Le rond, dont le cercle est la forme parfaite. La rondeur des formes des objets observés. «Contrairement au rectangle avec son angle droit qui n'existe pas à l'état naturel, le rond, pris en son sens générique : cercle, cylindre, cône, sphère... le rond abonde naturellement tant dans le règne minéral que végétal et animal; graines, fleurs, section de tiges de végétaux, yeux, soleil, lune, astres,...» (Encyclopédie). Ajoutons degrés, arc, anneau, orbite, corde, etc...
Notre écriture ancestrale qu’a héritée le tifinagh moderne est une écriture géométrique et non pas hieroglyphique. La géométrie est donc un élément essentiel à prendre en compte dans la compréhension de notre langue. Qui dit géométrie dit architecture. Le son R dans le tifinagh, depuis l’ancien libyco-berbère au tifinagh de nos jours dans toutes leurs variantes, est désignée par un cercle (qui rappelle la lettre latine O ou le zéro). Déchiffrer notre langue est une condition sinequanone pour la faire renaitre de ses cendres.
Les préfixes R ou les verbes berbères en mouvement:
Tout francophone est sensé savoir que le préfixe latin Re symbolise le mouvement la répétition de l’action, le retour en arrière. Dans notre langue tifinagh pour le son R on utilise le cercle R rond comme une Roue (symbole du mouvement par excellence) et signifie le mouvement entamé ou répété et le retour en arrière pour le recommencement. Ensuite ça n’est pas pour rien que le R est phonétiquement roulé, mouvement oblige. Prenons les verbes (à l’impératif) du berbère contemporain de Kabylie pour illustrer cette définition. On sait la difficulté à discerner les voyelles en kabyle mais celà ne nous empêche pas d’y voir plus clair. Le verbe «eR» signifie mets/rends (mettre/rendre). Le verbe «æRR» (se prononce comme «eurr», R roulé) qui est la commande usuelle de l’ânier (conducteur d’âne) à son âne ou à son mulet pour lancer le mouvement ou pour se mettre en marche (en rond, remarquez) pour faire tourner le moulin ou un autre engrenage . Les verbes portant le préfixe R signifient le mouvement : son lancement, son accélération, sa continuation, son arrêt, sa répétition, etc... «aerfedh» (lève/relève), « aernu » (continue/ajoute), «aerwel» (fuis/cours) et sa déformation ghiwel» (hâte/presse/depêche/grouille-toi), «nernu» (pousse/grandis/croître), «aerju» (arrête/attends), «aerzef/arzu/arzew» (visite/voyage/pélerinage). Il y a aussi la dimension spirituelle et humaine de la lettre ronde, le R berbère. Le R berbère désigne l’écriture «arru»-écris (thira=écriture), la main en mouvement. «aerzef/arzu/arzew», déjà cité, désigne le voyage du point A au point B en ligne ou en parabole. Le R désigne aussi le voyage en parallèle «argu»-rêve, l’esprit en mouvement. Et beaucoup d’autres choses...On ne va pas aller plus loin, ces exemples sont amplement suffisants. Idem pour les conjonctions, par exemple « a’R » qui signifie «vers» (ar zdheth = vers l’avant/en avant) et «jusqu’à» (ar melmi = jusqu’à quand), ou pour l’adverbe «ar dhqal» (dans un moment/ensuite) les deux délimitent tout simplement le mouvement dans le temps et l’orientent dans l’espace, c'est à dire ils sont les vecteurs du mouvement.
La négation R:
Tout francophone connait la négation « ne ....pas», la formule dans le berbère (le kabyle en particulier) est la même: « ur ...ara». Exemple «ur tsualigh ara» = je ne vois pas. Ce qui est intéressant c’est le sens de « uR» et de «aRa». Il est fort plausible que le «uR» équivalent au «Ne» français mais aussi utilisé séparement comme dans «ur yella wen» (il n’y a personne) signifierait «rien» le néant, le zéro algébrique et bien sûr et surtout le cercle géométrique. Le mot kabyle «ulash» ou «ulac» (zéro, rien, pas) très utilisé par les temps qui courent viendrait-il de la composition de «uR» et de «aRa» avec la mutation du premier R en L, chose fréquente en berbère, et une terminaison avec le son «sh» qui généralement signifie la petitesse ou l’affection (hmed devient hmidush « petit hmed», idem taher – tahrirush, amir - amirush). Si c’est le cas le mot «ulash», ou «ulac» en kabyle conventionnel, signifierait le petit cercle ou simplement le zéro. Remarquez qu’en kabyle le mot emprunté «Lla» qui signifie «non» en arabe se dit «all’a», comme «ara», c’est un détail très symptomatique de l’assimiliation trop facile de mots étrangers auquels les kabyles finissent malheureusement par s’habituer.
Les suffixes berbères dans le cercle R:
Mais de loin ce sont les R-terminaisons des mots berbères, ici de Kabylie, c’est à dire des suffixes composés de R et d’une voyelle qui nous donneront plus d’informations très intéressantes. On ne prendra que les mots «naturels» du règne animal/végétal/minéral et évidemment dans leur variante de base, au masculin singulier. Nous allons comprendre comment les voyelles qui mariées au R pour former le préfixe, comme des aiguilleurs, vont orienter le sens des mots. La classification des terminaisons est chose courante en grammaire. Notre regroupement des mots finissant par un R-suffixe va nous monter plusieurs choses ô combien intéressantes. Ces suffixes délimitent la forme du mouvement dans l’espace.
Voici donc la liste des mots utilisés (langue berbère de Kabylie) au masculin singulier, noms «naturels» uniquement.
aR : *aDhmar, aDhrar, aMghar, aMrar, aNnar, aNzzar, aSghar, aSsamar, aZaghar, uRar aZzar.
eR : aNzer, *iFer, iFker, iGhzzer, iGer, iGuidher, *iJifer, iMgker, iSher.
iR : *aGeshrir, aNyir, *aShenfir, aVendir, aWrir, Dkxir, iLemssir, iThvir, Shir, Yir/ iir = ighir.
uR : aGeffur, aGhenjur, aGur, aH'eddur, aHishur, aKur (takurt), aMqerqur, aMur, aQendur, aQrur, aRrur, aSaghur, aShrur, aZagkur, aZemmur, uGgur.
oR : aQejmor, aQejdhor
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Ra: - (négation aRa)
Re: -
Ri : aVruri, iFri, iThri, iZzri. + (Feminin pour complémentarité): TheHri, Thiziri.
Ru : aQerru, aSsaru, Vururu.
Ro : aZzro
Remarque : mots précédes d’un asterix * vont toujours par deux, en paire.
Conclusions géométriques plausibles par groupe de suffixe:
iR désignerait le quart de la sphère (un secteur de cercle, 90 degrés). Mot pour comparer: awrir (thawrirt).
eR plus étalé que «ir» désignerait un fuseau ou un hémicycle, une hémisphère (demi-cercle, 180 degrés) comme l’envergure des ailes déployés de ighidher-l’aigle. Mot pour comparer: iger, donc plus grand que awrir (thawrirt).
aR, pris à part, désignerait-il un cône? Non, probablement un éventail ou une voûte en éventail très ouvragée. En tout cas dans le cercle il couvrirait jusqu’à 270 degrés. Mot pour comparer: azaghar/plaine nettement plus grand que iger/champ et awrir/butte.
uR désignerait un cylindre avec sa hauteur/profondeur, un tube ou même un tonneau, il va jusqu’à 360 degrés. Regardez bien les mots de ce groupe et vous comprendrez pourquoi. Mot pour comparer : amur (thamurt) mot générique qui signifie part/ campagne/pays/ région/patrie donc son sens nettement plus important que azaghar/plaine, iger/champ et awrir/butte.
Ri désignerait un cycle, une sphère, un globe. Y compris le globe occulaire (izzri) par exemple. Mais plutôt il désignerait la sphère, un astre par exemple ou voir même le cosmos.
Ru désignerait la trajectoire, vraisemblablement du soleil qui balaye environ 180° de l’horizon (aux solstices) et 270° lors de l’équinoxe d’été. Ou voir même l’orbite visible d’une sphère, d’un astre par exemple, s’il s’agit du cosmos. Le suffixe Ru de tête-(aqerru) car elle pivote autour de son axe jusqu’à 180 degrés (comme le soleil en solstice!) pour l’homme et à 270 degrés! pour la chouette (comme le soleil en équinoxe d’été) : pour cette belle et chouette performance le suffixe «ru» est doublé dans l’appellation de la chouette «vururu», «vu»=celui qui possède, deux «ru», une double vue ou un faisceau pour balayer l’horizon (géométriquement un faisceau est déterminé par deux cercles non concentriques). Enfin, le mot «assaru», la ceinture que la femme noue autour de sa taille, fine peu-être mais surtout ronde (sphérique), ce mot signifie aussi destin et même film qui équivaudrait au terme anglais movie. Ce mot serait géométriquement un anneau (surface comprise entre deux cercles concentriques), peut-être un segment sphérique ou meilleur encore, vu la forme du corps féminin, un secteur sphérique.
Ra désignerait la sphère parfaite, donc le cercle.
Maintenant on peut reproduire le même disque 1. pour la rotation de la terre autour de son axe et ainsi déterminer avec exactitude les points cardinaux et les segments de la journée ; 2. pour la révolution de la terre autour du soleil pour déterminer les saisons et les 12 mois de l’année ; 3. verifier s’il y a corrélation avec le calendrier agraire, le calendrier astronomique, l’horoscope, etc...Mais le plus intéressant serait de mettre en place le "disque des voyelles", à l'intérieur et à l'extérieur du cercle pour les décompter et les déchiffrer.
On voit par exemple que le mot «assamar» coincide bien avec le point cardinal préssenti – le Sud!
Décryptage à défaut d’étymologie fiable:
Mon souci est d’éviter de dire n’importe quoi et de faire de l’étymologie erronée. Donc ce qui va suivre n’est qu’une tentative de déchiffrer les mots du R-lexique. Toutes les versions sont bien sûr hypothétiques et svp pas de raccourci. L’objectif est d’abord de satisfaire ma curiosité par amour de ma langue maternelle. Maintenant si ces hypothèses susciteront l’intérêt des spécialistes qui après vérification pourront confirmer certaines d’elles et infirmer d’autres, et même toutes s’il le faut, on ne pourrait que se réjouir pour notre langue-mère. Voici donc mes quelques suppositions:
iThri: étoile en kabyle ou peut-être la version «touarègue» en tamacheq aThri serait plus juste. Ce qui nous aurait permis de le déchiffrer imprudemment comme Ath-Ri ou «ceux de Ri», quoique le préfixe d’appartenance (ascendance) chez les tamacheqs est non pas le Ath (comme en kabyle) mais Kel. Il est important de comprendre que Ri, géométriquement désigne une sphère mais en réalité pour les hommes désigne aussi, et d’abord?, un astre comme nous le voyons, et voir même le cosmos .
anZzar: qui ne connaît pas l’importance de «anzzar» pour tous les berbères et l’appellation de l’arc-en-ciel «thislith nu’anzzar», la fiancée d’anzzar. Géométriquement il s’agit simplement d’un arc, comme pour le mot du même groupe Izzri (vue/yeux) qui désigne en fait l’arcade sourcilière, l’oeil lui-même étant désigné par un autre mot (thiT). Donc anZzar = arc, pas plus compliqué que ça. Au sud-ouest anZzar en chleuh signifie à tort «la pluie» qu’en kabyle nous désignons par aGgefur.
uGgur: signifie problème/peine en kabyle contemporain ; physiquement le mot est proche d’un "réseau embrouillé", d’une pelote de nœuds ou du nœud Gordien vu que la lettre G de la racine du mot y prête à cette allusion?
uL: signifie coeur en kabyle au nord et en tamacheq au sud mais en rifain à l’ouest il devient uR. Alors qui a raison? En kabyle le rein (organe plus petit que le coeur, la rondeur R y est aussi) est appellé petitement, au féminin, thuRets. Vu la forme du coeur et la rondeur de la lettre R la version rifaine est plus vraisemblable que celle en kabyle et en tamacheq. On vérifiera plus tard si cette hypothèse est vérifiée lorsqu'on se penchera sur la lettre L de notre langue-mère.
theHri: l'épaisseur (ou largeur) mais remarquez que l'adjectif gros/large est Zur, donc on voit là une mutation au sein du kabyle même du H en Z. Il est généralement admis que le H (aHul) tamacheq ou guanche se mute en Z (aZul) des langues du nord (kabyle, rifain, chaoui, etc...).
Conclusions:
J’ai sans doute omis quelque chose mais pour l’essentiel je pense avoir fait une bonne réflexion et j’ai sans doute raison de la partager. Je ne suis pas un spécialiste en linguistique (même pas amateur!) mais tout de même j’ai trois atouts : ma formation de base en mathématiques, ma liberté (par rapport à un spécialiste qui a peur de se compromettre) et l’amour de ma langue maternelle. La géométrie est abondante sur tous nos supports culturels (langue, artisanat, architecture, etc...). L’exploitation de telles informations contenues dans la langue-mère, une fois attestées par les spécialistes en sémiologie notamment, va permettre de mettre en marche le générateur linguistique berbère et d’accélerer l’accession de notre langue-mère et de son peuple à la modernité sans se laisser cannibaliser par l’usurpation. Lors des prochains posts (billets) je prendrai d’autres exemples et je reviendra aussi sur les conclusions plausibles à tirer de ces «réflexions» à défaut de recherches. Une chose est sûre: il n’y a aucun doute que ça n’est pas par hasard que le tifinagh est géométrique avec toutes les connaissances que ça suppose. Nulle part ailleurs vous ne trouverez pareil règne de la géométrie. L’authenticité de la langue-mère est indéniable, il suffit juste de voir de plus près. La lettre R est à mon avis l’une des plus importantes du tifinagh.
Le cycle infernal va bientôt s’achever pour le vrai peuple et le jour de «la Vérité» n’est pas loin. Il n’y a plus à en douter, le Créateur sera bientôt de retour en Afric.
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Vocabulaire:
ADhmar = poitrine, aDhrar = mont/montagne, aMghar = vieux/senior, aMrar = corde, aNnar = aire, aNzzar = arc (en ciel), aSghar = bois, aSsamar = versant ensolleillé (sud), aZaghar = plaine, uRar = choeur/fête/jeu; aZzar = racine; aNzer = nez/narine; iFer = aile/feuille; iFker = tortue; iGhzzer = torrent/ruisseau, iGer = champ, iGuidher = aigle, iJifer = pan, iMgker = serpe/faucille, iSher = ongle. AGeshrir = genou, aNyir = front, aShenfir = lèvre, aVendir = bendir, aWrir = colline, Dkxir = aimant, iLemssir = peau de mouton tannée, iThvir = pigeon, Shir = balle, Yir/ iir (ighir)= rive, côté (extrémité). AGeffur = pluie, aGhenjur = aquilain (nez), aGur ou aYur = lune/mois, aH'eddur = crêpe, aHishur = paille, aKur (takurt) = pelotte, aMqerqur = crapaud, aMur = part/lot (de terrain), aQendur = sa forme arabisée Gandoura; aQrur = petit garçon; aRrur = dos, aSaghur = fourrage, aShrur (enfantin) = zizi, aZagkur= colonne vertébrale, aZemmur = olivier/olive, uGkur = problème/peine. AQejmor = tronc, aQejdhor = ustensile. AVruri = grêle; iFri = grotte/caverne/abri, iThri = étoile, iZzri = vue/yeux. TheHri = épaisseur/largeur, Thighri = cri; Thiziri = clair de lune/belle; AQerru = tête; aSsaru = ceinture/destin; Vururu = chouette/hibou; AZzro = pierre/caillou/rocher.
jeudi 6 mars 2008
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