dimanche 16 juin 2013

Agadir 2.0

Quand les Aigles attaquent...

Honnêteté intellectuelle oblige, pour chaque hypothèse "favorable" (pour nous) il est nécessaire de chercher une contradiction pour ne pas tomber soi-même dans le mensonge et devenir ainsi un vulgaire voleur de mémoire comme ceux qui jurent par le mal.

Agadir est un mot dont l'origine étymologique reste discutable : Est-ce un vernaculaie kabyle ("berbère") ou bien un emprunt au phénicien (Dda Salem Chaker soutient cette deuxième thèse) ?
Ce terme a-gadhir (g aspiré) en kabyle ou agadir en chleuh a tout d'un terme "berbère", en plus il n'existe pas dans les langues sémitiques modernes (arabe, hébreu). Et pourtant quand on se cherche une contradiction on finit par la trouver, il suffit juste d'ajouter les romains aux libyco-puniques pour nous replacer dans notre milieu et notre lexique dans son contexte des jours anciens...

Lexique kabyle : GDR (g aspiré)
1)  i-gidher = Aigle
2) a-gadhir = Grenier (syn. en architecture : tha-arish-th), Hauteur dominante (fortification?), Nid d'aigle  
La relation flagrante hauteur-aigle (oiseau de haut vol) est compréhensible.

Maintenant nous allons "latiniser" la transcription du lexique kabyle contenant les sons aspirés -g- et -k-. Pourquoi ? Ben, d'abord qu'en latin Aquila a évolué en Aigle en langues romanes (français) et ensuite pour mieux comprendre l'origine étymologique de notre lexique correspondant. 
a-kerush en kabyle = chêne (quercus en latin): il y a interférence.
a-kerush devient a-querush : tout près de la forme latine quercus
Ce Q ou Qu latin est simplement équi- de l'équivalence/égalité comme on l'a vu dans nos derniers billets : aqua latin (eau) = aman kabyle (eau) qui attestent cette équilibre/égalité/équivalence.
Bien entendu, il faudra passer à la forme latin tous les mots kabyles contenant -k- et -g- aspirés : i-geni (ciel) = i-queni, a-guni (colline) = a-quoni (Cône ?), gema (frère) = quema, akniwen (jumeaux) = equiniwen : on constate que "équi" (g, k aspirés) de l'équivalence/égalité pour frères/jumeaux, ce qui est très raisonnable. On y reviendra une autre fois.
Maintenant prenons le lexique qui nous intéresse :
i-gidher (aigle) = i-quidher voir équider 
a-gadhir, Agadir (grenier) = aquadhir, equadir 

Et voici l'hypothèse qui en découle (on se replace dans l'antiquité) :
Agadir = Equateur, équateur céleste en l'occurrence

En effet, la constellation de l'aigle (i-gidher) est depuis l'antiquité associé à l'équateur (a-gadhir) céleste. C'est une repère pour les astronomes mais aussi pour les navigateurs (phéniciens) et géographes
Là on tient une très bonne piste pour retrouver l'origine étymologique de Agadir et peut nous permettre d'en déduire qlq suppositions intéressantes. Par delà ça devient difficile, pour le moment, d'avancer d'autres hypothèses. Voici donc ce qu'on peut formuler pour le moment :
Aigle (GDR) : ici il est associé à l'équateur (céleste) alors que c'est normalement la hauteur (culmination, zénith) qui devrait l'être; donc à approfondir. Le mythe grec de Prométhée associé à l'aigle et au feu (soleil au zénith à l'équateur?) pourrait être interprété autrement, comme un effet d'optique, par exemple : Focus, la loupe, la lentille = (associé) à l'oeil de l'aigle qui possède une vue huit (8) fois plus perçantes que la nôtre ?
Altair : il se trouve que l'étoile la plus brillante de cette constellation et appelée Altair (aquilae) du sémitique-arabe. Le seul moyen de donner une origine sémitique (phénicienne) à Agadir consiste à dire que i-gidher (aigle) en kabyle serait equi-der  ou aqui-der (Qu + DR) où Qu est "égal, équivalent" (latin) et DR serait comme TR du sémitique arabe tuyur "oiseaux", tair "oiseau" (dTir emprunté en kabyle), tir "voler", taira "avion", etc... L'aigle étant al-3aqab en arabe on est sûrs que GDR n'a rien de sémitique sauf qu'il peut-être un brin phénicien :)
Aquila : C'est peut-être osé mais le rapprochement s'impose entre aquila (aigle en latin) et 3aql en arabe pour "mentalitée  apriori emprunté en kabyle pour désigner "la raison, la conscience, qlq'un d'équilibré, une marche douce ou mouvement lent/régulier" (s la3qel) surtout que dans "aigle"-aquila nous avons le préfixe qu-équi de l'égalité/équivalence. On tient, peut-être, dans aigle les notions de vitesse égale ou vitesse régulière voir synchronisation, stationnaire. Puisque nous parlons d'aigle, oiseau de haut vol lié à l'équateur (Agadir), eh bien l'exemple le plus pertinent pour expliquer son véritable sens serait de comparer note Aigle (i-gidher) à un satellite géostationnaire (aligné obligatoirement sur le plan de l'équateur justement !).    
Quelle conclusion peut-on tirer de cette métaphore au sujet de Agadir (a-gadhir) qui est situé sur une hauteur (en altitude) qui permet de dominer (et d'observer) et garder un oeil (d'aigle) sur ce qui ce passe dans le champ de vision (en bas sur terre) ? Un poste d'observation,  bien sûr ! Mais ça c'est pour les aigles, des oiseaux de haut vol ! 
Pour nous les hommes ici-bas, nous faisons l'inverse, on est bien placé pour observer la voûte céleste. En d'autres mots, Agadir serait aussi un Observatoire sur Terre (de préférence) situé à haute altitude et au plus près de l'équateur (terrestre) probablement pour un meilleur angle d'observation,. Ce qui confirme ce qui a été supposé plus haut au sujet de la vue perçante de l'aigle:
a-gadhir/Agadir : Observatoire
i-gidher (aigle) : Télescope, Lunette, Longue-vue (jumelles), Loupe, Microscope, etc...

On a certes trouvé notre contradiction pour justifier une origine phénicienne (donc sémitique) à Agadir, au final on n'a fait que renforcer l'origine kabyle/"berbère" de ce terme avec en plus la découverte de agadhir/Agadir = Observatoire, on peut à juste titre ce demander si nos anciens soient-ils libyco-puniques ou même phéniciens avaient réellement des observatoires (agadir) et des lunettes avec focus :) et ce longtemps avant Galilée...

On profite de l'occasion pour rendre hommage aux Galilée, Kepler, Copernic et consorts et saluer tous les astronomes sans exception, de tous les temps, de tous les pays !