dimanche 1 mars 2009

Numidie libre

Ce post va nous dévoiler un phénomène assez inattendu en langue kabyle "mazigh".

Amon
Tout est parti de la désignation de l'angle en kabyle. Nous savons que le mot angle vient du grec gônia avec la racine [Gh.N]. En kabyle moderne le mot tha-ghwmaR-th désigne "coin, angle, le coude" donc le sens de "angle" est attestée dans la racine de ce mot mais le mot tha-ghumaR-th lui-même désignerait un angle bien défini (droit, aigu, obtu) que l'on devra comprendre plus tard. En outre nous avons vu que le pointe est attestée par la gamma kabyle (G, K ou sa mutation en gutturale Q). De là la certitude que la désignation "d'angle" doit comporter une racine avec la lettre gamma (G,k,gh,q); il est très probable que ce soit une racine GN comme en grec pour gônia (angle). Cette hypothèse nous mène à déduire que le mot tha-ghumaR-th devrait s'écrire avec un N tha-ghunmaR-th. Ceci nous amène à avancer la supposition suivante: le N pourait être avalé devant un M, et plus largement le double son MN ou son inverse NM peuvent avoir été remplacés avec le temps par un N ou un M simplement. Ce phénomène en langue kabyle, mazigh en général, aussi inattendu et insolite qu'il puisse paraître donne des explications très convaincantes à des mots clés de notre lexique kabyle, comme au lexique commun au kabyle et aux autres langues comme le latin ou les sémitiques.
L'argument le plus fort pour conforter cette hypothèse GN "angle" est le verbe kabyle knu/gnu = courber/incliner/plier par extension se courber. Voir aussi le verbe qumesh (gunmesh?) = s'accroupir, plier/replier les jambes (genous); idem qemesh (qenmesh?) 'allen = replier les paupières/fermer les yeux; ghemez (ghenmes?) = cligner, clin d'oeil. Cette racine GN est la même en latin pour genou, la même en anglais "knee" (genou) et en russe pour gnut' (courber, plier).

Lexique MN-NM
a-kniw = jumeau
a-kniw serait plutôt a-gniw.
avec MN à la place du N on aura: a-gemniw...équivalent du latin gemini (jumeaux)! On peut continuer avec gma (frère) qui serait genema plutôt que gemena, yem/yema (mère) qui serait yenema ou ghénema (y-gh) avec à la racine le gène ou en grec genos/ghenos (race, famille).

M atteste le sens de "semblale". am = comme. amna = comm si. lemnam = rêve
tha-mashaHuts = un conte, un mythe, une fable
avec MN à la place du M on aura: tha-mnashaHuts ou amna "comme si" atteste bel et biel qu'il s'agit d'une histoire imaginaire.

Lmal = le bétail, les animaux
avac un NM à la place du N on aura: lenemal...très proche de animal issu du latin.
a-gumaDH = rive opposée, rive occidentale ou éloignée.
avec un NM on aura a-gumenaDH oû l'on distingue parfaitement le mot a-menaDH/tha-menadT = province lointaine.

Prenons la racine lw, lwn dans les toponymes comme ath-lewnis et anthroponymes kabyles comme lewnis, lwenas.
lewnis avec MN à la place de N devient: lewmnis...tout proche de lumen en latin (lumière), les arabes ont très mal compris ce sens de "lumière" en adoptant ce mot lwn/lwmn sous un autre sens lawn (couleur) sauf si on leur accorde que la couleur que nous voyons est la lumière réfléchie. Cette racine de "lumière" [lmn] pourrait se cacher derrière le mot lmalayekath (les anges), mot qui n'a que ce sens et qui n'existe que sous cette forme qui paraît comme un pluriel mais qu'on retrouve en sémite-arabe al-malik, al-muluk qui signifie "ange, seigneur, roi"; lmalayekath serait avec un MN simplement lemen-ayekath...à vérifier. Toujours est-il que cette "lumière" lmn se retrouve ailleurs mais atrophiée: luna, lunya = lune qui serait simplement "lumena" soit la lueur ou a lumière du soleil réfléchie par ce satellite de la Terre. Par ailleurs dans le mot lemry (miroir) la racine courte [lm] serait [lmn] et le mot serait lemen-ry (RY, RG rgets, RGH regh = rayons de soleil/lumière) pour miroir (qui reflète) tout comme la lune ou les fleurs reflètent la lumière solaire. Donc en plus de "lumière, lueur" la racine [LMN] comme ses formes réduites [lm] ou [ln] attesterait vraisemblablement le sens de "réfléchir", ceci est d'une grande importance pour comprendre le mot lemedh (voir plus bàs).
lm+dh
Lemedh = étudier. Là il y a intérférence avec les sémitiques, en hébreu Talmud de lemedh "bâton" (du maître enseignant?), en arabe tilmidh "élève".
lemdh avec un MN à la place de M devient: lemendh ou lmn-dh. lmn (illuminer) et le DH kabyle atteste la barrière, le noir, l'horizon lointain invisible, occulté, l'ombre, le sombre, le noir.
dh+ lm, vérification avec un autre mot avec les mêmes racines.
thily = ombre. tha-dhuly = couverture.
dTlam = obscurité. Ce mot serait-il dTlamen ou dh + lmn.
Donc au final:
lmn + dh signifie "illuminer" le "dh" (obscurité, inconnu, noir, sombre)
dh + lmn signifie l'inverse, "couvrir, occulter" lmn (lumière).

Si comme dit plus haut le sens de "réfléchir" se confirmait pour la racine [lmn] dans ce cas il est aisé de comprendre lemedh comme réfléchir au sens de faire travailler son intelligence donc étudier telle ou telle matière...qui donne à réfléchir. Un autre mot est lié avec lemdh/lemnedh, il s'agit de lemthel (lementhel, lemendhel?) qui en kabyle, ex.HeDHeR s lemthul signifie "une métaphore, une allégorie, une parabole", voir même "une fable" ou "morale d'une fable" dont il faut deviner le sens en réfléchissant; ce mot existe en arabe mais avec un autre sens mithel, mathalan (par exemple), le verbe mathil (représenter). 

Numidie libre
DH kabyle atteste le terme, arrivée, la barrière.
M kabyle atteste la proximité, la similitude et géomtriquement la médiane
N kabyle est géométriquement un anneau, un arc (ex. anzaR = arc-en-ciel)
Vous comprendrez que le mot thi-mi (sourcil) arqué par excellence est sans doute avec un N, soit thi-mni ou thi-nmi.
mdhel = refermer (barrière, portes). Voi verbe aamedh = permettre, autoriser.
tha-mdha = barrage, digue, bassin (d'eau)
a-mdhun = petit bassin (d'eau), étang. 
tha-medhush-th = petite bassine, marre (d'eau)
Ces 3 mots attestent clairement la "fermeture, clôture, barrière" ou stationnement/arrêt. 
th-medhint = ville. Les camarades arabes feraient dans le ridicule s'ils continuent à revendiquer ce mot comme beaucoup d'autres d'ailleurs notamment dwr de DHeweR (tourner), géométriquement ça aurait l'air de qlq'un qui crie que l'eau est du sable!
a-mdhan = citoyen, citadin
En réalité ces mots devraient avoir eu une autre forme avec un NM, on va donc restituer le N à ce lexique pour avoir:
a-nemdhan = citoyen, citadin
tha-nemdhit = ville
On nous dit, les "spécialistes de la dénigration" disent, que le nom antique de notre chère Numidie serait venu du grec nomadhos (nomade) !!! Mais comment est-ce envisageable pour un pays qui n'a jamais été sous les grecs pour prendre un nom d'origine grec et surtout pour un pays constitué de villes et forteresses au moins depuis la période punique donc pré-romaine. Le nom de Numidie vient simplement de la langue numide (mazigh) avec le sens attesté par la racine [nmd] ou [md] moderne de medhel/medhint. En un mot Numidie c'est avant tout les villes et les citoyens! La signification exacte réside dans la racine "medh" de medhel (fermer) et aamedh (autoriser, permettre, laissez faire/passer). Selon plusieurs calques sur d'autres langues notre racine medh (ou nemedh en antiquité) attesterait le sens de "libre, volonté libre" donc il s'agit de citoyens libres ou citadins libres pour Numidie. Une autre variante nous renvoie vers le sens de "autorisé, autorité, auteur".
Mieux encore, avec la prise en compte de comme on l'a vu plusieurs fois sur ce blog l'altération du son "dh" ancien en "z" actuel on arrive à lier l'antiquité à notre présent:
mazigh
madhigh
madhiy
+ N: nemadhiy, nemdhy - Numide
La terminaison "y" (iy) est passée en "ghi/igh", donc notre a-mazigh aurait été a-madhiy plus le N il aurait été nemadhy, au pluriel notre i-mazighen actuel aurait été nemdhayen, les numides!

Par ailleurs vous comprendrez d'oû sont venues les fausses pistes donnant des origines fantaisistes à notre peuple, comme "mèdes" par exemple (quelle horreur! mais on n'est pas des asiates, bon sang! ) qui comme vous le voyez serait sans doute une mauvaise interprétation de Numidie à une certaine époque.
Voilà donc combien de surprises nous a apporté ce phénomène NM-MN. Ce phénmène pourrait expliquer d'ailleurs pourquoi en kabyle moderne certains utilisent M seulement alors que d'autres MN comme dans tha-gemut, tha-gemunt. On peut appliquer cette règle MN-NM au mot atlant, atlantide pour y voir plus clair peut-être...