samedi 21 février 2015

Le grand muet

Breaking the wall...

Jadis, durant les « discussions scientifiques » entre gamins loin des adultes et surtout des livres dont on manquait terriblement à l’époque en Kabylie, on débattait souvent du soleil : quelle est celle source intarissable de combustible contient-il pour produire autant de lumière et de chaleur (c’est ce qu’on croyait à l’époque, la fusion nucléaire on l'apprendra plus tard) au grand bonheur des humains : ce n’est sans doute pas du bois, mais quoi alors ?; et où va-t-il se coucher chaque soir une fois descendu derrière l’horizon : dans la mer à l’Ouest ? mais comment ça ?!


Aujourd’hui, on pense avoir réponse à tout, y compris aux questions qui nous taraudaient notre enfance durant. Sauf que la cognition condamne chacun de nous à un eternel questionnement notre vie durant sur le quoi et comment concernant notre monde. Il suffit d’observer ses veines qui apparaissent à travers la peau claire pour provoquer la chute d’Hérodote et pas seulement…


Lexique
Ici c’est la racine kabyle ZR (Z et R emphatiques) qui va nous servir de guide :
a-zar, i-zuran : 1. racine (s), 2. veines, vaisseaux sanguins, artères
a-zrem, i-zerman = boyau
ZR : thi-zurin  = la vigne (vs adhil = le raisin).
ZR : zrodia (tha-zruzgets ailleurs) = carotte.
Elle sera comparée à la racine GDR présente en arabe :
al-djudhur : les racines
(ce même terme djedhra désigne un tronc voir une branche d’arbre en kabyle)
Et à la racine latine radix (racine), voire radici/radical, etc, ainsi qu’à roots  (racines) en anglois.
 

Herodote
Votre veine est un vaisseau, un tuyau remplie en permanence de sang, du sang des aïeux, dont vous êtes l’héritier et l’énième maillon de l’histoire de votre famille, de votre clan, de votre peuple, de la race humaine. Il nous suffit de prendre de la vigne  et une carotte kabyles et du radis latin pour infirmer l’existence d’un personnage prétendu réel appelé Hérodote, le père de l’histoire. Le nom Hérodote serait synonyme d’Histoire, les deux en lien directe avec 1. Racine, 2. Géniteur (aïeul) et ce dans différentes langues. Les Hérodote de nos jours sont surtout les spécialistes en stratigraphie qui font des carottages :)
La carotte est pleine, "enceinte", elle est teinte dans la masse (même couleur et consistance sur toute l’épaisseur, homogène/uniforme donc). C’est la logique kabyle. A l’inverse, le radis latin passe du rouge extérieur au blanc de l’intérieur. C’est la logique latine. On préfère la kabyle pour la simple raison que ZR de carotte indique clairement l’intensité, la plénitude, la densité. 


Et voici ce que ça donne :
10 : tchar, ashar (remplir), ashra (dix), en kab serait une altération de ZR ;
10 : Idem 3ashra (dix) en arabe serait une contraction de GDR djadhr (racine) sauf que « veine, vaisseau sanguin » en sémitique-arabe est tout autre : wrid ; ceci laisse supposer que GDR est un emprunt, probablement au phénicien gadir (muraille) dans Agadir (citadelle, forteresse), Cadix que le phénicien partage avec le kabyle et les langues mazigh (berbères) en général.
10 : Dix en français (voire déca en grec) vient de la racine (radix).
10 : le Ten (dix) anglois, lui, serait probablement lié à la Densité et au Mur (ex. stena en russe), les explications viendront plus loin ; par ailleurs, l’anglois Wall (mur) aurait été pris sur le latin/français Ville.
 

Wall
Le mur. Le français désigne un mur plein, donc étanche, isolé et blindé, par la formule « mur aveugle », tandis que le russe le désigne par « mur sourd ». Laquelle formule est juste ? Aucune n’est fausse, en tout cas, même si nous allons prendre la formule russe du « mur sourd » pour cette fois.
Voici une confrontation « mur contre mur » kabyle versus arabe.
Mur intérieur (donc pas étanche ?), cloison : hydt en arabe, l’hidh en kabyle ;
Mur extérieur de clôture, muraille : sour en arabe, sour en kabyle. Le mur est la maison, la ville : GDR de gadir (mur) phénicien aurait sans doute donné aussi dar (maison), douar (bourg) en argot arabe nord-africain (en arabe des vrais arabes maison est beyt).


La proximité est assez claire, ce qui laisse supposer une origine commune, soit phénicienne, soit égyptienne ancienne. Pour départager les « belligérants », on va devoir recourir à une comparaison pour le moins inattendue. Pas sûr pour l’aveugle (a-dherghal), mais dans un premier temps on aura besoin d’un sourd-muet, de préférence séparé en un sourd (a-azoug) et un muet (a-agoun) comme le veut le kabyle. Rappelez-vous de l’étrange parallèle en langue kabyle constaté il n’y a pas si longtemps sur ce blog :
Mulet ~ Sardine; Cheval ~ Poisson
(a-sardhun* vs sardin*), (a-3awdiw vs a-hawthiw*).
Même si les termes correspondants sont des emprunts*, la logique, elle, reste kabyle. La sardine pour le sourd, le poisson (en arabe hawta « baleine ») pour le muet… comme une carpe :)

Il est question de Son, très probablement.
 

Azazga
Un toponyme kabyle, évocateur mais aussi étrange à première vue, va nous servir d’exemple pour expliquer cette logique kabyle : i-azugen (les sourds) devenue Azazga sur le papier. Alors pourquoi cette région est appelée en kabyle « les sourds » ? Deux possibilités pour expliquer cette appellation :
- Les plaines : on retrouve ici le sens de « plénitude, masse, densité » de ZR de « racine, veine ». Cette région est effectivement à vocation agricole, donc cette hypothèse est envisageable sauf qu’lieu de a-zaghar (plaine) on a i-3azugen (les sourds) pour Azazga. Cette piste de relief et/ou d'altitude pourrait être la meilleure ;
- Les murs : ville close avec des murs de rempart, si l’on suppose que les sourds (i-azugen) sont en lien avec mur (sur) et épais (zur), donc cette hypothèse est très fragile.
- Soldats : cette fois le soldat serait non pas de cire ou de plomb (comme pour Vegayeth-Bougie), mais « le sourd », et « le mulet », « la sardine » par la même occasion : peut-être est-il question d’uniformité ?
 

Agouni
Nous allons au paragraphe du muet, le plus intéressant d’ailleurs !
Pour rappel, nous avons déjà sur ce blog fait le lien entre l’Océan grec et le Chacal kabyle (ushen), et donc l’échelle et le ciel (igeni) aussi. Voici une nouvelle relation de l’océan, encore plus convaincante et plus étonnante :
Océan grec = Muet kabyle
(okeanos vs a-agun : les océanides seraient des muettes, les épouses rêvées quoi :))))
Avec à la clé le lieu de refuge du soleil qui se couche :
GN de gen, tha-guni (dormir, s’allonger, le sommeil) en kab.

L'océan un mur d'eau qui engloutit même le son, un absorbeur acoustique ?
 

Il pourrait y avoir la logique suivante : de jour, le soleil éveillé dans le ciel est sourd : il émet mais ne reçoit pas ; de nuit, le soleil couché dans l’océan devient muet : il reçoit mais n'émet pas. Une certitude pourtant émerge de cette comparaison : le sourd (donc le sur, le mur épais de clôture, la muraille) serait plus élevé donc comparable à un mont, un rocher, une montagne (adhrar), tandis que muet (l’hidh le mur intérieur) serait plus bas et/ou moins épais et serait comparable à une (basse) colline (a-gouni). 

Chose étrange, même l’arabe fait preuve de logique en composant le mot océan (mu-hidt) apparemment à partir de hidt (mur)… sauf que idT ou iDH en kabyle signifie justement la nuit (layl en arabe) si apparenté à l’océan,  idTij le soleil et th-idT (l'oeil) aussi. La racine ZR de "racine, veine" n'est-elle pas aussi celle de "vue, vision" en kabyle (izri)...et en russe aussi (zrenié). La vue et la ville apparentées ? Le mur anglois (wall) en lien avec la vision et les yeux kabyles (walli, allen) ? Que dire alors du mot kabyle dtes (dormir), idhes (sommeil), est-ce l'odyssée (de l'océan bien sûr) ? Allez le savoir !

Donc, en toponymie kabyle, un nom de lieu qui contiendrait a-gouni (la colline), ex. Agouni Arous, Agouni g’Ighran, porterait aussi le sens de l’océan-muet (a-agoun) et de sommeil ou allongé (tha-guni), il indiquerait logiquement le couchant, donc l’Ouest. A l’opposé, un nom de lieu kabyle (voir mazigh/berbère en général) portant un préfixe ZR, Sour (muraille) – et donc Agadir, Cadix aussi -, adhrar (mont) voire simplement Ath/Aït (Adhr ?) indiquerait le Levant, l’Est. Hypothèse très probable qui mérité d’être prise au sérieux et surtout vérifiée.


Océan de poissons et de sardines, sourds et muets : il s'agit ici de sons, de musique aussi probablement, et chose étrange, le kabyle (comme beaucoup de Kabyles aussi) a d'office l'oreille musicale : a-mezugh (l'oreille) n'est-il pas musique au lieu de l'origine officielle grecque renvoyant à muse ?  Le mur du son étymologique devrait être franchi bientôt j'espère. 
Pas besoin d'être un égyptologue qualifié pour saisir ce que donne la logique kabyle : Anubis et Oziris (les deux seraient "à la tête des occidentaux") seraient les personnages reliés à l'océan par excellence, à l'occident. Le soleil a aussi son logement : un océan... un océan de sommeil, un mur d'eau absorbeur de son, donc des espoirs, qui peut être fatal à une nation qui ne veut pas se réveiller et sortir de la torpeur imposée par des étrangers en plus grand nombre et mieux armés (mais des gens, à mon sens, intellectuellement moins performants que les Kabs), comme le chante si bien Dda Lounis !