mardi 23 décembre 2014

La coupe

De météorologie et de métrologie...

Quand une nouvelle bagnole s'amenait jadis dans la cité, ou dans la place du village (anar), c'était l'effervescence chez les mômes. La gossaille qui encercle la nouvelle caisse non pas pour s'enquérir de la puissance du moteur comme le font les adultes, mais pour autre chose : les yeux de l'heureux élu Fouroulou - le premier à pouvoir scruter le compteur de vitesse à travers la vitre et à qui revient l'honneur de l'annoncer à la marmaille - sont braqués sur le tableau de bord, plus précisément sur le compteur de vitesse, car seule la vitesse compte à cet âge : pour ces dégourdis fascinés par la vitesse, la meilleure voiture doit être un bolide !

Cette expérience de gamins cherchant à quantifier les performances d'une voiture n'est en réalité pas loin de celle, légendaire, d'un Anglois mondialement connu : Sir Isaac Newton et sa pomme légendaire. Cette intuition de scruter un compteur de vitesse a qlq chose de fantastique si on la regardait autrement.  C'est ce que nous allons essayer de faire dans ce billet.

Lexique kabyle
D'abord, quel est le verbe utilisé pour désigner cette vitesse, en kabyle s'entend ? 
KT de kath (battre) : comparable à YT (thiytha - l'action de battre), WT (weth - battre) et même WD avec un DH emphatique dans a-weDH - 1.atteindre (sa destination/objectif/but/bout ou arriver à terme/ à la fin, 2. arriver à maturité, mûrir (fruit, par ex.) , 3. provoquer (qlq'un). C'est le même verbe KT/WT (kath, weth)  qui est utilisé pour les précipitations atmosphériques : y kath u'gephur/w'adhfel pour la pluie/neige qui tombe.

Cette racine kabyle KT ou WT est intéressante à plusieurs titres, c'est tout simplement COMPTER et MESURER (kthil en kab avec la même racine) avant tout, et compter au moyen de gouttes d'eau ! Suivez le raisonnement en étant très attentifs svp !

La (vraie) pomme de Newton
Un peu de météo donc. La pluie (a-gephur, lehwa ou même anzar chez les mazigh occidentaux) qui tombe qlq part en Kabylie, en Méditerranée ou ailleurs, est quantifiée donc mesurée : l'intensité des précipitations est mesurée par rapport à la norme mensuelle, par exemple, 100 mm de pluie. On a un volume, une masse (poids) d'eau définie pour une durée (temps) défini. Le rythme, la cadence, la vitesse de chute libre des gouttes de pluie peut-être calculée par déduction. La goutte d'eau tombe en chute libre à cause de la pesanteur : la goutte d'eau qui tombe sur la tête de Fouroulou vs la pomme de Newton pour découvrir les lois de la gravitation universelle. 
Et la légendaire pomme de Newton ne pourrait être qu'une parabole et cette pomme ne serait rien d'autre que la pomme de Cydon, autrement dit le coing/cognassier, kidonia en grec ou tha-kthunya en kabyle...avec la même racine KT vue plus haut pour le sens de "battre" et autres (vitesse, compter, mesurer). Cette racine KT kabyle de kath (battre) est comparable à une racine grecque que vous connaissez certainement :
Kata, cata (vers le bas) en grec vs KT/WT/WD en kabyle dans kath (battre), wada (bas)
Et tout s'explique : la chute, c'est toujours vers le bas, du moins sur notre Terre !

Ce même verbe kabyle kath/weth (battre) avec la racine KT/WT, comme pour les battements de coeur (le pouls, donc), pourrait tout simplement attester la gravitation !
source
Le poids
Est-ce vous arrivez à ne pas confondre le poids et la masse ? Depuis Newton, vous le devrez normalement :) Comment expliquer la notion de poids sous un angle kabyle ?
Le poids romain (français) est ce qu'on désigne nous Kabyles par la même racine vue plus haut : KT; WT, WD dans "arriver, arriver à maturité" (a-wedh) et surtout dans pwa (prêt), pwDH (arriver à terme/destination) pour un plat cuisiné, par exemple. Quand vous faites la popotte, tous les ingrédients que vous mettez dans la poêle sont d'une certaine façon "une masse" tant qu'ils sont crus, et n'auront de "poids" que lorsqu'ils seront cuits. Ainsi, masse vs poids pourrait s'expliquer par une parabole : cru vs cuit. Il en va de même pour le fruit (la pomme imaginaire de Newton) ou pour la goutte de pluie qui tombe sur la tête de Fouroulou : l'humidité se condense en masse qui prend donc un poids et, gravitation oblige, décroche du nuage en chute libre pour atteindre la terre.
C'est à dire que l'on doit désormais s'intéresser à la relation entre la notion de Poids et la Pomme, la pomme de Cydon (le Coing) pour, sait-on jamais, y déceler un indice rationnel datant des temps anciens et attestant que les anciens étaient éclairés sur la gravitation bien avant Newton. 

La coupe
De cette phrase banale de "la pluie qui tombe" en kab y kath u'gephur (lehwa, voire anzar), on pourrait en tirer une bonne quantité de notions rationnelles. Le nom du dieu Anzar qui est aussi "la pluie" pour certains Mazigh (au Maroc), on devine aisément la proximité phonétique avec Mesure, Mensuration du latin metior issu du grec metron (mètre)...qui aurait probablement donné al-matar (la pluie) en arabe ! A propos, en anglois rain (pluie) et run (courir) seraient peut-être de la même racine. Plus étonnant encore, cette racine kabyle KT/WT de kath/weth "battre" (et atteindre, mûrir) pourrait être comparée...à l'anglois wet (humidité), water (eau) et cut (couper) : la goutte qui prend en kabyle la racine QDR, comparable au masri (arabe égyptien) et à l'arabe qatra (goutte), en serait la raison de ce lien : 
couper ~ mesurer, compter
C'est une relation que l'on développera plus tard, mais déjà on devine que la division s'apparenterait à la mesure et au calcul : on doit être capable d'abord de diviser pour ensuite pouvoir compter, calculer. Comme quoi les mieux équipés pour devenir comptables sont les bûcherons, bouchers, tailleurs, coupeurs et consorts :)

La coupe de Fouroulou sur la terrasse remplie d'eau de pluie après un orage, ou tout autre réservoir de récupération d'eau de pluie, n'est rien d'autre qu'un compteur, un compteur d'eau pour sûr, un compteur de temps aussi. La coupe d'eau serait simplement une horloge, une horloge à eau, autrement dit un clepsydre.