Rappel
Il y des mots berbères en particulier kabyles qui sont des vernaculaires par la forme mais étrangers sur le fond constitués à partir d'une essence étrangère notamment sémite-arabe. En voici deux exemples pour rappel.
1. tha-mellalt = oeuf.
"...l'appelation de l'oeuf en chleuh (tha-ghleyt) est la vraie version berbère. Voici pourquoi: en kabyle thamellalt signifie blanche de la même manière qu'en sémite/arabe = bayDh relatif à la couleur blanche abyaDH. Donc, si c'est un emprunt, les kabyles ont tout simplement adapté cette version sémite/arabe à leur langue. Par contre à l'est d'Algérie les chawis arabisés disent encore dans leur dialecte lâaDHem pour désigner les oeufs, omelette (un algérois ou oranais ne comprendrait pas!); en effet ils ont pris un mot arabe (îDHam = os, d'oû l'adjectif âdhim = tout-puissant, grand) pour remplacer le mot berbère (probablement tha-ghleyt) mais en sauvegardant le sens berbère initial avec la liaison "oeuf - os"!..." (post: "la voie lactée").
2. a-shevhan = blanc/beau et tha-shevhant = blanche/belle
"...a-shevhan = blanc, beau. Il pourrait s'agir d'un emprunt indirect déformé du sémite-arabe shib = cheveu blanc (d'oû blanc) d'oû l'appelation en DZ "chibani" (vieux), en kabyle ashivan; et shebab/sheb = jeune (d'oû beau, d'ailleurs en dialecte DZ sheb/shaeba = beau/belle et jeune)..." (post: "ssymétrie axiale libyque"). Il y aussi le verbe shebah, shveh = se faire belle/beau et l'adjectif (langage enfantin) abahan/avahan = bien/bon/gentil, employé pour apprendre aux enfants ce qui est bon à faire (i-bah = bon/bien) du vilain (i-fuh = mauvais) et du sale (khakha = caca). Ce mot se rencontre dans l'expression ironique i-bah dada'k (il est -toujours- bon ton ainé) qui a plusieurs sens, dans le langage enfantin c'est à la lettre qu'on la comprend (il est gentil tonton = n'aie pas peur) mais chez les jeunes et adultes ça atteste plutôt le refus d'une proposition avec l'air de dire "hein, t'es malin" si j'ai bonne mémoire bien sûr.
Préambule
Guetlatou est un film culte du talenteux réalisateur algérien Merzak Allouache (un grand cinéaste); grosso modo pour ceux qui n'en ont jamais entendu parler c'est un film sur un jeune algérois Omar obsédée par sa virilité, à son côté mais aux antipodes son copain Muh Smina (Momo le gros) l'anti-macho. Omar guetlatou redjla (Omar "tué"/obsédé par la virilité) d'oû le titre "Guetlatou". On va dans ce post aborder la virilité, "être un homme" linguistiquement parlant.
Les hormones
Les détails ci-dessous peuvent offenser votre pudeur, vous êtes prévenus. Lisez ce passage quand même. Avec tout le respect que je vous dois, "hashakum" comme on dit en Afrique du Nord.
Puisque nous parlons de macho/machisme autant parler des hormones du mâle, la testostérone et de son "site de production" les testicules. Car en général chez tous les peuples d’humains c’est à leur grandeur que se mesure la virilité du mâle et son leadership dans son milieu social. «Mec sans couilles» ou «mec à couilles pleines» se mesure le courage d’un homme et celà partout dans ce monde.
Testicule: du latin testiculus, diminutif testis.
En grec : orkhis (d’oû le terme orchide chez les toubibs).
En russe : iaitsa [yaïtsa] qui signifie aussi «oeufs»
En sémite-arabe : khasiya, baydha (signifie aussi «oeuf»), sahleb
En berbère : a-qelay (masc.), i-qelayen (masc.plur.) ou thi-qelayin (fém.plur.) pour les enfants. Il existe aussi la variante inversée de «a-qelay» à savoir le mot «a-welaq». A mon avis il s’agit là d’une façon de distinguer la testicule de l’homme (a-welaq) de celle de l’animal (a-qelay).
La notion d’Homme
En dialecte DZ un homme, un vrai, c’est à dire courageux/digne de son statut d’homme responsable et pas lâche est appelé radjel qui vient du sémite-arabe radjul = homme, la redjla étant "la propriété d’être un vrai homme". En kabylie comme chez tous les autres berbères un vrai homme est appelé argaz d'oû le mot thirugza = être un homme. Donc comme nous le voyons il y a corrélation entre les termes redjla et thirugza, comme entre radjel/argaz = un vrai homme. Ça c’est pour la forme. Sur le fond ils sont identiques car radjel (homme en sémite-arabe) est en relation directe avec redjel = pied comme en berbère argaz = homme en relation directe avec kas = pied (d’oû arkas = chaussure/mocassin et a-kashir/a-qashir = chaussette). Cela voudrait dire que les hommes qui marchent, qui bougent, travailleurs/débrouillards donc, sont les vrais hommes. C’est logique vu qu’ils refusent l’oisiveté et comme le dit le dicton russe «volka nogui kormiat» = les pieds nourrissent le loup. Donc à première vue il y emprunt de l’un à l’autre et comme d’habitude on va nous dire que c’est le berbère qui emprunte au sémite-arabe. Objection! Le mot berbère argaz signifie aussi mari/époux, forcément viril donc, alors qu’en arabe mari/époux = zawdj (littér. le pair ?) n’a rien à avoir avec radjel=homme, redjel = pied. D’oû la certitude sur l’origine berbère sur le fond de ce mot DZ redjla malgré sa consistance arabe (sur la forme). Malheureusement la redjla aujourd’hui en Algérie a tout un autre sens et a été remplacée par d’autres mots: 1. qelwa [du berbère a-qelay = testicule/couille] = grand monsieur/gros bonnet/ quelqu’un de respecté/craint ; 2. chikur = caïd/un grand chef, ce mot probablement de chaqur = machette/hache, donc celui qui est armé est celui qui règne...ça se voit d'ailleurs!
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