mercredi 12 novembre 2008

Clairefontaine

Post traitant de toponymie "libyque" d'Afrique du Nord.

La toponymie de l’Afrique du Nord porte l’empreinte originelle de ses vrais habitants car tous les envahisseurs successifs n’ont pu la latiniser, sémitiser, «turquiser» ou arabiser. Si les noms des villes et des villages ont été gravement touchés les noms des lieux ou des régions sont le plus souvent restés intacts ou légèrement déformés par les conquérants. En essayant d’interpréter la toponymie d’Afrique du Nord on doit d’abord bien connaître les langues de tous les mazighs, ensuite procéder à un assainissement des appellations actuelles (toponymie officielle) pour exclure toute confusion, procéder à un classement pour séparer «villes», «villages» et «lieux-dits», faire une répartition bien stricte «la côte», «la montagne», «fleuves et rivières», «plaines», «les hauts-plateaux» et «steppe et désert», et finalement identifier et classer par ordre de racines «libyques» qui interviennet en toponymie. En réalité c’est un travail collectif, il faut d’abord un historien, un spécialiste en langues orientales (sémites), un autre en langues occidentales (latines), un spécialiste en langues «libyques» (kabyle, shawi, shenwa, tamashek, mzab, rifain, chleuh, tamazight et autres), un spécialiste en matière de toponymie et enfin un bon topographe ou géologue. Un bon conseil : il faut savoir remettre en cause l’interprétation habituelle de tel ou tel lieu et bien comprendre qu’en libyque une même racine, un même mot peut attester plusieurs sens.
Aujourd’hui nous allons voir d’autres exemples (voir les autres dans Oberdorf et Jijel-Cap Sigly) qui vont nous aider à comprendre les système de classification ou simplement la toponymie «libyque». Je ne peux pas m’empêcher d’avoir cette arrière-pensée: le fait de dévoiler le sens exact des appellations toponymiques nord-africaines en plus de son côté très positif pour nos populations (mieux comprendre le pays et son histoire pour y être plus attaché spirituellement) ne serait-il pas exploité par l’usurpateur à mauvais escient, c’est à dire que l’admninistration de l’usurpateur ne va-t-elle pas tout simplement arabiser toutes les appellations ainsi dévoilées comme ça été déjà le cas avec nos patronymes, notre généalogie avec l’aide des notaires français de la période coloniale?! Oui ce risque existe car avec le cyclope rien de vilain n’est à exclure. Cependant il faut bien comprendre que l’interprétation de la patronymie «libyque» est une nécessité qui rendra service au peuple et après tout elle nous permettra de kabyliser ou «libyser» toutes les appellations jusque-là latinisées, francisées, turquisées et arabisées de nos territoires.

Prenons la racine «libyque» ML de melal, melay qui signifie «blanc» mais aussi «oeuf, blanc d’oeuf», «clair, tendre». ML est dans les mots R'mell = sable et Melh = sel (mots que l'on retrouve en kabyle comme en sémitique arabe). Cette racine blanche libyque se retrouve je ne sais par quelle coincidence dans d’autres langues justement pour des appellations ayant rapport à la blancheur, la clarté ou tendresse: en grec dans mélon (pomme), amilon (qui a donné amidon), en russe dans mel (craie), mily/mila (cher, aimé), mel'=banc-de-sable ; en anglais milk = lait, malt, voir limy = calcaire. Cette racine ML comme adjectif se retrouve très souvent en toponymie comme qualificatif de thalla (la source, par extension la fontaine). Cependant ML peut signifier «pencher», «renconter», «montrer», «tourterelle, colombe», un point cardinal (est ou sud, c’est toujours incertain) amalu qui signifie «versant ombragé». Vous voyez que c’est pas simple sauf qu’en «libyque» le classement est assez clair: tout dépend du relief s’il s’agit d’un lieu-dit. Donc si ML figure dans l’appellation qui désigne un lieu il faut essayer d’interpréter en prenant tous les sens de la racine et s’il s’agit d’un adjectif ML dans une appellation composée on est certain qu’il s’agit de «blanc, clair». Prenons deux exemples proches avec la racine ML.

Aïn-Mlila en pays shawi à l’est d’Algérie. Le « aïn » sémite a remplacé Thalla en shawi («libyque») pou signifier «la source, la fontaine» et l’adjectif ML a été déformé, il aurait dû être au féminin tha-mellalt mais en toponymie «libyque» il y aurait une forme plus courte indépendamment du genre: au lieu de Thalla tha-mellalt on a le plus souvent Thalla Mlal qui est transcrit par les étrangers Talamlal avant d’être déformé. Thalla-Mlal devenue Aïn-Mlila signifie la fontaine blanche ou claire ou tout simplement pour un français ou francophone ça aurait été Clairefontaine. En pays shawi même il y a un nom d’une autre ville exactement pareil à Thalla Mlal ou Aïn-Mlila mais 100% arabisé: Aïn-Beïda (beïdha = blanche en arabe).

Télemly quartier d'Alger, que l’on interprète généralement comme étant Thalla melli, «la fontaine de l'argile blanche» en kabyle (en «libyque»). Là ça n’est pas aussi simple car Clairefontaine ne convient pas pour la simple raison que ça n’est pas Talamelay mais Telemly sans doute Thillymly à l’origine. L’argile se dit tha-laghth en kabyle avec la racine [L.GH] qui attestte aussi «trouble, brouillé, flou» dans lugh (thalla y lughen = source/fontaine/eau trouble), tout le contraire de ML donc. Alors comment interpréter Telemly? Est-ce un mot composé oû ML serait un adjectif (clair, blanc)? D’abord il faut savoir qu’en kabyle tha- = la (article féminin), thilli = ombre, illem ou yllem = vide, a-lemlun = temps gris, thy-ghil-t = petite colline (hill en anglais), lieu d’observation généralement. Nota bene: la mutation Y en G (g, gh) , ou l’inverse, très fréquente en libyque. Une indication: thulmuts/ u-llemu ou ullmu signifie orme champêtre, ulmus en latin, typique des sols calcaires, roche de couleur blanche. La difficulté d’interprétation réside dans le nom Telemly car on peut avancer plusieurs hypothèses en tenant compte de la règle libyque en toponymie : on désigne par la particularité du relief du lieu-dit ou de l’emplacement (haut, bas, éclairé, ombragé) de tel ou tel lieu-habité. Probablement Telemly aurait pu être thylymly avec la définition suivante «la petite colline calcaire» (Limy Hill en anglais!) avec très probablement un terrain tendre et friable, ce qui semble être le cas d’après les infos vues ça et là sur le net. D’autres variantes ne sont pas exclure pour autant. A confirmer donc

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