lundi 19 octobre 2009

Zaria

Post express consacré à la racine ZR, zr et sa déformation

Zaria
Nous avons vu le sens de cette racine zr dans thiziri = clair de lune (plus généralement: rayonnement d'astre), prénom féminin mythique. En clair cette racine zr atteste le sens de lueur donc différente de tha-phath (la lumière). Là nous allons recourir à une compraison entre le kabyle et le russe, une comparaison très appropriée croyez-moi et qui permettra de voir la même logique dans la formation des mots.
Je prends la racine zr dans le mot kabyle zerar ou sa déformation (z en j) jeRaR dans le mot tha-jeRaRth = fermeture éclair. Il est évident que ces fermetures éclairs ne sont apparues que récemment, donc l'appellation kabyle serait issu d'une comparaison à une chose ultérieur pour qualifier la "fermeture éclair". Probablement notre racine zr dans a-zrem (serpent) ou avec j à la place de z dans a-JeRmeDH (lombric) aurait le sens de "série" comme de "trait, tracer" (jeReDH). On peut supposer que c'est cette forme de serpent qui a inspiré l'appellation de la fermeture éclair en kabyle populaire moderne. Et d'ailleurs c'est la même chose pour le russe populaire qui désigne "la fermeture éclair" par l'appellation "zmeïka" (de zmeïa = serpent). La racine zr en russe est très semblable à la nôtre comme je l'ai signalé dans les billets précédents, entre autres la racine zr en russe indique comme en kabyle "la vue" et "la lueur" comme dans zaria (aube) ou zarévo (lueur d'incendie). En kabyle la phase de la matinée qui indique la fin de la nuit et de l'obscurité ou simplement le crépuscule du matin est appellée thafrara (aurore) qui correspondrait au russe rassvet; la phase suivante serait lephjeR, mot qu'on retrouve en arabe al-fadjr (aube, heure de la première prière chez les arabes-musulmans), lephjeR correspondrait plus à la zaria russe comme sur la photo ci-bàs; cette phase sera ensuite suivie du lever de soleil ou son apparîtion à l'horizon désignée en kabyle y shReq yidTij = "le jour se lève", le mot sharq se retrouve en arabe aussi avec le sens de "lever de soleil, le levant, l'est, l'orient".

Djidja
Comme nous le voyons sur ces exemples les mots interférents entre le kabyle et le sémitique-arabe ont en commun la lettre J ou DJ, qui aurait pu supplanter un Z tout simplement. Pour nous départager avec les arabes il faut revoir notre lexique commun sous un angle plus critique avec notamment ce DJ arabe à la place d'une autre lettre comme le Z.
Prenons le verbe kabyle jeRev (tester, expérimenter, mettre à l'épreuve) dont la racine jR serait sans doute liée à la racine ZR de ZeR = voir, savoir (donc: connaître, avoir déjà vu, en avoir l'exprérience); Eh bien comme ce verbe est présent en arabe djereb il est supposé être un vernaculaire arabe alors qu'à l'origine en sémitique-arabe il n'y a une racune semblable à la nôtre (ZR) pour donner une étymologie convaincante à ce verbe djereb. Plus généralement la présence de cette racine jR ou Dj.R dans les mots communs au kabyle et à l'arabe est un avertissement qu'il y a mutation d'un Z en J ou DJ. Prenez le mot lephjeR en kabyle et son équivalent al-fadjr en arabe; pour la kabyle il est évident que lephjeR serait lié à lephZeR avec ZR de la lueur (thiziri) alors qu'en sémitique-arabe il n'y a pas d'équivalent à cette racine ZR de "vue" ou de "lueur" (il y a une lueur donc il y a visibilité) et pourtant ils se sont emparés de ce lexique sans aucun complexe, il est vrai que jusqu'à présent il n'y a toujours pas de dictionnaire étymologique arabe avec la vraie origine des mots.
Voilà donc cette piste de Z muté en J ou DJ sous l'influence du sémitique-arabe apparement qui devrait nous permettre de reprendre notre lexique et de l'assainir. On y reviendra bien sûr, pour le moment je vous propose de passer un bon moment avec cette chanson Djidja de l'excellent Alpha Blondy, la star ivoirienne de reggae, le Bob Marley africain.