lundi 29 septembre 2014

Thalla, Cardinal

De sources et de clefs ...

Saviez-vous que selon une croyance kabyle, chaque source aurait son gardien, sa sentinelle ? Comme l'a chanté le regretté Dda Slimane Azem "ay assas talla" (la sentinelle de la source). Et il serait vraiment con de prendre les Kabyles pour des naïfs et superstitieux avec leurs drôles de croyances (c'est notamment le discours entretenu par les occupants arabo-islamistes et leurs relais de la cinquième colonne en Kabylie pour dénigrer l'identité kabyle). Il suffit de comprendre les mythes et la langue kabyle pour faire remonter à la surface le grain de rationnel contenu dans chaque croyance, dans chaque mythe kabyle.

Les 4 sources
Normalement ce paragraphe de devait boucler ce billet...Enfin bon, peu importe l'ordre (pour cette fois !) tant que l'essentiel est sauvegardé.
Thalla "la source, la fontaine" : au pluriel thiliwa ;
tha-llas-th (talast) "la frontière, la limite, et par extension la loi) : au pluriel soit thilas (en Haute-Kabylie), soit thilissa (en Basse-Kabylie).
thalla vs thallasth
thiliwa vs thilissa 

C'est à dire que Thalla serait une frontière. Voilà pourquoi la croyane kabyle de la sentinelle qui garde la source (assas talla) ! A la lumière de ce que nous venons de voir, le terme grec Talassa (la mer), terme d'origine étrangère à la langue grecque, est pour sûr lié aux termes kabyles Thalla et Thallasth : la mer serait une frontière naturelle comme le serait un fleuve qui marque très généralement la frontière entre deux pays (le Rhin, par exemple, entre Rome et Germains).

Thalla en toponymie kabyle ne serait pas une frontière, une limite mais qlq chose de plus précis : un point cardinal. Les cardinaux kabyles seraient des thiliwa, quatre Thalla !

Les 4 califes
L'autre croyane kabyle dure comme fer que nous devons avoir en vue dit que thalla "la source" est habitée par lafaa ou thallafsa "l'hydre".
On sait, on l'a écrit maintes fois sur ce blog, que la notion de source est liée à l'oeil et à la clef (sinon à une ouverture). Voici de nouveaux indices encore plus intéressants.

Clef (kleis, klidi en grec) avec un son "k" en langue européennes a sauté dans la variante kabyle pour lli, ledi "ouvrir" (il n'y a pas de nom de clé avec en L comme dans Thalla en kabyle) et pour...lafaa, thallafsa (hydre). Attention! le terme lafa3 est utilisé en arabe aussi pour "couleuvre" ou "vipère" sans aucune référence aux sources ou à un mythe comparable à celui existant en kabyle. 

Le sémitique-arabe, pour lafa3, nous intéresse pour deux raisons. Primo, l'arabe khlef (ex.Rebbi y'ekhlef) indique toujours ce qui repousse, regénère (comme les têtes de l'hydre Thallafsa), qlq part une source intarissable. Secundo, puisque nous parlons de source, donc de point cardinal (voir premier paragraphe), la notion de Calife (khalif en arabe) et surtout les 4 califes de la mythologie arabo-musulmane (Boubekr, Omar, Othmane, Ali) prennent un sens bien réel : les 4 (points) cardinaux. Faut-il alors s'étonner de voir en Kabylie contaminée par cette idéologie étrangère un toponyme comme Thalla Athmane où Thalla est source et cardinal en kab, et Othmane un "calife" arabo-musulman, dans doute un point cardinal au sens rationnel ? Non, bien sûr ! 

Il suffit de localiser ces 4 cardinaux "califes" pour comprendre la racine de cette histoire, sans doute montée de toutes pièces sur les ruines de l'éternelle Egypte qui devint, on ne sait pas comment, arabe et musulmane en majorité. L'Egypte, justement. La clef en arabe est tirée directement de l'ancien égyptien, "pire" encore, de la religion de l'Egypte ancienne traitée de tous les noms par ces mêmes arabo-musulmans:
Ptah "celui qui ouvre" divinité égyptienne ancienne a donné en grec le nom de l'Egypte et en arabe meftah "la clé", al-fatiha "verset d'ouverture", al-futuhat "les conquêtes (ou découvertes)". Et ça, ça veut tout dire ! 

Passons maintenant aux clés kabyles (mazigh en général) avec la racine SR/ZR.
tha-saruts "clé": au plureil thissura "les clefs". 
tha-wur-th "la porte": au pluriel thiwura, thibura "les portes".
Là il est temps de placer la formule de correspondance nécessaire :
W ~ S, Z
thissura vs thibura, thiwura
C'est à dire :
clefs ~ portes 
La porte est associée à la clé, ou inversement.
Logique. Et l'on sait que clé est associée à la source, et la source à un point cardinal. Au final, on aura une jolie suite de notions proches dans un même panier, notamment :
Source = Porte 
(Source = Clé = Porte = Point Cardinal)
Et ce n'est pas tout ! Quoique non, cette fois on va s'arrêter là. Mais deux questions d'abord : 
1. ursus (ourse) indiquant le cardinal Nord, le pôle nord, aurait-il une relation avec la notion de source ? ; 2. L'Egypte est un nom grec formé à partir du nom de Ptah "celui qui ouvre", le nom supposé sémitique de ce pays Masr, Misr ne serait-il pas lié à la clé (ouverture), à la source ? A suivre.