devant un "pilier", R dans ce cas précis, montre que nous avons avec ces deux racines [zr]-[gr] un lexique proche sinon identique. Ici se rencontrent d'abord avec la racine [zr] les mots kabyle zra "semer" que l'on retrouve en sémitique-arabe zira3a (agriculture, semer), dans le russe zerno (semence, grain) et ensuite [gr] de iger en kabyle "champ agricole" et agricole-agriculture en langues romanes notamment en français. Autre remarque au sujet de la comparaison des racines gr-zr: agur (lune) et thi-ziri (clair de lune). Notons cette relation iger (champ agricole) et ageruj (trésor), comme quoi le travail est un trésor.

Arc-en-ciel
Nous savons que notre mythe fondateur d'anZaR contient une multitude de sens il suffit juste de bien l'interpréter. Je rappelle qu' anZaR est personnalisé par l'arc-en-ciel. Le Z lui-même indique le spectre (les 7 couleurs) comme on l'a vu depuis longtemps (post "Le spectre libyque"). On sait que anza = spectre (voir: fantôme). On se limite la forme géométrique d'anZaR qui est l'arc.
Nous aurons sans doute raison de supposer que le mot imger (faucille, serpe) serait d'une forme proche de l'arc (courbée), donc le mot imger serait plutôt imzer ou carrément inzer/inser.

Angel
J'ai déjà avancé une première hypothèse de travail sur ce blog quant à l'origine du mot ange, angélique (sens de "verseau" introduit par Apulée). Là nous allons avoir d'autres éléments avec cette formule de mutation Z-G devant un "pilier", L dans ce cas.
n'gheL = renverser
ghLi = chuter, tomber.
azaL = valeur, prix
azaL = milieu de la journée, soleil au zénith
ghLay = cher, prix élevé
'aLi, saLi = monter, élever
On voit que ghLi (chuter) avec "gh" serait l'inverse de zaL avec "z", la racine zL indique la côte ascendante ante de la trajectoire(d'une parabole par exemple) alors que la racine ghL l'inverse soit la descente ou la chute. Le mot ange issu du latin lui-même issu du grec angelos avec un z aurait été anzel ou ansel. Comme par hasard chez les sémites-arabes anzel signifie descendre, on devine l'origine du mot! Donc dans angelos-anzelos on y voit le radical nza de anza (spectre). Donc un ange à l'origine auraît pu simplement avoir le sens de "spectre" (d'une créature) qui "descend" (du haut donc du ciel). A suivre.

Sultan
Cette formule Z-G devant les piliers géométriques L ou R peut nous aider à comprendre notre lexique. Le mot agraw = rassemblement (de personnes), par extension "le peuple ou la population" avec cette mutation serait asraw, azraw ou aZRaw; là il faut revenir au sens de aZaR (race, racines, etc...). Prenons un autre mot:
a-geLidh = prince, roi (mot attesté depuis l'antiquité).
Il serait a-zeLidh, a-seLidh, a-seLith, a-seLiT: la racine gLd se mute en zLd ou sLd voir sLt comme dans le mot seldTan compris comme un mot oriental arabe sultan, voir sulutat (autorités). A vérifier.
Cette mutation Z-G devant les géométriques comme L et R (plus M, N) pourrait expliquer pourquoi les spécialistes linguistes comme le vénérable Dda Salem Chaker n'ont pas trouvé de traces de la racine moderne mgR (amghar, amoqRan) dans nos langues nord-africaines de l'antiquité numide (libyque, punico-libyque). Cette racine aurait pu être à l'époque avec un Z/S à la place de notre G,gh actuel: mgR aurait pu être msR, mzR. Donc amuqRan ou amghar (chef, le plus grand, l'aîné, etc...) aurait pu être mezRan, masran, massar ou qlq dans ce genre.
Voilà donc pour les premières suppositions à ce sujet, on y reviendra une autre fois. Notre mythologie est un trésor. Notre langue est un trésor, il suffit juste de la travailler avec soin comme la terre-mère.

lundi 12 octobre 2009

Traces

Suite de la série de billets consacrés à la racine ZR, zr en kabyle.

Empreinte
Nous sommes au mois d'octobre et déjà ici au nord de la Russie quand on marche sur le pavé on laisse des empreintes, des traces. Vous l'avez compris la première neige vient de tomber à gogo pour annoncer l'hiver russe, l'hiver rude qui va durer jusqu'au mois d'avril de l'année prochaine. Eh oui! Tiens, ça me rappelle une anekdot (blague) russe. Un jour de janvier ou février, un russe discute avec un étudiant africain à Moscou:
- Camarade africain, dit le russe avec beaucoup de compassion, vous vivez comment l'hiver russe?
- Camarade russe, répondit l'africain en grelottant, comment je vis l'hiver russe? Eh bien, le vert ça va encore!...par contre l'hiver blanc c'est terrible, terrrrribbbble!
Comme quoi pour un africain il n'y a que deux saisons en Russie: l'hiver avec neige et l'hiver sans neige (printemps et été russes). Moi j'aime la neige mais chaque chose en son temps et puis là ça tombe sans modération...Bon, sur la neige on laisse des empreintes, des traces donc. On va donc revenir à nos traces, à nos races et à nos racines ZR, ZL.

DZ
Il faut avoir lu les billets précédents à partir du post Racines pour mieux comprendre le sujet. D'autre part il serait bon de rappeller que S-Z d'un côté et T-D de l'autre forment les consonnes du milieu, du centre (voir post Draft 2 avec le classement de nos lettres sur ce blog). C'est comme un centre avec deux noyaux, un S-Z et un autre noyau T-D.
D: d, dh, DH emphatique
T: t, th, dT emphatique
S: s, S emphatique (plus altération en "sh", voir en "ch" ou "tch" français)
Z: z, Z emphatique (plus altération en "zh" ou "j" français, voir en "dj")
Je rappelle que "dh" et "th" peuvent être confondus donc phonétiquement ils sont facilement interchangeables. Les anglais par exemple utilisent le seul "th" pour les deux, pour le son occlusif "dh" et pour le son spirant "th", exemples pour différencier this (dhis) et think.
Nous allons limiter notre champ de rechercher à la mutation de Z en D pour vérifier la corrélation des lexiques correspondants.
Suivez la logique de la langue française par exemple: racine, race, trace.
Il en sera de même pour le kabyle mais avec une mutation de Z en D.
aZaR = 1.racine, 2.veine (vaisseau)
athaR, latheR = trace, empreinte
ath = particule qui atteste l'appartenance ethnique, à la lignée, à la famille, au clan, au village.
Nous voyons que ce sont les mots de la même racine [ZR] ou [th.R] voir [dh.R]. D'autres part le verbe tracer se retrouve en kabyle avec la même racine zr mais le z y est altéré en j sans soute sous l'influences des langues sémitiques: a-jeRiDH (trait), n'jeR avridh (tracer le chemin/la route). Cette concordance des lexiques se confirme ailleurs malgré l'altération du Z en D:
tha-derth = village
a-dhrum = clan, quartier (division) d'un village.
der = vivre. Ce verbe serait-il zer?
dari = se mettre à l'abri. serait-il zari ou sari?
dhereg = cacher, mettre à l'abri des regards. Ici nous constatons la différence entre ces racines ZR et DR, c'est une opposition comme dans adherghal (aveugle) et son contraire ZeR (voir), iZRi (vue): le D indique la fermeture (occulte) alors que le Z indique l'ouverture (transparence?).
'arrash = les garçons
'arraw = les enfants
'arrew = accoucher, mettre au monde
tharwa = les enfants, la progéniture.
derya = la progéniture.
La forme zarwa convient parfaitement au sens zra (semer) comme à aZaR (racine). Nous observons que dans cette racine [zr] de zra (semer) avec le z qui marque "la récurrence, le cycle" pourraît se retrouver le sens de "investir" par exemple car on sème d'abord et puis on récolte après, et il y a un retour sur l'investissement. Donc on peut à partir de cette racine [zr] synthétiser le verbe investir en kabyle moderne. Remarquez que nous disons adhrim (l'argent/money) avec la racine DR tout comme nous disons a-SoRdi, i-Sordiyen (l'argent/money) avec la racine SR au lieu de ZR.
Au final nous devons revoir notre lexique correspondant à la lumière de cette mutation Z en D ou inversement et plus largement la permutation entre S-Z d'un côté et T-D de l'autre. Par exemple thiziri (clair de lune, rayonnement d'un astre) avec le radical izri avec le z muté en th devindrait simplement ithri qui signifie étoile, astre.
A suivre...

dimanche 11 octobre 2009

Ibis

Ce post va porter sur le s/z cachée devant le b ou v des préfixes.

Rappel
Si vous allez les billets précédents vous aurez donc compris que le z ou s se cacherait devant le b ou v comme dans l'exemple de avridh qui donnerait zavridh-savridh ou safer (voyager). D'ailleurs on a vu que le s se caherait devant v/f depuis la redécouverte de la vraie origine du Zéro (voir archives sur ce blog), pour rappel feRdhas (chauve) = sfeRDHas avec sfR qui explique ce qu'est sphère, sifr ou zéro . Donc on peut supposer qu'effectivement la reconstitution de ce z/s nous aiderait à mieux comprendre notre lexique.

Sybus
Vous avez sans doute entendu de ce fameux personnage, un autre oiseau mythique dans la tradition kabyle et mazigh ene général. Sybus [Seybousse] est un personnage hors du commun, c'est le roitelet, conte que l'on retrouve chez plusieurs peuples, d'Europe entre autres. Pour info, Seybousse est un nom de rivière à Annaba à l'est de l'Algérie.
Ibis vous connaissez? C'est un oiseau aussi.
Si nous appliquons notre formule du z ou s reconstitué devant le préfixe du radical du mot contenat un B on verra ibis devenir sibis ou sybis. Ce n'est pas sans rappeller Sybus. Donc il faut approfondir les recherchers à ce sujet. Toujours est-il que notre oiseau sorti du mythe Sybus sonne phonétiquement comme Ibis (Sybis), Ibis sacré des anciens égyptiens
Y aurait-il une relation? Surtout que nous savons que Ibis chez les anciens égyptiens est lié au calcul et aux maths, et qu'en kabyle hsev (compter, calcul), comme en arabe heseb/hisab (calcul) pourrait être en réalité seyb. Et peut-on vraiment rapprocher hibou dont l'origine est floue de Ibis-Sybus, tout comme la variante russe sova (chouette, hibou) avec le sens commun "sagesse" pour ce que symbolise cet oiseau (voir post Syphax à ce sujet)?
vururu (hibou, chouette), a-vuhedadh (mésange), tha-vuzegrayezth, a-vuzegrayez (bergeronnette) avec le z ou s reconstitué deviendraient savururu (seybururu), savuhedadh (seybuhedad), savuzegrayez (seybuzehrayez)?

Patronymes
Quelles sont les conclusions et quel est l'intérêt de cette nouvelle découverte? Eh bien c'est assez clair, tous les toponymes et les patronymes d'ADN (afrique du nord) d'origine kabyle et mazigh ayant le B ou V dans leur radical doivent être greffés de s/z pou reconstituer leur origine et comprendre leur sens. Les toponymes commençant par Bou- ne manquent pas: Boufarik, Bousmaïl, Boumerdas, Boukhalfa, BoumeHni, Boussada, etc...Ils auraient été peut-être Seyboufarik, Seybousmaïl (il rappelle seybousse d'Annaba),Seybumerdas, etc...Jetez un coup d'oeil sur les toponymes de l'antiquité comme Sufetulla devenue Sbeitla (en Tunisie actuelle) là oû se joua le sort de notre patrie nord-africaine lors des invasions arabes du 7-8 siècles.
Les patronymes commençant par Bel-, Ben-, Bou- ou Vou-, aB-, iB-, etc...ne manquent pas. Il faut juste tenir compte de la règle qui veut qu'un patronyme kabyle est lié à une origine géographique donc au toponyme de la région dont est issue la personne concernée. Par exemple abas (Abbas) serait Seybas phonétiquement proche de seybouse et il pourrait être lié à sebt-sevth utilisé pour les toponymes chez nous, tout ça est à vérifier.
Le prénom Vusaad (Boussad) si répandu chez les kabyles pourraît être seyvusad - Seyboussad.
Bref, cette formule permettra à beaucoup de kabyles et de mazigh de comprendre leurs patronymes tout comme la toponymie de leurs pays, donc on en saura plus sur nos origines et donc sur notre histoire.

samedi 10 octobre 2009

Big Ben

Coup d'oeil sur une tradition commune à tous les peuples.

Wasserführer
Ne vous inquiétez pas, rien de méchant. En allemand führer signifie chef et wasser = eau. Il était un homme en Kabylie qui s'appellait Dda Muh, il était le général des eaux, un wasserführer, c'était lui qui gérait la distribution de l'eau dans sa commune. Dda Muh a travaillé en Allemagne d'après-guerre, il maîtrisait l'allemand mieux que le français. En plus des mots allemands qu'il prononçait quand il était en colère, Dda Muh avait le sens de l'humour. C'est lui l'auteur de l'appellation "les zigzag thaghediwth" (boyaux grillés + cardes), son plat préféré! En bon républicain Dda Muh était anticléricaliste et n'aimait pas trop les qelHu weLahu (les religieux marabouts). Un après-midi alors qu'il promenait son chien il entendit l'appel du marabout-muezzin parvenu de la crête d'en face. Dda Muh se mit en colère et commença son speech en kabyle-allemand-français pour manifester son mécontentement contre ce tapage des marabouts-religieux qui utilisent un haut-parleur plus puissant qu'avant. Dda Muh finit son speetch sur cette phrase "demain moi aller couper l'eau à ces marabouts hurleurs qui me réveillent le matin et moi pas faire grasse matinée"!

Big Ben
En réalité ce marabout avec son mégaphone qui 5 fois par jour annonce l'heure de la prière pour les gens concernés remplit une fonction très utile pour les kabyles républicains: il annonce la phase de la journée, c'est en qlq sorte une horloge parlante mais en campagne, en haute montagne kabyle. Remarquez qu'en Kabylie seul un village des imravdhen, le plus haut normalement "la crête écclésiastique", était choisi pour remplir cette fonction de gardiens du temps ou de l'horloge. Aux Ath-Dwala c'est à akal averkan ou au village des imravdhen Ath-Vuyahia. Aujourd'hui avec l'arabisation et l'islamisation de force de la Kabylie imposées par la sawdia arabia (les arabes-islamistes en général) et les forces d'occupation, les arabes-islamistes imposent leur religion, leurs traditions et une mosquée dans chaque village et un haut-parleur dans chaque village. La montagne par son acoustique (et ses échos!) diffère du plat-pays, de la plaine interdite aux autochtones et occupée par "les autres" depuis des siècles. En montagne un seul haut-parleur suffit à leur horloge hurlante ou à leur muezzin...Allez dans les villes d'ADN, à Alger par exemple et vous entendrez le vacarme du matin avec des horloges hurlantes qui du haut de leurs minarets hurlent à l'unisson! Les décibels du prosélytisme battent des records (Guinness est-il au courant?) au grand bonheur de ces religieux soit-disant pieux, pauvres hypocrites! Et c'est la surenchère qui d'entre eux hurlera plus fort, qui sera le Big Bin pour battre le record des décibels. Pauvres hypocrites!
Alors qu'à l'origine (antiquité? ancienne Egypte?) cette tradition ou bien cette fonction était strictement rationnelle et d'utilité publique: un observatoire du temps, une horloge publique qui réglemente le rythme de la vie des hommes. Il faut se dire que les montres portables, que chacun possède aujourd'hui, ne sont apparues que récemment au 20 siècle. Donc les gens utilisaient une horloge collective depuis les temps anciens pour connaître l'horaire.
C'est comme le clocher chez les européens avec leur tradition chrétienne. Frère Jacques qui sonne les matines. C'est le clocher du village, le carillon sur la place publique, la place du marché. C'est le carillon du Kremlin sur la Place Rouge à Moscou ou le Big Ben à Londres.
Les usurpateurs ont cannibalisé cette tradition aussi, vous n'avez qu'à voir les appellations de leurs 5 prières. Ce sont les phases de la journée. La première prière, c'est comme le réveil qui sonne, il sonne pour le paysan qui doit se lever tôt, surtout en période de canicule et dans un pays au climat chaud, pour aller travailler au champ ou ailleurs.

Un autre son de cloche se fait entendre au loin, je l'entends...
Le glas sonne pour l'usurpateur, j'en suis convaincu.

Thiziri

Suite des billets précédents consacrés à la racine ZR, zr kabyle.

Voyage
J'ai déjà écrit sur ce blog sur les interférences ô combien étonnantes que l'on retrouve entre notre langue et les langues slaves notamment le russe. D'ailleurs on retrouve la même logique dans le sens des mots dans plusieurs langues. Prenons un exemple en kabyle et en russe.
En russe путь [put], à prononcer poute, signifie chemin, voie, route et le voyage.
En kabyle avridh signifie quasiment la même chose: route, chemin, voie. Et le voyage?
En kabyle avridh a un sens en plus, il signifie "tour" pour dire avridh-verdhayen "fois, une/deux fois" comme volta en italien. Insolite: notre avridh n'existe pas en russe mais le sens de "retour" est dans un mot russe avec la même racine [vr] avec le sens de "tour" : vernut (rendre), vernutsa (retourner, retour). En kabyle veren = tordre, tourner. Intéressant non?
En kabyle le sens de voyage dans ce mot avridh existe aussi mais il porte notre z ou s qui chez nous atteste le retournement, la récurrence, donc cycle-tour-révolution, etc...:
avridh avec s/z devient savridh/savridh oû l'on voit safer = voyager... que les kabyles et les mazigh en général, tellement dupes ou terrorisés par l'adversaire, croient être un verbe issu du sémitique-arabe safer alors que dans leur langue à la base il n'ya pas d'analogue à notre avridh (chemin, route, voie)! L'interférence entre notre langue se retrouverait dans l'ancien égyptien vu le sens linguitique et géométrique que contiennent les mythes d'Osiris, de Ré ou Ra qui attestent comme notre racine ZR la récurrence, le tour, la circulation, le cycle, la révolution, etc...
Il est clair que les camarades sémites-arabes ont piqué ce mot safer soit en Egypte ancienne qu'ils ont conquis au 7ième siècle, soit plus largement dans les langues nord-africaines.
Avec tout le respect que je vous dois, au risque d'offenser votre pudeur, voici un autre exemple. Prenez le mot abush (verge, pénis) en kabyle (mazigh en général) et ajoutez le z/s et vous verrez la variante arabe, du moins en partie. Vous voyez comment ça marche tout ce "trafic, pillage et recel" des usurpateurs? Maintenant imaginez que c'est systématique et que devant B, V en préfixe il devrait y avoir un z/s. Par exemple dans les patronymes familiaux, Boumachin devient avec un "z"...

Thiziri
Je l'ai dit thiziri en kabyle c'est "le clair de lune" plus généralement le rayonnement d'un astre, la lueur ou la lumière réfléchie (on en reparlera). Thiziri c'est aussi une prénom féminin mythique. Je reviens aux étonnantes interférences entre le kabyle et le russe. Prenons la racine ZR ou zr. En kabyle iZRi (la vue, voir) - en russe zrenié (la vue), zrachok (pupille de l'oeil).
En kabyle thi-ziri (clair de lune) - en russe zaria (aube, aurore, crépuscule), zarevo (lueur d'un incendie).
Je ne vais pas aller plus loin car la relation est beaucoup plus profonde en réalité, croyez-moi sur parole car le kabyle est ma langue maternelle et le russe ma langue d'adoption. La Kabylie est ma patrie et la Russie mon pays d'adoption. Je parle de la Russie authentique bien sûr, celle qui fait partie de moi-même, juste après la Kabylie bien sûr. Je vous propose d'écouter une chanson populaire russe, une chanson d'amour intitulée v lunnom sianié ou au clair de lune ou en kabyle thiziri. C'est une chanson d'amour mais il y a une chose particulière dedans car elle parle d'une histoire qui se passe tôt au printemps (russe!), v lunnon sianié sneg serebritsa signifie au clair de lune la neige brille (comme l'argent le métal). Vous imaginez la neige au printemps qlq part en Kabylie, en méditerranée, non? Moi si, en kabyle et méditerranéen qui a attéri en Russe je connaîs parfaitement ce paysage russe avec la neige qui brille sous la lueur de thiziri. Cette chanson est une merveille. Pour moi la Russie a et aura toujours un visage féminin et une voix féminine. La voici cette douce et romantique chanson populaire de la Russie authentique: V lunnom sianié . Bonne écoute!

vendredi 9 octobre 2009

Course

Suite du billet précédent consacré à la racine kabyle ZR

Si vous êtes intéressé par la mythologie, ici en rapport avec la racine ZR, je vous conseille de vous rappeller le mythe kabyle et mazigh d'anZaR ainsi que les mythes de l'ancienne Egypte de la divinité Osiris (Oziris) et le dieu-soleil Ré ou Ra. Il est aussi utile de penser au cadran solaire, au parcours du soleil, sa trajectoire dans le ciel et bien sûr les horaires de la journée.

Avant-propos
Il faut jeter un coup d'oeil sur le post précédent par rapport au lexique contenant la racine ZR.
-Notons que le Z emphatique est "encastré" car il indique "la profondeur" comme "la lourdeur" (Zay) donc différent du z ordinaire superficiel. Par exemple tha-zeqa (maison, bâtisse) donc à la surface diffère du mot avec la même racine [zk] mais avec un Z emphatique a-Zeka (tombe) qui est aussi une demeure mais souterraine. Donc le Z emphatique indique par excellence les profondeurs, les entrailles.
-D'autre part le z ordinaire sous cette forme ou altéré en s ou ts indique une notion de "entourer, tourner, retourner" ('ezzi, zelef), retourner-envelopper, inverser ('tsi). Ce z indique la récurrence il y a une notion de cycle, voir de rotation ou de tour; donc pas étonnant que z, s, ts soit utilisé pour les notions de temps: saa (heure), as, usan (jour, jours), zeman, zik (antan), etc...
- Là nous allons essayer d'exploiter cette racine pour synthétiser des mots savants c'est à dire des mots dont nous avons besoin pour les appellations modernes notamment dans le monde scientifique. En clair nous allons suivre le même chemin que les autres langues, y compris le français, l'arabe, l'anglais ou le russe, pour constituer un vocabulaire savant kabyle adapté aux contraintes de la modernité. Pour ce faire nous allons recourir aux calques sur les autres langues comme le latin ou plutôt les langues romanes, le français notamment, voir même le grec et les sémitiques si nécessaire. C'est une première tentative de ma part de synthétiser un vocabulaire kabyle moderne composé de mots savants qu'on va greffer sur notre langue populaire sans risques de la déformer. En réalité c'est une course contre la montre qui s'engage pour nous, plus tôt on aura réussi à établir ce glossaire savant moindre sera le risque de disparition de la langue kabyle. C'est un chemin de croix, une course pas comme les autres...

Courant
Comment direz-vous "courant éléctrique" ou "courant" en kabyle si on enlève le faux-amis français lcouran utilisé en kabyle populaire, hein?! En réalité on va faire comme tout le monde a fait avant nous, comme nos concurrents. Le mot concurrent vient du latin avec la signification "qui courent ensemble", du verbe currere (courir). Idem pour les mots courant, cours, couramment, course, etc...Donc par rapport au courant. Le courant existe dans les cours d'eau, les rivières, les fleuves, les mers, les océans. Nous avons deux indices importants: l'eau (rivière et autres) et la vitesse (plus largement: flux, intensité, accélération). Donc nous n'avons qu'à retrouver ces deux indices en langue kabyle. Les voici: i-ghZeR (cours d'eau, torrent) et azel (courir), thazla (course, célérité, rapidité). Bref c'est la racine ZR et sa forme avec un L au lieu de R: zL ! Et là nous arrivons au coeur du problème...oui au coeur "uL" en kabyle, "uR" en rifain. Pour mieux illustrer ces notions de "cours, célérite ou vitesse" en plus de comme vu plus haut les autres sens de Z et z comme "profondeur, loudeur/massivité, rotation, inversion" nous avons un très bel exemple: le noyau de la terre. Et je rappelle que le z et la racine zL en kabyle est dans uzal (fer). Et que s est dans ghes/ighes = os, noyau (fruit). Et que uL, uR = coeur. Et que aZRo ou aZRu = roche, rocher.
Là avec cet exemple du noyau de la terre on devine la notion de magnétisme surtout que z, ts indique aussi l'inversion, le retournement. Tout comme la notion de masse, massif-lourd (Zay) ou densité. Peut-être que Zeus n'est pas loin?!...
La logique des mots en kabyle, mazigh en général, est implacable, c'est simplement ahurissant! Tout est cohérent, la racine d'un mot ou son radical peuvent nous fournir des informations très importantes et comprendre notamment comment les camarades orientaux, les sémites-arabes surtout, ont emprunté un lexique étranger, égyptien ou nord-africain, pour se l'approprier, l'incohérence est flagrante chez eux et cette logique si visible chez nous est totalement absente chez eux avec leur conglomérat de langue.
Pour conclure, il est relativement simple de comprendre que le mot "courant, courant éléctrique" en kabyle devrait contenir ZR ou zL. Demandez-vous pourquoi ZR est dans ZeR (savoir) donc "être au courant", dans aZaR (1.racine, 2.veine/vaisseau sanguin) ou aZRem (boyau, intestin) qui sont d'abord une conduite qui assurent la circulation. Vous avez compris? Donc vous comprendrez pourquoi la barque du soleil, dieu-soleil Ra (parcours du soleil dans le ciel), tout comme pourquoi la barque d'Osiris le souverain des entrailles de la terre et le conducteur des âmes des défunts au royaume des morts. On peut supposer que selon les anciens mythes l'âme des défunts rejoint le noyau de la terre en accomplissant un long voyage à travers "le fleuve" comme attesté dans les mythes grecs et des anciens égyptiens. Né de la terre, à la terre tu reviendras ou plutôt à son coeur ou son noyau.
C'est le moment pour moi d'avoir une pensée à un ancien collègue de travail devenu copain, j'ai appris cette semaine qu'il a rejoint l'empire des morts, il a succombé à Moscou avant d'atteindre la trentaine, après s'être battu plus d'une année contre un cancer. Il a laissé derrière lui sa femme et leurs deux enfants. C'est cruel. Sa course dans ce monde a été interrompue brutalement. C'est trop cruel. Ce billet est dédié à ta mémoire Serguey, que ton âme repose en paix.

mercredi 7 octobre 2009

Racines

Post consacré à la racine ZR en kabyle

Une autre innovation sur ce blog, désormais des fichiers audio en langue kabyle seront postés sur ce blog. Vous pouvez écouter ce premier fichier consacré à la racine ZR en kabyle. Pour moi c'est une première, je n'ai pas préparé de texte et j'ai donc procédé à un enregistrement improvisé. J'espère que vous ne serez pas trop sévères avec moi, et puis il est bon de rappeller que je ne pratique quasiment plus la langue kabyle depuis des années donc pour moi ce n'est pas évident de parler kabyle pur et non pollué.
Fichier DS-audio: racine ZR en kabyle

Lexique
Relire sur ce blog le détail sur le mythe kabyle et mazigh d'ANZAR
Z majuscule est un Z emphatique, R maj. est un R roulé: prononcés en français comme dans Zorro.
z et r minuscules sont prononcés comme en français loisir, désir.
a-ZaR, i-ZoRan = 1. racine (s) 2. veine, vaisseau sanguin.
ZeR = 1.voir , 2.savoir (être au courant)
ighZeR = cours d'eau, ruisseau, torrent
x'ZeR (kh'ZeR) = fixer du regard, dévisager, contempler, observer, scruter du regard
iZRi = la vue
tsru = pleurer: relatif à iZRi (vue) et à la notion de "couler" ou de "cours" (d'eau)
a-ZRem = boyau, intestin
a-zrem = serpent
'eZo, ZZu = planter, semer
zra = semer (interfère avec l'arabe zira3a = semer, agriculture)
ZRudia, tha-ZRuzgets = carotte, une carotte
a-ZaLim = oignon sauvage
vSaL = oignon (interfère avec arabe basla): vSaL serait-il vZaL ou vZaR?
'eZeL = semence, sperme (interférence avec l'arabe)
aSeL, LaSeL = origine, race, source (interfère avec l'arabe al-asel = origine)
thiziri = clair de lune (plus généralement: rayonnement/éclat/auréole d'un astre), prénom féminin mythique.
isly = fiancé, nouveau marié
thislyth = fiancée, nouvelle mariée, la bru