lundi 21 décembre 2009

Ferratus

Etant donné qu'il neige H24 on va parler du Jurjura.

Terroir kabyle
La formule que nous allons découvrir aujourd'hui est assez particulière. Nous allons recourir à une comparaison de toponymes et de patronymes du terroir kabyle (exemple des Ath Dwala) pour l'aborder. Ces noms transcrits en français à l'état civil sont les suivants: akal a-verkan (terre noire) ou Berkane ailleurs (au Rif par exemple), Zerkane-Zerkani, Feddak, Zeddak-Zeddek tous des patronymes familiaux de cette région des Ath Dwala.
verkan ~ zerkan
pheddak- zeddak
La formule du jour opopose les semi-voyelles du "groupe w" surtout Ph (F), V voir P, B et W aux consonnes du milieu surtout S et Z, voir leur altération en chuintantes et sifflantes J/Dj et Sh.
F-V-P-B-W ~ S-Z-Sh-J-Dj
Cette comparaison des noms et des mots qui ont pour seul différence F-V à la place de S-Z ou inversement devra nous aider à déterrer beaucoup de choses, on verra si les sens des mots sont les mêmes ou pas.

Nez kabyle
Eb kabyle nous disons a-nezaren (le nez) au pluriel, tha-nezarth (narine) très proche phoéntiquement de nose en anglais, nez en français, noss en russe ou nozdria (narine) en russe. Nous avons en kabyle le mot niph qui au sens figuré désigne l'orgueil (de celui qui porte la tête haute, "le nez en l'air"!) et qui très souvent désigne au sens propre le pif du nez. Ce mot nif signifie "nez" en arabe. Autre interférence entre l'arabe et le kabyle le mot nephs (haleine, respiration, respirer). Donc en clair nous avons la racine NZ ou NS d'un côté et la racine NPh ou NF de l'autre pour désigner le nez. Nous allons coupler Z+Ph ou S+F pour ces mêmes mots afin de supprimer l'altération d'un Z/S par un F.
a-nezaren (nez) =? anephzaren, a-nefsaren. On y voit le verbe nephes (respirer).
a-shenphir (lèvre) =? a-shenezphir, a-shenesfir. La racine NSF y est pour la lèvre aussi!
a-anphur (dent superposée sur les autres qui pousse anormalement sur le haut de la gencive) =? a-anezphur, a-nesfur. Idem on y voit la racine NFS.
a-ghendjur, a-ghenzuR?(nez aquilin) =? a-ghenephzur, a-ghenefsur. Idem on retrouve la racine NFS.
Donc le fait de coupler N+F nou a aidé à comprendre l'origine de cette formule que l'on va baptiser la formule de Thallaphsa. Et voici pourquoi.
thalla = source, fontaine
thallaphsa = hydre, serpent des eaux/sources/fontaines
lapha, laphaa = thallaphasa (forme plus courte).
Vous n'allez pas le croire mais j'ai rerouvé notre mot lapha sous la forme laphaâe dans un (vous allez tomber sur le q!)...dictionnaire arabe en ligne (ajeb)! Ce mot lapha tout comme le nom germanique Shwarzenegger ne peut pas être arabe!!! Et d'ailleurs les arabes ne le connaissent sans doute pas car l'équivalent de notre thallaphsa-lapha en arabe serait probablement al-thaâaleb (serpent). L'intérêt pour nous est dans ces deux formes kabyles et mazigh thallaphsa-lapha avec PhS couplés pour la forme complète et le seul ph pour la forme courte. La "formule de thallaphsa" va donc nous guider à vérifier notre formule du jour Ph-V ~ Z-S en les alliant tout simplement.

Mont kabyle
D'après des sources concordantes et dignes de foi notre mont Jurjura (ou Djurdjura) était jadis appellé Montus Ferratus par les romains, soit mont de fer ou muraille de fer. De nous jours par le mot uzzal nous désignons un métal y compris le fer dont nous ne connaissons pas le mot exact en kabyle et mazigh faute de l'avoir perdu. On va essayer d'appliquer la "formule de thallaphsa" au mot fer, ferratus d'origine latine en ajoutant un S-Z au F pou avoir la forme kabyle-mazigh (au cas oû elle aurait existé sous une forme proche du latin).
ferrat; racine FR =? zefer, sefer, sever, seber
Maintenant on va appliquer la formule de comparaison B-D pour passer du latin au kabyle-mazigh dont on a parlé sur ce blog déjà (voir post Citron).
FR =? sefer, sever, seber = (avec D à la place du B/V) seder, sedher, sether
Et là on obtient un mot grec mais pas kabyle connu: sidheros, sideros = fer, d'oû sidérurgie.
Je pense qu'il serait raisonnable de supposer que le mot utilisé par nos ancêtres pour désigner le fer serait plutôt proche du mot grec sidheros, sideros (fer). La preuve se trouve dans nos toponymes kabyles, shawis (mazigh en général) nors-africains. Le mont Ferratus deviendrait le mont Sedratus si on appliquait la forme grecque sideros pour le fer, et ce Sedratus ou Sedrata (voir kherrata = khedrata) on en a déjà parlé récemment dans le billet Cirta.

Les avantages de la formule du jour baptisé "formule de thallaphsa" sont nombreux. Par exemple le nom hannashi (Hennachi à l'état civil en français) doit s'aligner sur hannaphi (Hannafi). Mais il y a d'autres exemples nettement plus intéressants. Le mot sémitique aleph, alif (alpha, mille) pourrait être alephz, alefs. Le nom ayssa de Jésus - Âaïssa lui aussi serait ayephsa (allephsa?) ou plus court aypha (allepha). La mythique Iset (soeur d'Osiris) devenue sans doute aysha chez nous (voir aussi Âaïcha chez les arabes) serait ayphsa, plus court aypha. On va pouvoir comprendre le sens rationnel des "religions" comme on va devoir réapprendre l'alphabet ou plutôt les origines de l'alphabet. L'histoire de l'alphabet apporté aux grecs par le "phénicien" Cadmos fils de Thallaphsa, pardon!, de Telephassa. A suivre donc!