Pas la peine d'aller chez Ikea pour avoir an idea...
Vous connaissez le syndrome de la feuille blanche et l’angoisse qu’il provoque chez les écrivains? Ou bien ce que c’est être à court d’idées, une impasse que l’on peut surmonter uniquement si l’inspiration est au rendez-vous ou bien si l’on se concentre et on creuse au plus profond de ses neurones pour aller chercher à la source cette idée dont on a si besoin.
Il existe un problème d’une autre nature. Celà me rappelle une réplique du maître russe Dostoevsky qui à la question «comment naissent ou lui viennent ses idées» a répondu à peu près ceci: «je ne sais pas grand chose, les idées errent dans ma tête et moi je ne fais que les libérer ». Quand vous avez ouvert le robinet des idées et provoqué le déluge il devient très difficile de gérer ce flot et encore plus difficile de le fermer. Les idées surgissent quand vous ne l’attendez pas, des idées qui attendent leur heure et le moindre prétexte pour prendre forme dans votre tête avec ou sans votre accord. Elles viennent vous importuner quand vous aspirez au repos! Et ces idées veulent naître et voir le monde, elles exigent leur liberté de circuler, elles veulent êtres dites et écrites sinon elles ne vous laissent pas en paix. On ne peut pas se plaindre mais il il devient difficile de connaitre le répit dans des cas pareils donc il faut essayer de gérer au mieux cette problémétique. Pour ma part le robinet ouvert concerne concrètement le sujet de ce blog, la langue kabyle et son étymologie. Pour «limiter les dégâts» j’ai décidé de consigner ces idées qui viennent «sans permission» avant de les lâcher dans la nature donc je ne leur donnerai liberté que le week-end!
Idée = Représentation abstraite, élaborée par la pensée, d'un être, d'un rapport, d'un objet (définition Larousse).
Idée (étymologie) : issu du grec ancien ἰδέα [idhea] idéa = forme visible, aspect.
Quel est le personnage qui illustre mieux l’idée, l’intelligence ? Odyssée bien sûr chez les anciens grecs, devenu Ulysse chez les romains. Ulysse du latin Ulixes ou Odyssée issu du grec ancien Ὀδυσσεύς / Odhusseús, odysseus. Odyssée qui n’a pas le gabarit du géant Ajax mais un personnage intelligent, malin, rusé, voir même roublard. En plus du personnage Djeha (voir post Ulysse sur ce blog) commun à plusieurs peuples nous avons notre personnage mythologique, notre Odyssée en qlq sorte, qui symbolise l’intelligence, la ruse et l’idée. Il s’agit de meqidhesh, un personnage souvent représenté comme un homme courtaud ou un petit garçon (Belajout est un autre personnage de la même lignée des personnages kabyles rusés!) qui est parvenu grâce à la ruse sortir indemne de sa confrontation avec la féroce myope Tseriel (ogresse, cyclope) qui l’a pris dans son a-kuphi (réservoir de denrées alimentaires) pour le manger à son festin, un peu à la façon d’Odyssée bloqué dans la grotte du cyclope Polyphème.
C ~ Q,K & S
On va recourir au C introduit récemment, voir l’avant-dernier billet Caviglia à ce sujet. Le nom meqidhesh est déformé à cause de la gutturale q étrangère, voir même la chuintante «sh» pour la terminaison et le M en préfixe. Meqidhesh sera transcrit mecuidhesh ou simplement cudhesh, cudhes. D’abord nous y voyons cudash de a-kudash (en fr. Koudache) qui signifie en kabyle «courtaud, de petite taille, nain». Ensuite on y voit l’interférence entre cudesh, cudes avec le mot xidhes de thi-khidhass (les ruses, les astuces) qui sont qlq part d’abord des idées. C’est de ces mot xidhes et cudhes (meqidhesh) que nous devons tirer ou synthétiser le mot «idée» en kabyle.
Remarquez que le mot grec «idée» est utilisé dans toutes les langues, les romanes, les germaniques, les slaves. Les arabes utilisent fikra mais ce mot a plus le sens de «pensée». Si l’on s’amusait à transcrire autrement le nom grec Odhyssée, avec C [s,k] à la place de S [s], on aura Odhycee-Odhykee...et en arabe dheki ou dhaki signifie justement «intelligent, malin». Simple coincidence? Apparement le nom grec Odyssée n’a pas encore délivré tous ses secrets!