jeudi 24 décembre 2009

Book

Et pourtant ce post ne porte par sur les livres...

Aujourd'hui nous allons voir comment les patronymes anciens mazigh toujours issus de l'origine géographique (du toponyme donc) ont été maquillés et déformés pour avoir une consonnace arabe et un sens en arabe même si cette pseudo étymologie populaire "arabe" DZ frôle le ridicule.

Al Make-up
Les noms nord-africains Boumaaza "celui ou l'homme à la chèvre", Boubaghla "l'homme à la mule" sont une preuve de ce make-up arabe des noms patronymiques d'origine kabyle ou mazigh nord-africains, la règle de base de formation des patronymes kabyles-mazigh est volontairement ignorée. Un nom est avant tout lié au toponyme, Bou-Baghla devrait être lié à un lieu comme Baghlia (il en existe), Feghlia (des patronymes Feghul on en a) ou meilleur encore Waghlis comme Ath-Waghlis lié justement à Boubaghla. En réalité cette racine arabisée avec le B de Baghlia tout comme Waghlis kabyle ce ne serait rien d'autre que la forme plus répandue waali ou waâali (Ouali à l'état civil) et Boubaghla serait plutôt Bouwali ou Bouali, rien de plus.
Il faut se rendre à l'évidence que ces déformations sont surtout le résultat de l'arabisation de l'Afrique du Nord, un algérien arabisé par exemple cherche simplement à trouver un sens à tel ou tel nom dans son argot arabe DZ quitte à passer sous silence la vraie origine du mot, sa vraie étymologie. Et ça se comprend car cet algérien arabisé ne comprend pas le kabyle ou le shawi (mazigh en général), alors comment voulez-vous qu'il s'en sorte? Pour la toponymie nord-africaine ce sont les territoires préservés de l'arabisation, la Kabylie en premier lieu, qui sont la référence pour trouver la clé des noms patronymiques et bien entendu le système des désignation des toponymes nord-africains. Prenons l'exemple de Boumaaza qui dans l'imaginaire populaire algérien-arabe serait "celui ou l'homme à la chèvre". En Kabylie outre les noms on désigne les personnes par des sobriquets toujours liés à l'emplacement de leur lieu de résidence (de leur maison), Boumaaza en est un, il est comme Boumaati et les deux ont une variante féminine (Mi,Mou à la place de Vu, Bou) comme mumaaza, mumati, probablement ces deux noms ou sobriquets font référence au "bas du village" comme dans les exemples que je connais.

Bouc
On va continuer avec les caprins, ce qui va nous permettre de lier des noms de famille que l'on retrouve en Kabylie, dans le Constantinois et en Oranie.
En sémitique arabe maâza = chèvre; taïss = bouc; djad = bicot, chevreau
En argot arabe DZ 3atrus, lâatrus = bouc. Ce mot n'existe pas en arabe.
En kabyle maintenant:
tha-ghadT = chèvre; thi-ghedTin = les chèvres (ce terme designe cette espèce en général)
a-qellwash = bouc
a-hulli = bouc, bicot, chevreau
Notons que chez les rifains et les chleuhs au contraire du kabyle tha-ghadT (chèvre) possède la forme masculine a-ghadh, a-gadh = bouc. Probablement le terme 3atrus-lâatrus en argot "arabe" nord-africain serait issu de ce ghadh (gad, gadt) mazigh avec notre gamma "gh" altérée en ayn (3, â) arabe.
Maintenant on va reparler du nom de famille nord-africains Boulatrous qui conformément à la fausse étymologie populaire "arabe" aurait une explication assez simple "celui ou l'homme au bouc", en réalité nous savons que c'est faut. J'en ai déjà parlé il me semble, vu-laatrus (Boulatrous) existe en Kabylie comme un sobriquet de qlq'un issu d'un toponyme connue chez nous comme Ath Yidhir (Aït-Idir) et là je suis formel. Les noms les plus proches de vulatrus (Boulatrous) sont drush (Drouche), driss et idriss tous liés à ce toponyme Yidhir même si on exclue pas non plus un lien avec un autre toponyme comme Aarus (aguni aarus) par exemple, ou avec aHRas (souk ahras) et la notion de cèdre et jedhRa (tronc) en toponymie mazigh ex.Sedrata.
Nous savons que les plus grands dégâts dans notre langue sotn provoqués par les sons intrus comme le ayn (3, â) sémitique-arabe, nous avons dit dans le poste précédent qu'il aurait pu altéré un son du groupe gamma (gh, k-K, G-g, kh) ou du groupe S-Z. Là on a vu qu'il peut facilement altéréer une gamma "gh"kabyle, il en est de même pour K (occulsif) et k (spirant)
â, 3 ~ K, k
Donc âatrus serait issu de la racine kabyle-mazigh ghadh, ghadt, gad comme on l'a vu plus haut, et âatrus serait plutôt ghadhrus, gadrus, kadrus.
Le nom vulaatrus transcrit en français à l'état civil Boulatrous est porté par beaucoup de nord-africains, parfois en Kabylie mais surtout dans l'Est algérien il me semble. Ce même nom existe sous une autre forme mais cette fois dans l'Ouest algérien, avec un K à la place du ayn (â, a) le A dans la transcription française de ce nom:
Vulâatrus, Boulatrous à l'Est est exactement le même nom que Belkedrous, Belkedroussi (Belkedrouci) à l'Ouest. La différence est que pour Boulatrous on a trouvé un raccourci bédouin "l'homme au bouc" alors que pour Belkedrous on ne sait rien de son origine et on se tait. Les gens portent leurs noms sans se soucier de leurs sens et de leurs origines. Ils se fichent de leur généalogie, au mieux ils essayent de trouver un raccourci bédouin pour comprendre leur nom et de s'inventer une origine "noble" genre descendant de tel ou tel prophète. Linguistiquement on voit la différence entre la variante de l'ex-partie numide (Est) et celle de l'ex-partie maure (Ouest) de notre patrie nord-africaine. A propos des toponymes avec âatrus il y en a partout comme Ain Atrous en Tunisie que les arabophones interprètent comme "la source du bouc"! Hélas ils ne savent pas que notre thalla "source, fontaine", qu'ils ont vite arabisé en Aïn là oû ils sont passés, possède un autre sens en toponymie kabyle et mazigh. L'exemple d'aujoud'hui Boulatrous=Belkedrous doit servir de leçon, et croyez-moi ce lieu en Tunisie appellé Aïn Atrous a qlq chose en commun étymologiquement avec l'antique toponyme mazigh numide de thysdhrus ou Thysdrus que les tunisiens appellent El-Jem.

La clé identitaire pour comprendre les origines des noms nord-africains se trouve dans notre toponymie, elle est surtout préservée en Kabylie. C'est le berceau kabyle qui mettra fin à la supercherie, c'est la Kabylie qui est capable de redonner sa dignité à l'identité nord-africaine, un sens aux choses et aux noms. Cette même Kabylie est pourtant attaquée de tous les côtés par ces "arabes" nord-africains qui veulent son extinction. Mais nom de chien! c'est sans doute logique que des gens si crédules au point de croire que leur patronyme est un nom de bouc ou un nom de chèvre (Boulatrous, Boumaaza) de s'attaquer au socle identitaire nord-africain que presque seule la Kabylie (dans le Nord je parle) a su préserver au prix de beaucoup de sacrifices face aux usurpateurs et à ceux qui jurent par le mal. Mais tous ces gens qui se croient être des ibn-Bouc ou des abou-Bouc sont des émissaires du qartel oriental qui veut nous exterminer, souvent ils disent qu'ils sont les gens du book (livre) pour justifier ce massacre identitaire. L'expression bouc-émissaire prend tout un autre sens dans notre cas précis...Alors tant qu'il y aura des boucs genre a-hulli baRaRa ou a-qellwash a-hemZawi l'Afrique du Nord ira droit à sa perte.