vendredi 25 mars 2011

Salamalec

On va leur "mettre les points sur les yeux" comme disait Dda Muh :)

On va mettre les points sur les i, et sur les yeux ! car il s'agit du '
ayn ou ayin sémitique - transcrit ici â ou 3 - qui signifie justement "oeil" en phénicien, en hébreu et en arabe. Nous avons vu dans le billet précédent que ce "ayn" sémitique est passé chez nous en kabyle et nous avons établi que le â aurait altéré le son P. On va élargir cette formule:
â, 3 (ayn) ~ P
â
, 3 (ayn) sémitique ~ Ph ou F kabyle
La preuve pour justifier cette formule de correspondance est assez simple:
salam âla ikoum, le salamalec arabe qui signifie "salut/paix sur vous"
azul phell awen, la salutation en berbère.
C'est à dire la préposition "sur" en arabe âla [AL] est la même qu'en kabyle phell [FL].

Afellay
Cette même racine FL en kabyle, en berbère plus généralement, indique le Haut, ex. u'phella (oufella) = du haut, d'en haut. (en arabe fouq.) C'est pour celà que l'adjectif âlay, âlayan (haut) - interférence avec l'arabe âli - devrait être en kabyle et en berbère phellay, phellayan sans l'intrus "ayn" (â, 3) et la consonance étrangère. Ce Ph ou F originel a été conservé chez les berbères occidentaux (rifains, chleuhs) du Maroc pour les patronymes notamment:
Afellay ou a-phellay aurait été âllay "haut, du haut, supérieur" si le Ph avait été altéré par le â sémitique; Fellaini aurait été âllayen "haut, du haut, supérieur".

? Balance !
J'ai l'habitude de recourir aux poins de suspension... La suspension justement: le point d'exclamation vous rappelle quel détail architectural ? Les mythiques
jardins de Sémiramis mis à part, n'est suspendu que votre balcon ! On y arrive. Le verbe kabyle âleq " pour "suspendre" - idem en sémitique-arabe - serait donc phalleq FLC qui probablement devrait avoir une relation avec BLC de balcon, balance et voir même FLS de falaise. Donc âleq serait Phaleq [FLC] pour la balance, la balance suspendue... ou le point d'interrogation (?)...

Voilà comment le fait d'avoir mis à jour ce que l'intrus étranger "ayn" a altéré en kabyle (Ph, P), on arrive à mieux comprendre notre lexique et l'origine étymologique des mots.