mardi 13 octobre 2009

Trésor

Suite de la série de billets consacrés aux racines ZR, zr, zL kabyles.

Là nous allons découvrir des choses très intéressantes!

Les piliers
Là il faut d'abord comprendre que nous allons utiliser les lettres kabyles dites "géométriques" R, r, L, M et N comme des piliers, ces lettres sont intouchables donc elles forment la carcasse du mot ou de la syllabe. Par contre les autres lettres des autres groupes (voir classement Draft 2), qui vont s'allier à ces piliers géométriques pour former des mots, seront interchangeables. Bref, le pilier (exemple: R) est une constante et les autres lettres (exemple: v, g, s) sont des variables. Un exemple pour simplifier. Prenons L comme pilier, gL-vL-sL sont des racines composées avec un pilier L et trois lettres des autres 3 groupes. Maintenant voyons l'intérêt de cette introduction.

Trésor
zr: zra (semer, agriculture). Nous avons vu précédement le sens le plus large de [zr]
gr: iger = champ agricole, champ labouré
ger' = mettre, placer (faire un placement)
m'ger = moissoner, récolter
imger = serpe, faucille
a-geruj = trésor
Cette formule de change Z - G devant un "pilier", R dans ce cas précis, montre que nous avons avec ces deux racines [zr]-[gr] un lexique proche sinon identique. Ici se rencontrent d'abord avec la racine [zr] les mots kabyle zra "semer" que l'on retrouve en sémitique-arabe zira3a (agriculture, semer), dans le russe zerno (semence, grain) et ensuite [gr] de iger en kabyle "champ agricole" et agricole-agriculture en langues romanes notamment en français. Autre remarque au sujet de la comparaison des racines gr-zr: agur (lune) et thi-ziri (clair de lune). Notons cette relation iger (champ agricole) et ageruj (trésor), comme quoi le travail est un trésor.

Arc-en-ciel
Nous savons que notre mythe fondateur d'anZaR contient une multitude de sens il suffit juste de bien l'interpréter. Je rappelle qu' anZaR est personnalisé par l'arc-en-ciel. Le Z lui-même indique le spectre (les 7 couleurs) comme on l'a vu depuis longtemps (post "Le spectre libyque"). On sait que anza = spectre (voir: fantôme). On se limite la forme géométrique d'anZaR qui est l'arc.
Nous aurons sans doute raison de supposer que le mot imger (faucille, serpe) serait d'une forme proche de l'arc (courbée), donc le mot imger serait plutôt imzer ou carrément inzer/inser.

Angel
J'ai déjà avancé une première hypothèse de travail sur ce blog quant à l'origine du mot ange, angélique (sens de "verseau" introduit par Apulée). Là nous allons avoir d'autres éléments avec cette formule de mutation Z-G devant un "pilier", L dans ce cas.
n'gheL = renverser
ghLi = chuter, tomber.
azaL = valeur, prix
azaL = milieu de la journée, soleil au zénith
ghLay = cher, prix élevé
'aLi, saLi = monter, élever
On voit que ghLi (chuter) avec "gh" serait l'inverse de zaL avec "z", la racine zL indique la côte ascendante ante de la trajectoire(d'une parabole par exemple) alors que la racine ghL l'inverse soit la descente ou la chute. Le mot ange issu du latin lui-même issu du grec angelos avec un z aurait été anzel ou ansel. Comme par hasard chez les sémites-arabes anzel signifie descendre, on devine l'origine du mot! Donc dans angelos-anzelos on y voit le radical nza de anza (spectre). Donc un ange à l'origine auraît pu simplement avoir le sens de "spectre" (d'une créature) qui "descend" (du haut donc du ciel). A suivre.

Sultan
Cette formule Z-G devant les piliers géométriques L ou R peut nous aider à comprendre notre lexique. Le mot agraw = rassemblement (de personnes), par extension "le peuple ou la population" avec cette mutation serait asraw, azraw ou aZRaw; là il faut revenir au sens de aZaR (race, racines, etc...). Prenons un autre mot:
a-geLidh = prince, roi (mot attesté depuis l'antiquité).
Il serait a-zeLidh, a-seLidh, a-seLith, a-seLiT: la racine gLd se mute en zLd ou sLd voir sLt comme dans le mot seldTan compris comme un mot oriental arabe sultan, voir sulutat (autorités). A vérifier.
Cette mutation Z-G devant les géométriques comme L et R (plus M, N) pourrait expliquer pourquoi les spécialistes linguistes comme le vénérable Dda Salem Chaker n'ont pas trouvé de traces de la racine moderne mgR (amghar, amoqRan) dans nos langues nord-africaines de l'antiquité numide (libyque, punico-libyque). Cette racine aurait pu être à l'époque avec un Z/S à la place de notre G,gh actuel: mgR aurait pu être msR, mzR. Donc amuqRan ou amghar (chef, le plus grand, l'aîné, etc...) aurait pu être mezRan, masran, massar ou qlq dans ce genre.
Voilà donc pour les premières suppositions à ce sujet, on y reviendra une autre fois. Notre mythologie est un trésor. Notre langue est un trésor, il suffit juste de la travailler avec soin comme la terre-mère.