mercredi 10 décembre 2008

Stoponymie

Post express juste pour témoigner et avouer que je suis tombé sur un os, l'os des os: la toponymie mazigh !

En me fixant comme objectif d'élucider le mystère de la toponymie mazigh d'Afrique du Nord je n'ai pas imaginé un seul instant que ce serait tellement difficile même si je ne me faisais aucune illusion au départ. J'avance difficilement, un pas en avant et STOP! encore un autre et stop de nouveau. Brrr....Je pense maintenant qu'il fallait d'abord comprendre toutes les racines, surtout les affixes des toponymes, de la langue kabyle/mazigh/"libyque" avant de me lancer dans cette aventure. J'ai pris plusieurs exemples, en Kabylie et ailleurs et je crois avoir compris partiellement le système des appellations toponymiques mazighs. Et ces révélations très convaincantes une fois démontrées vont bouleverser notre compréhension de notre toponymie et de notre histoire.

La difficulté
Elle vient du fait qu'on ne sait pas par oû commencer, quel repère prendre, quels systèmes susceptibles d'êtres utilisés et à quelle époque? Si l'on prend un exemple concret d'une région ou d'une commune que l'on connait bien, en l'occurence Ath Dwala au sud de Tizi-Ouzou, on se rend compte de plusieurs choses très étonnantes les unes plus que les autres. L'existence d'un système de classement est indéniable et ma foi ça promet, ça promet malgré toutes les difficultés. Outre les points cardinaux, il faut retenir que d'autres notions rentrent en jeu, versant ensolleillé ou ombragé (en montagne chaque crête est ainsi divisée), orientation dans l'espace (haut, milieu, bas, gauche, droite), orientation géographique (porte d'entrée/sortie ou selon le point cardinal porte de l'est, etc...), orientation dans le temps de la journée, parcours du soleil (matinée, midi, journée, après-midi, soir, nuit, coucher et lever du soleil), bien sûr le relief est pris en compte et Dieu sait encore quels autres critères. J'ai l'impression qu'un lieu doit répondre à plusieurs critères pour justifier son nom! Il faut remettre en cause toutes les interprétations usuelles de notre toponymie et voici pourquoi.

Premières révélations
Une chose est sûre: ce classement est lié au corps humain! Soit c'est l'oeil au centre (repère) soit le coeur. On confirmera plus tard.

Pour désarabiser: le A "ayn" arabe aurait cannibalisé et remplacé nos "'a, ha, Ha et gh", faire l'inverse selon le cas de figure pour revenir au mot d'origine.
Les noms toponymiques en montagne Kabyle ont été phonétiquement arabisés dans leur interprétation mais ils n'ont pas moins gardé leur signification d'origine. Exemple des Ath-Dwala ou Béni-Douala (daïra): au sud-ouest Ath Mahmudh n'a aucun lien avec le nom arabe Mahmoud et il est lié à sa situation géographique, à l'origine il serait Ath ou aYeth Maghmudh ou Maghmuz, ce toponyme a été altéré avec le temps. Idem à l'est Ath ou aYeth Yidhir n'est pas lié à un mythique Idir fondateur du village mais à sa situation dominante sur les hauteurs de la crète Est -Nordest, il serait un aYeth gadhir, gadhir, muté en gydhir puis en yidhir (g en Y assez banale comme mutation) signifie toujours "une hauteur dominante, grenier".
Ighil compris comme "colline" est souvent "un bras" toujours au milieu d'une crête, il regarde vers l'est probablement; son inverse sur le versant opposé serait 'aly, Haly (ex. ath Hlal, ath aaly) , voir même waly comme dans ath wali, ath aaly waly ou avec waly au génitif ath vwaly transcrit Ath Bouali en français colonial, puis arabisé en Ben Bouali.
tha-gemut est le féminin de agemun; je dis bien tha-gemut comme on dit aux Ath Dwala et non pas tha-gemunt comme beaucoup l'écrivent: le suffixe masculin -un devient -ut au féminin comme a-mequn/tha-mequt, etc...
agemun (entrée nord nordest) est toujours seul alors que tha-gemut est toujours composée comme tha gemut azuz (sortie, extrémité sud sudest de la commune en question), tha gemut ukerush, tha gemut lejdhidh, etc...tha gemut azuz (Taguemout Azouz) oû le azuz, ou 'az (haz, has) est au sud-est sud, tout comme azun de Bab Azoune est au sud d'Alger (portes du sud, car bab=porte en arabe).

idem pour thi-ghezeRth au féminin (seule) et IghzeR au masculin (composé: ex. Ighzer amokrane).
ymy signifie "bouche", parfois qemush; ymy pourrait donner gymy au génitif.
azuz, zuz atteste probablement le côté sud ou sudest. Les toponymes zuz ou sus (Sousse en Tunisie, Souss au Maroc) doivent être rangés dans le même casier. Les variantes avec Y à la place de W(u) et la mutation des centrales S-Z en T-D aussi: -dhydh (Lejdhydh), pa exemple.
gemun, genun (Ouagenoun), mymun comme Ighil Mimoun: suffixes communs. Les patronymes Mimoune, Guenoune, Ouguenoune sont assez répandus en Algérie.
-ushth, ghusth atteste indéniablement le côté du coucher (ouest), d'ailleurs khush = dormir, comme tha maghushth. De là les patronymes Maouche (maghush), Amaouche (amaghush), etc... Idem pour l'appellation aysi des Ath Aïssi (thi ghZeRth et autres) au nord de la commune devrait son nom plutôt à Ath ou aYeth Ayeshi/Hyshi/Ghayshi, Layshi en rapport au coucher du soleil Laasha qui serait laghsha/Lakesha de ghesh/khush (coucher). De là probablement les patronymes transcrits Ayache, Laayachi, Hachemi, Hachimi, Ait Hichem en toponymie.
tha wrirt musa (Taourirt Moussa), village natal de Dda Lwenas Matoub, n'a pas de lien avec un mythique Moussa mais avec sa situation géographique mus, muz (Muzaya), mudh, mys, myz (Myzrana) ou point cardinal qui reste à définir.

thala est uniquement aux entrée/sorties Nord (thala bwnan) et Est (thala khelil/ghelil?) de la commune. Coincidence?

On reviendra sur la toponymie des Ath Dwala et des autres une autre fois. Pour le moment je finis sur ceci:
thizi wezu Tizi-Ouzou n'est pas "le col des genêts" comme l'on croit. WZ ou WS indique sa situation géographique, c'est sûr et certain; pour ce qui est de l'autre sens de thizi (col à vue dégagée à 360 degrés, lieu d'observation) on verra plus tard quand on aura son masculin (hys, hyz de Hyzer ou ghez de yghzeR. voir aussi khZeR = regarder, contempler et ZeR = voir). Voir toutes les racines de cette classe WS-WZ, YS-YZ, WT WD, YT YD. Pour ce qui est de Tizi-Ouzou la racine de wezu WZW ou WSW est à la même case que YZY ou YSY de Aysi d'oû Aïssi, Oues Aïssi le fleuve; je rappelle que WD signifie "bas" (bwada= (celui) du bas, s'wada = du bas vers...) en kabyle d'oû LWD de lwDHa, loudha = la plaine (WD repris en arabe au sens de oued = rivière). En outre cette racine WZW de Tizi-Ouzou pourrait avoir un lien avec ZW de azwaw. On se demande si à Alger le toponyme Bab El-Oued "porte de la rivière" en arabe ne serait pas plutôt, selon la logique des humains, "porte du bas, la porte basse" pour indiquer la direction à l'instar de Bab Azoune (porte du sud), ou Bab Zwar oû le sens ZWR est incontestablement à rechercher du côté de la langue kabyle/mazigh.

thala (source, fontaine) pourrait être le féminin de akal (terre) qui lui aussi aurait une autre signification en toponymie, ou bien le féminin singulier de 'allen = les yeux, donc thalla pourrait être aussi oeil (oculus en latin)? En toponymie ça serait un centre, repère?
Comme quoi le lieu appellé "la terre noire" akal averkan au centre des Ath Dwala pourrait avoir une signification très particulière en toponymie et si mes premières suppositions se confirmaient, ma foi je pense que l'on peut passer à la toponymie de l'Egypte ancienne, ça n'est pas pour rien qu'Osiris était ce qu'il était...pour les prêtres astronomes de "la première source".

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