dimanche 10 avril 2011

Zetta, gazzetta

La gazette en kabyle...

Noircir un papier d'une gazette est la prérogative d'un des plus vieux métiers du monde, celui de 3.14giste :) A l'ère numérique beaucoup de choses ont changé, néamoins chaque titre ou presque dispose d'une version papier.

Papier vient du latin papyrus lui-même issu du grec papyros dont l'origine étymologique reste incertaine. Le papier ou les papiers sont appelés en kabyle kaghedh- kaghedT, tout comme en argot algérois et nord-africain kaghet; un terme qui interfère avec l'indo-persan kagiz, kaged qui selon Garcin de Tassy aurait donné gazzetta ou gazette en langues romanes.

Le papier, en réalité, peut avoir de formes et des origines différentes, il pouvait être simplement identifié au moyen de sa fabrication. Une toile sortie d'un métier à tisser est aussi un support, un "papier" ou un kaghedh sur lequel on écrit. Ce métier à tisser est appelé en kabyle aZZedTa ou pour faire simple Zetta. Probablement notre kaghedh aurait été kazedt (tissé, tisser) et gazzetta serait simplement Zetta ou notre aZZedTa "métier à tisser".
Zetta ~ Gazzetta, Casetta pour la forme soft.
Ce K ou C (une gamma) devant le Z existe en kabyle: ZeR (voir) KZeR ou XZeR (regarder avec insistance).

Zetta aurait donné Gazzetta. Et Casetta ou QST soit tha-qeSSidT "une causerie, une histoire, un conte" en kabyle qui interfère avec le sémitique-arabe qasida avec le même sens ou presque; interfère (surtout sous sa forme qeseR en kabyle guesra en argot DZ pour "causer, disserter") avec les romanes aussi pour "causer, causerie" Quand on raconte une fable, un mythe ou un conte populaire en kabyle, on commence toujours par le préambule suivant:
Que mon conte soit beau et se déroule comme un long fil.

On ne sait pas si c'est le fil de trame ou de chaîne, mais la narration d'un conte, le conte est bien assimilé ou apparenté au processus de tissage; un narrateur est comme un tisserand ! D'ailleurs dans la tradition kabyle, c'est la femme, la grand-mère affairée au métier à tisser qui réunit autour de soi toute la marmaille pour narrer les histoires anciennes (mythes, contes kabyles) comme l'atteste d'ailleurs la chanson de Dda Yidhir: si dhephir u Zedta, the sallay thi-jebadhin, arrash zzin ed i thamghaRt, as an the' sghaR thi-qdhimin.
Donc le rapprochement entre Zetta ("métier à tisser" en kabyle) et QST tha-qeSSidt (conte, histoire) d'un côté, et de Gazzetta de l'autre, paraît plus que raisonnable.


Et je vais finir ce billet par l'épilogue des contes kabyles:
Ce billet est comme un ruisseau, je l'ai conté à des seigneurs.

P.S
Une seule précison à apporter: texte en latin avait la signification de "trame du récit", un peu comme le fil pour le kabyle. Le terme Texte vient du latin textus issu du latin texere "tisser, tramer". Comme quoi kabyle et latin sont, pardon ! étaient sur la même longueur d'onde aux temps anciens...