mercredi 2 février 2011

Le diamant et le démon du Nil

L'Egyptien casse la baraque : "casse-toi Moubarak". Et ce Mou Barack fait la moue ...

Je n'y ai pas cru, et pourtant les égyptiens, population arabe ou du moins arabisée en majorité depuis des lunes, ont pris l'exemple sur les braves tunisiens et sont sortis dans la rue pour revendiquer le départ de leur autocrate et pour renouer avec leur dignité. Incroyable mais vrai ! C'est la première fois que j'éprouve du respect pour un peuple arabe. On n'est pas sans craindre la récupération de cette révolte populaire par les "bolchéviques verts" (islamistes) des "frères musulmans", mais franchement il y a de quoi féliciter le peuple égyptien. L'adipeux Raïs n'est toujours pas partant (comme il est mou ce Barack) mais quand même bravo les courageux masris pour cet élan démocratique ! On sait les feuilletons égyptiens interminables mais Moubarack désavoué par son propre peuple devrait partir pour désamorcer la situation. Une sortie honorable est meilleure que par la porte dérobée. Moubarak sans la barraka, it's time to leave normalement

L'Egypte en ébullition, l'Egypte sous la révolution on l'a déjà vue... au cinéma, dans le film américain
The Jewel of the Nile (Le diamant du Nil) avec le couple infernal K.Turner & M.Douglas en vedette. Le diamant ou plutôt bijou (el-djawHaR) était en réalité non pas une pierre précieuse mais un homme, le chef de l'opposition traqué par les sbires du satrape égyptien Omar. C'est étrange comme ce film ressemble à la réalité égyptienne ! Le problème est qu'aujourd'hui en Egypte révoltée il n'y a pas de personnalité charismatique pour incarner l'opposition à Moubarak; le fluet El-Barradeï ne fait pas le poids face au ventripotent Raïs . Donc c'est une révolution sans guide, une opposition sans la perle rare, sans el-djawHaR. Pas de match Diamant du Nil contre Démon du Nil. De quoi rassurer Moubarak...

Coincidences du Nil (linguistique)
On en profite pour nos aventures linguistiques sur ce blog. Je l'a déjà dit, en Kabyle les mots interférents avec le sémitique-arabe dans certains cas auraient une origine non-arabe mais égyptienne: l'Egypte a toujours influencé son voisinage. C'est hasardeux mais ce qui va suivre n'est que le constat des coincidences qui permet de tirer la formule du jour:
L ~ HR
H comme H dans l'anglais here.
R roulé
Cette formule explique JWL de jewel (bijour) en anglais - JWHR de djawHaR en arabe que l'on retrouve en kabyle aussi.
NL de Nil avec L=HR va devenir NHR de naHR (fleuve) en arabe
NHR est dans ennahar, naHaR (jour) en arabe; le vrai mot sémitique serait youm car il est attesté en hébreu.
Ce mot se retouve en kabyle n'HaR (jour)
En kabyle il y a le verbe n'HeR = conduire, guider; ce verbe NHR (conduire) n'existe pas en arabe.
Idem pour sh'HaR (mois) en kabyle interférent avec shaHR (mois) en arabe.

En kabyle le mot a-Gur (ayur en chawi) désigne la lune (l'astre) et le mois (lunaire); ce phénomène est observé dans plusieurs langues. Le soleil, l'astre, est appelé en kabyle idTij. Et là je me demande si le mot sh'HaR (mois) en kabyle ne désignerait pas uniquement le mois solaire.

L~ HR explique aussi le passag du latin Léo (lion) au "berbère" aHaR (lion). Etrange coincidence !

Cette racine HR en kabyle et "berbère" du moins (avec n'HeR = conduire, guider) serait à rapprocher de la racine ZR des "conduits" (aZaR = veine, vaisseau, racine). Il n'est pas exclu que n'HeR (conduire, guider) soit n'ZeR. NHR de "jour" (et "fleuve" en arabe) serait chez nous alors tout simplement NZR comme anZaR ? Anzar et le fleuve, et puis Oziris - Nil: ça promet ! Le fils d'Oziris, Horus lui aussi deviendrait explicable rationnellement: son nom HR s'il était chez nous ZR serait celui de iZRi "la vue" (voir Oeil d'Horus).

Voici donc des coincidences venues d'Egypte qui pourraient nous aider à trouver qlqs nouvelles pistes et avancer des hypothèses dans notre recherche de notre identité. Merci l'Egypte !