lundi 20 octobre 2008

effet Bistro

Post relativement court juste pour montrer à quel point les gens se trompent quant à l'origine de tel ou tel mot!

Bérézina
La défaite de Napoléon et de sa Grande Armée en Russie est surtout symbolisée par leur catastrophe à la bataille de Bérézina. Pour le cours d'histoire il faut aller ailleurs sur le net car là on va aborder uniquement les conséquences linguistiques de cette campagne de Russie de Napoléon Bonaparte et sa défaite qui s'ensuivit, car elle a laissé des traces cette guerre, la "première guerre nationale" pour les russes (la deuxième est celle de 1941-45).
Les soldats français abandonnés, gelés et affamés étaient obligés de faire la manche pour survivre. Ils faisaient du porte à porte pour demander un peu de nourriture aux paysans russes en commençant par cette formule "Cher ami...". De là viendrait le mot "шерамыжник" soit sheramijnyk (cher ami + suffixe russe) qui signifie "mendiant, clodo" , mot toujours utilisé aujourd'hui en russe familier.

Bistro
Quelques années plus tard c'était fini de Napoléon et c'était l'armée du Tsar, avec ses alliés, qui marcha sur Paris. C'est durant cette brève "occupation" russe qu'un autre mot fît son apparition mais cette fois en français: bistro. Ce mot serait en effet issu du russe "быстро" bystro (difficile à prononcer correctement, bys' tra) qui signifie "vite, rapidement". Ce mot qui depuis désigne Bistro donc "service rapide" est légalement un mot français, il est utilisé partout et notamment en russe "бистро" bistro avec la prononciation française et comme étant un mot emprunté au français. Voilà comment un mot issu du russe se mute chez le français et revient chez le russe comme étant un mot déguisé, un mot étranger, un emprunt et le russe accepte cet état des choses! Ce n'est pas le "syndrome de Stockholm" bien sûr mais à coup sûr on peut parler de syndrome de Bistro ou d' "effet Bistro" pour ce genre de mots.

Le couteau
Cette introduction est nécessaire pour faire comprendre aux kabyles qu'il y a énormément de mots à "effet bistro" dans notre langue que les autres revendiquent comme étant des mots sémitiques, arabes en l'occurence. On va prendre un exemple mois évident à la lumière de la 3ème hypothèse émise un post en arrière (N en kN, sN, gN). Le son "zh" sera transcrit "j" pour faciliter la lecture. Je rappelle qu'en phénicien le son "s" était un "sh".
a-jeqdhur, a-jekdhur = ustensile de cuisine
jeq, jeqayeq = fissure(s)
a-shequf, shquf = morceau, débri
a-shakur, shakur = hache à 1 seule lame large
Les "j" et "sh" libyques attestent l'anse (poignée), manche (idem en toponymie, voir post Jijel-Cap Sigly).
a-jenwi = grand couteau de cuisine, couteau à lame large, parfois poignard.
Ce mot si je le transcris complètement (avec kN) sera:
a-jekenwi avec la racine [j.k.n]
Une altériation de "j" en "sh" est plus qu'évidente tant elle est facile à commettre,
donc [j.k.n] peut être [sh.k.n]
[sh.k.n.] shekin serait un candidat parfait pour être un mot phénicien (il faudra vérifier, messieurs les spécialistes)!
[sh.k.n] avec le "sh" phénicien se mute en "s" arabe donnera [s.k.n]...et justement:
sekin ou sikin = couteau, en arabe moderne!
Même chose pour notre mot shaqur (hache) que l'on retrouve en arabe avec un S emphatique, Saqura = hache.
Nos deux mots adhèrent à une logique de fer et la racine [j/sh. q/k] est la même pour un thème bien déterminé (ustensiles: anse, manche) alors qu'il n'y a rien de tel chez notre antagoniste.
Cet "effet bistro" on le voit ailleurs: la pioche qui est fes/fas en arabe aurait été peut-être fash ce qui est sans rappeller le suffixe fash/vash de a-qavash ou tha-qavashth = petite hache à deux lames, une plate courte et une pointue; de par sa forme elle rappelle la pioche mais en miniature. La pioche en kabyle est appellée a-gelzim et son sens est beaucoup plus logique vu sa fonctionnalité et son utilisation (terre au lieu d'arbres, instrument et non pas ustensile).

Conclusion
Donc quand ils vous disent que "le kabyle a emprunté à l'arabe" dites leur de ne pas aller bystro si vite en besogne. Prenez le mot kabyle anbul, thanbult qui signifie vessie, ballon en baudruche et plus généralement "récipient de liquide" (la racine BL/VL comme de a-velar se retouve ici). Si l'on applique le kN à la place du N pour le mot anbul l'on aura knbul et là on comprend oû l'arabe a pris le mot qunbula = bombe/obus/ missile/ marmite donc le sens de "récipient" est conservé. La mue des mots à travers le temps, les siècles et l'histoire n'est pas déchiffrable avec les méthodes archaïques de "bergers" ou avec les méthodes conservatrices dogmatiques des gardiens du temple de la "science" car il faut de l'imagination, de l'intuition et de la bonne foi.

Réfléchissez vous-même car je vous donne un exemple pour le N-kN: a-shentir grimpeur, shenter (avec N), shkenter (avec kN) = s'accrocher, s'agripper. Essayez de comprendre cette racine [sh.n] ou [sh.k.n] et pourquoi par exemple elle y est dans shenfir = lèvre, mot que l'on retrouve en argot algérois dTnafeR (lèvres, grosse lèvres). Alors shenfir, sheken-fir serait quoi à votre avis? Par coincidence cette racine [sh.k] existe ailleurs sheka en russe ou cheek en anglais pour désigner "la joue". Alors une chose qui "se gonfle" et "s'accorche" ça pourrait être quoi? Je ne sais pas si vous aimez le poisson et la mer en général mais là il le faut! Une fois compris le sens de cette racine et de shenfir/shekenfir on pourrait mieux comprendre la toponymie de nos territoires en méditerranée! ça vaut le coup, non?

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