mardi 16 décembre 2008

Racines

Ce post est consacré à la toponymie mazigh d'Afrique du Nord

Introduction
Nous allons voir quelques exemples de toponymes, et par conséquent des patronymes, nord-africains d'essence kabyle, mazigh mais maquillés par l'usurpateur pour qu'ils sonnent arabe. Depuis que ça sonne ça ne répond pas, il est temps d'en finir avec ces absurdités! L'identification des racines est le meilleur moyen de revenir à ses racines!
La répartition topographique sépare en 2 un lieu habité (village) selon l'axe central, généralement c'est la route principale qui mène de droite à gauche ou de haut en bas. Le village est ainsi scindée en deux hémisphères, celui de droite et celui de gauche. En plus on tient compte du niveau (haut, moyen, bas) de chaque partie du village (adhrum), l'insolation de chaque partie ou à quel moment le soleil éclaire tel ou tel coin (sans doute au solstice d'été), le positionnement sur l'axe ou route centrale (sur l'axe ou sur les côtés) et donc l'orientation selon les points cardinaux. Voilà pourquoi en kabyle on désigne clairement deux versants, ombragé (amalu) et ensoleillé (asamar).
Le miracle, oui miracle!, c'est qu'en kabyle, mazigh "libyque" en général, les racines des toponymes se composent par paire (2) et presque toujours chaque racine peut-être inversée avec un sens équivalent ou proche, il y a là une preuve de systématisation. Pourquoi? Eh bien parcequ'il s'agit de géométrie! La ligne du point A jusqu'au point B va donner linguistiquement AB, et l'inverse donnera BA. Ensuite il faut tenir compte des mutations très fréquentes en kabyle (y - g, w-y, etc...), du L génitif très fréquent dans les toponymes, etc...Et encore une particularité, elle touche plus particulièrement les gens des Ath Dwala/Beni Douala. La voici.

Aïe! Eye!
Vous avez peut-être entendu comment on nous chambre nous les originaires de cette commune surtout ceux du sud-est, Ath Mahmudh (tha gemut azuz, tha wrirth musa, thizi hivey, aguni arus, etc...): thi-meyayin thi-beybuyin au lieu de thi-mellalin thi-belbullin comme la majorité des régions kabyles. En réalité aux Ath Dwala centre on dit tha-mellalt, thi-mellayin, donc c'est fifty-fifty. Donc là nous avons clairement une mutation du L en Y ou l'inverse, c'est selon! Moi je pense sincèrement que la variante tha-mellayth/thi-mellayin serait la plus juste, probablement quand deux L se suivent le deuxième deviendrait Y, ou est-ce une forme du pluriel, qui sait? Voyons un peu notre lexique avec les 2 variantes:
a-mellay (a-mellal) = le blanc
tha-mellalt = un oeuf
way'y (wal'y) = regarde!
allen = les yeux.
s wallen = avec les yeux
Singulier supposé de allen: wal/hal/'al qui pourrait être way/hay/'ay. Un peu comme en anglais eye!
thi-yi (thi-lly) = l'ombre
tha-yets, thu-yath = l'épaule, les épaules. Singulier supposé (inexistant): a-yedh; on comprend pourquoi les sémitiques par confusion désignent la main par yodh en phénicien et hébreu, yed en arabe. Ce supposé yedh est en fait le Aït ou a-yeth, ath des toponymes confondu avec le ath de l'ethnie, clan. La preuve que c'est un "dh": adhrum (clan, une division de village) et non athrum.
a-kay (a-kal) = terre, sol, terrain
thaya (thalla) = source, fontaine
'ayi ('aly) = monte!
'mey ('mell) = montre, indique!
mayu, magu = Mai (mois de)
Bref, moi je pense qu'il faut distinguer Y du L en utilisant le Y uniquement pour les toponymes. Voici pourquoi. Prenons l'entrée Nord des Ath-Dwala en allant de Tizi-Ouzou, c'est Thalla bWanan (Tala Bounane) ou thaya bwunan: c'est là que commence la crête, la montée ('ayi/'aly). Idem du côté est avec Thalla Xlill ou thaya xllil, là aussi c'est la montée Est de la crête. Dans les deux cas le Y atteste la pente!
Aïn Taya sur la côte Est algéroise est en fait un nom doublé arabe-kabyle car le aïn = source/fontaine équivaut au kabyle thalla ou thaya. Mais attention ce toponyme Taya pourrait signifier autre chose à part "source" ou "pente" surtout si le nom a été déformé durant son arabisation par des gens qui n'étaient pas du coin.
Le mois de Mai est dit mayu ou magu (mutation banale de y en g), il me semble que soit on doit désormais désigner a-malu par a-mayu ou bien mayu/magu par malu!
Voilà donc en plus de "l'énigme du Rif" avec la mutation du L en R, nous avons là un autre problème assez sérieux avec "l'énigme des Ath-Dwala" avec le L en Y. Mais peut-être est-ce là une solution, et si le L devenait un Y derrière-devant un R surtout qu'on a démontré qu'en kabyle et autres langues mazigh (libyque) le R et le L ne se suivent jamais et pour cause! (voir le détail sur ce blog), il y a un mot, un seul qui échappe à cette règle alarmi variante hybride de armi = almi =jusqu'à...

Hassi Messaoud
Ah, la rente pétrolière! Et l'oisiveté qui va avec! On n'est pas concernés d'ailleurs, par les both, on va se limiter donc à l'etymologie du mot. Pour hasy (hassi) je vous laisse deviner en prenant le féminin de ce mot. Alors Messaoud, soit-disant issu d'un prénom arabe mesaûd. Arrêtez votre délire les gars, de grâce arrêtez! Les toponymes sont des coordonnées géographiques en ADN! C'est comme sid, sidi: il n'y a pas de saint ou de sainte dans tous les lieux avec ce préfixe toponymique, ce sont des désignations géographiques! Vous voulez un dessin?! Et bien vous l'aurez mais plus tard. Prenons le toponyme d'un lieu désert inhabité sidhy mes'awdh (Sidi Massaoud sur le papier) sur la route de la crête Est des Ath-Dwala du côté des ath-Hlall, tha-vudhristh. On va voir les racines de messaoud, on va prendre dh=d:
Les racine suivantes Si [s.y], Sid [s.y.d] et Sidi [s.y]+[.d.y] très fréquentes en toponyme et en patronymie on en reparlera ultérieurement de leur sens.
[m.s.w.d] = [m.s + w.d]
[m.s], [m.z] = la racine ms indique "isolé, à part, distingué" et surtout en toponymie ms serait le contraire de ns (nes, tunes = incliné, couché) donc "exposé", en l'occurence au soleil donc lieu exposé au soleil (à telle ou telle heure de la journée), d'ailleurs la racine ms ou son inversée sm se trouve dans l'hemisphère ou le versant ensolleilé samar. Prenons un autre village avec la même racine: Ath mesvah -Aït Mesbah- qui serait ayedh mesphah/mesvah: lieu exposé au soleil la matinée, première partie de la journée; il faudra vérifier mais de mémoire ce village étant à l'ouest-nordouest il ferait donc face au levant Est-SudEst.
[w.d.] = c'est clairement le bas, wada/swada/bwada (bas/du bas/d'en bas).la racine inversée dw donne daw = sous.
Donc mes'awdh ou Messaoud est un lieu assez bas et fortement exposé au soleil (sud, sud-est, sud-ouest). Il reste à déterminer son secteur exact sur l'horloge à 12 secteurs de la toponymie mazigh. Pour terminer, rappelons les patronymes ayant une relation avec ce mot: messaoud, messaadia, messaoudi, etc...Comme quoi la rente pétrolière prend le chemin le plus court, de Hassi Messaoud aux patron'ymes mswd!


Racines.
...à suivre!

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