dimanche 24 octobre 2010

Moïse en Kabylie

Post consacré à Moïse kabylement...

Dans le twitt Siwa-Mekla j'avais annoncé que les gamma (q, g, k) étaient interchangeables avec la semi-voyelle U, W. On va continuer avec cette formule pour décortiquer le lexique kabyle.
W, U ~ K, G, Q

Cogner
Prenons le verbe kabyle weth, eweth pour la forme parfaite ou impérative, kath pour l'imparfait. Ici c'est K ou W pour le même verbe:
weth, kath = battre, frapper, taper, cogner
On dit kath/weth pour "battre, battement " (du coeur par exemple), exemple pour la pluie/la neige qui bat (tombe en français), pour une montre ou un compteur (ash'hal the-kath? pour voir la vitesse maximale d'une bagnole).
On dit kath/weth pour frapper/taper/cogner qlq'un. Pour la petite anecdote la racine KT est la même pour kath (cogner) et kthunya (coing, cognassier), on est par simple hasard dans la même logique en kabyle comme en français: kath - kthunya, cogner - cognassier!

Cata
Dans le mot catastrophe vous devinez sans doute une origine grecque, en particulier le préfixe cata vient du grec Kata pour "bàs". En kabyle WD pour wada signifie justement le bàs, avec cette interchangeabilité W-K on aura wada = kada ou, avec t à la place du d occlusif, kata. Les noms, partronymes, sobriquets kabyles viennent des toponymes, donc awdhay, awday, udan est pour celui qui habite wada "le bàs", l'équivalent de kata (cata) grec. Il y a confusion numéro 1 entre ce nom issu du toponyme wada (bàs) avec la désignation awdhay pour "le juif", voir "l'hébreu" car ce sont de nos jours des homonymes.

Lâche
On va passer à la confusion suivante numéro 2 concernant "le juif" en kabyle et en langues mazigh plus généralement. On dit en kabyle
uGadh, thuGdhi = avoir peur, la peur
thawdhayth = lâcheté, refus de se battre (weth, kath), voir pacifisme
Avec la formule W-G thawdhayth serait thuGdhayth quasiment idem à thuGdhi (la peur), donc ceci explique celà, la lâcheté ou le refus de se battre = la peur.
Donc awdhay (le juif) n'a rien à foutre avec thudghi, thawdhayth (peur, lâcheté) - certains y trouvent leur compte pour utiliser ce péjoratif pour stigmatiser tout hébreu/tout juif, ce qui est contraire aux traditions kabyles qui ignorent la haine de l'autre - , tout comme il n'a rien à foutre avec le patronyme avec la racine wd/ud tiré du toponyme de wada (bàs). Très probablement le terme awdhay (le juif) serait une variante kabyle de la forme sémitique, arabe par exemple, yahud, yahudi.


Moïse
On va parler du premir Moïse, pas du deuxième (Moïmonide), donc du berger/pasteur avec son bâton. Nous utilisons en kabyle la forme sémitique-arabe musa (Moussa) pour Moïse (Moïshe en hébreu). Des lieux, des toponymes avec musa (Sidi Moussa, Ouled Moussa) et en conséquence des patronymes Moussawi il y en a en Kabylie comme dans toute l'Afrique du Nord.
W ~ K
Cette formule appliquée à MWS pour Moïse, MWSA (Moussa) va devenir MKS pour la fomr kabyle, mazigh en général. Et cette racine MKS est dans a-meksa "le berger, le pasteur", dans les patronymes Meksa, Meksi aujourd'hui isolés car supplantés par la variante à consonnace arabe, occupation et arabisation obligent, Moussa.
Et Moïse, le premier avec son bâton, devrait être chez nous Meksa "le pasteur, le berger".

Cette formule W~K/Q s'applique parfaitement même pour le lexique àpriori emprunté au sémitique arabe:
mus, mws (prononcer mousse) = couteau
mws ~ mqs comme dans thi-mqesthin = ciseaux (grosso modo deux lames/2 couteaux croisés ou mixés...donc mqes - mixés ce n'est loin!).
Reste à comprendre si cette formule nous expliquera "le croisement, la croix", Moïse, la Croix, Jésus, etc... A suivre donc.