dimanche 9 mars 2008

Le chantre d’Atlas

Eh bien me voilà «arrivé» à notre grand classique Lounis Aït-Menguellet. Il est Le Poète kabyle, la référence! Malheureusement il fût à maintes fois l’objet d’intimidations par le pouvoir et de critiques injustes de la part des «agités et agitateurs, engagés et dégagés, rageux et enragés». Mais pour nous, qui sommes majoritaires, il est d’abord Notre Poète. Personne très réservée avec une «hiva», une aura et un charisme inégalables. Le respect que nous sommes majoritaies à lui vouer est une récompense à ce grand monsieur de la poésie kabyle. Il a toujours chanté le peuple, discrètement peut-être, intelligement sans doute, mais toujours La Vérité en filigrane. Nous n’avons pas de chantre de Didon ou d’Achille. Nous avons notre très respecté Lounis Ath Menguelleth, le chantre de notre Atlas dont nous sommes tous les enfants.

Parmi l’oeuvre grandiose de Lounis Aït-Menguellet j’ai choisi le titre «Machaho» (album «amachahu», 1983) pou illustrer sa grandeur, sa sincérité, son amour du peuple et de sa vérité. Ecoutez bien, lisez et relisez le poète. Et méditez bien ses dires. Le jour oû l’Atlas fera de nouveau vibrer ses fils arrivera tôt ou tard. Bonne écoute!

Malheureusement le clip avec cette chanson sur dailymo a été supprimé par son auteur Amrano.

Texte original, transcrit en kabyle traditionnel pour francophone

(1)
Amkan yughal
Dh’lhevs iwumi eren uzal
Medhlent fellagh thebura
(bis)

Ma den’sawal
Qarnagh ma dh’aghderren awal
Sussemth skud inella
(bis)

A Machaho:
Af themgoert ma yers lmus,
I thidhets ma dthefgh immi?
A Machaho:
Af win yefkan aqerrus,
Ur sthenqsan medden achimi.
(bis)

Efkan afus
Widhek sinumen idhoelli

Wessan si zik afthemiisht n’daw udhar
Aken anegaru ad’yer etsar


(2)
Kri idha'ghenan
Ula dhavridh igh mlan
Wissen sani ig’etsawi
(bis)

Nejmaan ekfan
Af iqreranagh its fren
Nethni zran neukni ur nezzri
(bis)

A Machaho:
S shesh magh medhlen allen,
Yerna eqaren imedden etswalin
A Machaho:
Netswalli ken ay deqaren,
Netsruhu ken saenda aghawin
(bis)

Yebuass wissen
Thadukli ar’ad yestheqsin

Wessan si zik afthemiisht n’daw udhar
Aken anegaru ad’yer etsar


(3)
Thura nekfa
Netsarats ala ithmuchuha
Nheku fin dyidjan issmis
(bis)

Zik amk illa
Qarnes dh’mmis netsseda
Ur yaafis hed f’udharis
(bis)

A Machaho:
Adhrar ass’mi dyera asoth,
Elhivas dhebwdhed s’arrawis
A Machaho:
Syidhmaren itsqavalen lmouth,
Saaraqen iwaadhaw lathris
(bis)

Ith’negarouth
Amk arayfri souqis

Wessan si zik af’themiisht n’daw udhar
Aken anegaru ad’yer etsar
(bis final )

__________________-

La Vrac traduction, en attendant la vraie, au français

(1)
Ce coin du monde est devenu
Une lugubre forteresse-prison aux barreaux de fer
Ses portes se sont refermées sur nous
(bis)

Quand nos voix s’élèvent pour revendiquer
Ils nous disent quant ils daignent répondre
Taisez-vous tant que nous (vos maîtres-géôliers) sommes là
(bis)

La Fable:
Quant le couteau est à la gorge,
La Vérité peut-elle être dite?
La Fable:
Le brave qui a sacrifié sa vie,
Et personne pour s’enquérir de la cause de son martyr
(bis)

Toujours les mêmes qui tendent leur main complice
A l’usurpation, eux qui veulent pepétrer leurs privilèges

(Que dit) La sagesse des ancêtres de la vie sous la botte/le joug,
Que jusque l’ultime d’entre-nous fasse Justice /et triompher la Vérité

(2)
Tout ce qu’ils nous disent (leur doctrine/idéologie)
De même que les chemins qu’ils nous imposent (leur politique)
Nous mènent à l’incertitude/à l’impasse.
(bis)

Ils se sont réunis, délibéré et décrété (autocrates)
De notre sort ils ont décidé (despotes)
Sans même nous en informer (hogra)
(bis)

La Fable:
Avec le «chech» ils nous voilent les yeux,
Et au monde ils disent que nous sommes voyants/et consentants!
La Fable:
On ne voit que ce qu’ils disent,
On ne va que là oû ils nous mènent!
(bis)

Un jour peut-être,
L’Union (du peuple) se fera de nouveau.

(Que dit) La sagesse des ancêtres de la vie sous la botte/le joug,
Que jusque l’ultime d’entre-nous fasse Justice /et triompher la Vérité

(3)
A présent c’est fini pour nous (finie notre dignité)
Notre quotidien ne se meuble que d’histoires
L’épopée glorieuse d’hier nous racontons
(bis)

L’héros d’antan
Brave et fauve, disait-on de lui
Nul ne pouvait lui marcher sur les pieds
(bis)

La Fable:
Le jour oû Atlas (le mont) redonna de la voix,
Son rugissement fit vibrer ses fils!
La Fable:
Avec leurs poitrines (ardeur) ils affrontrèrent la mort,
Leur abnégation mit l’ennemi en déroute.
(bis)

Et pour la dernière en date (l’usurpation),
Comment sera réglé son sort ?

(Que dit) La sagesse des ancêtres de la vie sous la botte/le joug,
Que jusque l’ultime d’entre-nous fasse Justice /et triompher la Vérité

(bis final)

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