samedi 16 mai 2009

Hydre

Ce post express est juste pour informer le lecteur du cours des "recherches" sur ce blog.

Avant-propos
Les circonstances étant ce qu'elles sont je dois avouer au lecteur qu'une baisse de régime est inévitable d'oû de moins en moins de billets postés ce mois. D'autre part il fallait faire un recapitulatif avant d'attaquer les choses sérieuses, c'est à dire monter le puzzle de la langue kabyle et plus largement la langue mazigh. Cependant rien n'est aussi simple et quand je croyais avoir terminé de déchiffrer chaque lettre je me suis rendu compte que c'est loin d'être le cas car les altérations, les mutations sont si nombreuses que ça nécessite plus de temps que prévu. D'autre part le choix de la transcription pour notre langue impose une étude plus profonde de chaque son. Au final il faudra patienter avant de passer aux schémas géométriques et au montage du puzzle.

Tamazight
On a parlé le 21 mars 2008 sur ce blog (post Némo et les gnawas) de la formule M maure = N numide et l'inverse N maure = M numide, exemple de Madaure numide qui à l'ouest devient Nador. Cette mutation M-N indique clairement non pas la différence mais la particularité linguistique (prononciation) des mazigh d'ADN.
Le mot Tamazight est attesté à l'ouest donc en Maurétanie antique (Algérié occidentale et Maroc actuellement) et au sud chez les touaregs Tamasheq, mot d'ailleurs proche de tamazight. Cette mutation M-N est visible dans les toponymes comme dans le lexique tamashek (touareg):
magh = ou, ou bien: variante tamshek (Sud-Ouest)
nagh = ou, ou bien : variante kabyle (Nord-Est)
Par ailleurs nous kabyles prononçons "th" (nous distinguons th, t, ts) alors qu'au Sud et à l'Ouest c'est un simple "t". Et nous avons vu sur ce blog que notre "th" est parfois un "ph".
Bref, Tamazight à l'Ouest et au Sud devrait être Tha-nasigh-th au Nord-Est pour les kabyles et les shawis (du nord au moins), ici le "s" remplace le "z", NS à la place de MZ. Et puis tha-nasighth avec l'article féminin "th" devenu "ph" on aura pha-nasighth ou si écrit sans séparation phanasight...du phénicien en qlq sorte, mais du vrai phénicien pas le phénicien "conventionnel reconnu par l'histoire moderne" qui est "une langue sémitique". Voilà ce qu'est Tamazight.

Hydre
J'ai évoqué les mutations entre les consonnes du milieu/du centre à savoir S-Z et T-D. J'avais donné des exemples pour la mutation Z-D (très égyptienne: hafiDH=hafiZ) notamment pour les prénoms féminins: Dihya et Damia antiques seraient devenues Zahia et Samia avec l'avènement de la domination arabo-musulmane en ADN depuis le 7ième siècle. On peut donc supposer que notre lexique moderne abuse du Z suite à l'influence des camarades orientaux sur les kabyles, les shawis et les mazigh en général. Le fait de remplacer ce Z par un D (dh) nous permettra de revenir à la variante antique de notre langue qui elle nous rapproche du grec.
- yghZeR = torrent, ruisseau, cours d'eau
yghDeR, yghDHeR: ça serait plutôt yH-DheR variante proche du grec Hudhor = eau, mot à la racine (hydro-) du lexique moderne ex.: hydraulique, hydrocarbures, etc...
- azrem = serpent
adhrem: idem ce mot est proche du grec hudhra (hydre) = animal fabuleux, serpent d'eau.
Ces deux mots qui lient serpent (hydre) et eau sont donc communs au grec comme au kabyle (mazigh en général). Cette logique est respectée pour notre langue avec un autre duo "eau-serpent":
thalla = source, fontaine
Llapha, thallaphsa = hydre
Et dire que les grecs ne savent toujours pas d'oû vient le mot grec thallassa = la mer!
Tiens, c'est l'occasion de vous dire que dernièrement je suis tombé sur un dictionnaire arabe oû notre mot Llapha transcrit lafa est aussi inscrit comme un mot arabe (ah ces commerçants!) alors que leur mot vernaculaire sémite c'est thuûban ou hensh (serpent).
Voyons justement les mots susceptibles d'avoir été récupérés par ces camarades avec une simple muation Z-D, voici 3 exemples concrets:

yZRi = la vue. Mot inexistant en sémitique, racine ZR idem au...russe (zrenie= vue/zret = voir).
ZeR = 1. voir, 2.savoir
- le verbe arabe avec un "d" à la place de "z" adri = savoir serait issu de azri, ZeR probablement.
- nwaDHeR = lunettes, lentilles. Mot que l'on dit arabe, toz! On voit bien DHeR ou ZeR de la vue en kabyle et mazigh tout comme sa relation avec thydT (globe oculaire, oeil).
- ghezal, tha-ghezalt/tha-ghuzalt = gazelle, en sémitique-arabe ghazala et vous l'aurez compris ces camarades réclament ce mot comme étant le leur, ils ont tort.
La racine [gh.z] n'est qu'une variante de [gh.dh] que l'on retrouve en langues mazigh notamment en kabyle dans thi-ghedtin (troupeau de chèvres, de caprins), tha-ghadT (la chèvre), voir sa variante au masculin a-ghadh (bouc) en chleuh. Les sémites-arabes n'ont font que masquer cette racine empruntée pour l'inclure dans leur lexique, par exemple maâaza (chèvre) est clairement une déformation de maghedha tout comme âatrus (bouc) est une déformation de ghadhrus/ghadTrus avec la racine mazigh [gh.dh], [gh.T] ou [gh.z] pour les caprins. L'erreur chez les camarades est qu'ils appliquent cette racine de caprin aux ovins: naâdja (brebis)! Cette racine GD/GT/GZ de caprins mais plus soft KZ/KS se retrouve en langues slaves, en particulier en tchèque et en russe: koza (chèvre), kozël (bouc). Et c'est toujours cette même racine sous ses formes diverses qui atteste l'Os, costa (côte) en latin, osto en grec, ighes en kabyle, kost en russe, âadhm en arabe. Le plus intéressant est que pour le kabyle (mazigh en général) cette racine avec à la base la gamma "GH" atteste les os, l'énergie et en particulier le calcium avec la relation "lait/calcium-os", voir à ce propos le post de l'an dernier la voie lactée.

Au final il faut continuer à assainir notre lexique avant de passer au classement final. On devra revoir aussi les articles masculins ('a, 'y, "u) et féminins (tha, thy, thu) qui devraient probablement s'écrire autrement que par ces formules simples. En somme nous avons encore beaucoup de travail devant nous, du pain moisi sur la planche si j'ose dire.