samedi 15 janvier 2011

La goualante du maure vivant

Offtop

Thunes, la Tunisie est à l'honneur.

Le peuple tunisien a surmonté sa peur et a fait chuter le satrape Ben Ali. Quel soulagement ! Le peuple tunisien vient de laver son honneur. C'est une révolution. Bravo, les tunisiens ! Là on peut dire : Touanssa r'djal ! b'Rebbi, r'djal ! Défier la tyrannie avec tant d'ardeur et d'abnégation, c'est forcer le respect de tous les peuples et de toutes les nations, en particulier la Tunisie est depuis hier très sympatique à tous les kabyles, croyez-moi ! Je m'incline devant la mémoire des victimes tombées sous les balles des tueurs du dictateur Ben Ali. Le peuple tunisien vient de gagner le premier round face au système, espérons qu'il gagnera les prochaines manches et qu'il ne se laissera pas rouler dans la farine par les politiciens issus du régime Ben Ali. Maintenant il faut capitaliser cette ferveur populaire et cette victoire sur un régime liberticide. Bon courage pour la suite, braves tunisiens !

Alger - Tunis
Faut dire que cette fois la Tunisie a volé la vedette à l'Algérie et surtout à la Kabylie, à l'avant-garde des frondes impétueuses de ce côté de la méditerranée; on ne va pas se plaindre tant que c'est un tyran arabe de moins en Afrique du Nord ! J'ai suivi de très près "les émeutes de la faim" - "le soulèvement" - "la révolution" (tels que désignés par la presse au fil des événements).
Par ailleurs, "Alger-Tunis" m'est revenu en tête, c'est une chanson de 1985 du regretté chanteur kabyle Hamidouche, oû il disait à peu près ça: "D'Alger à Tunis, l'espoir n'est plus permis, resigne-toi ô mon coeur" (face aux dictateurs et au péril islamiste). Je n'ai pas trouvé cette chanson sur dailymo ou youtube mais j'ai pour l'occasion découvert une autre chanson, d'ailleurs très envoûtante de ce maestro:
awi'th.
En Kabylie et en Algérie on reprochait souvent aux tunisiens leur passivité (peuple avili et soumis), leur trop-arabisation, voire trop-orientalisation et leur manque d'humour (quand on connaît l'humour et surtout la gouaille kabyle, voir même algéroise, on comprend mieux pourquoi ce reproche !). Et voilà que les tunisiens nous donnent une leçon de courage, bravo ! Il est vrai que le satrape Ben Ali a très vite fléchi et finalement capitulé face à la pression de la rue tunisienne. En Kabylie le combat pour la liberté est nettement plus difficile car les autorités algériennes disposent de beaucoup plus de forces de répression, avec une kyrielle de féroces spadassins (police, CNS, gendarmes, forces spéciales, armée), jadis entrainés par la Stasi est-allemande et armés jusqu'aux crocs, prêts à réprimer toute révolte kabyle en tirant sauvagement à bout portant avec des balles explosives sur des jeunes manifestants kabyles, ils sont activement aidés en celà par les islamistes, et même les voyous et la racaille, et soutenus tacitement par tous les non-kabyles, c'est à dire les algériens "arabes" (les maures arabisés). En Algérie c'est la junte militaire et les islamistes au minimun qu'il faut vaincre au même temps pour se libérer.
Donc je disais que l'on repoche aux tunisiens leur manque d'humour et de gouaille. Hier matin je me posais la question si les tunisiens révoltés ont déjà sorti une blague, un pamphlet contre Ben Ali (encore au pouvoir), une chanson, un hymne révolutionnaire à cette occasion... apparement rien, sur le net du moins. Ensuite m'est venu en tête la très belle chanson d'amour, en partie dans un style andalou (un brin flamenco), du regretté Salim Halali, juif-berbère algérien qui a surtout vécu en France et au Maroc, qui s'intitule "
Mhanni ezzine" (la beauté me fait souffrir). Cette chanson peut simplement être parodiée pour donner "Mhanni Ezzine El-Abidine" :) Ezzine El-Abidine ''le plus beau des êtres" et ses acolytes ont fait plus que souffrir leur peuple, ils l'ont humilié. Je ne sais pas quelle chanson chantaient ces derniers jours les tunisiens, mais hier c'était cette chanson que j'écoutais quand on a annoncé la fuite du satrape Ben Ali ! Il est évident qu'il devrait y avoir une goualante du maure toujours vivant alors que donné pour mort qui sera le chant du cygne pour les satrapes arabes ou maures-arabes qui terrorisent nos peuples et spolient nos terres d'Afrique du Nord. Ben Ali déchu, au prochain !

Araberies
Répudié par le peuple tunisien le satrape arabe est allé se cacher... chez les arabes. Naturlich! Naturellement ! L'oppresseur du peuple tunisien a trouvé refuge chez les arabes de la Sawdia Arabia (un hadj hors-saison pour cet inféodé aux chameliers ?), c'est à dire chez ses commanditaires et pères spiritueux. On vous l'a bien dit: ce sont les arabes, les vrais, et leurs araberies (y compris l'islamisme) les fléaux devastateurs en Afrique du Nord. Vous avez vu comment se fait la récupération au niveau des médias ? Cette victoire est celle des tunisiens de Tunisie, de la nouvelle génération tunisienne qui vit en Tunisie. Dot final ! De son confortable burlingue parisien le soit-disant opposant tunisien Ben Brik lance une araberie en désignant cette révolution par le terme arabe-oriental "intifada" (un grand Toz! à ce Ben Brique), la presse franchouillarde gogochiste titre en arabe, ainsi de suite. Détromprez-vous, mesdames et messieurs, les arabes, les vrais, ne font jamais de révoltes, ils sont soumis à leur souverrain et à leur Dieu. Il y a des révoltés en Iran (chez les perses) et en Afrique du Nord (territoires mazigh dits "berbères") mais jamais chez les arabes. Les tunisiens sont certes majoritairement arabophones (dialecte) mais ils viennent eux-mêmes de démontrer par cette révolution à quel sang ils appartiennent. Le sacrifice pour la Liberté nous kabyles, chaouis et mazigh en général, on connait depuis la nuit des temps. Et je n'ai jamais entendu parler de révolte chez les adulateurs de satrapes du monde temporel et spirituel (les arabes, les orientaux). Malgré le tapage médiatique des arabistes et de "l'office français des brevets arabes" force est de reconnaître qu'en se sacrifiant pour leur liberté les tunisiens ont démontré quel sang vraiment coule dans leurs veines, quelle est vraiment leur identité (pas besoin de tests ADN !). Les tunisiens viennent d'honorer la terre de Jugurtha. Et on leur dit bravo ! On leur dit aussi que désormais nous suivrons de très près les droits de la minorité mazigh (berbérophone) en Tunisie et que nous espérons que leurs droits culturels et citoyens seront respectés. En clair, on attend "La nouvelle Tunisie" au virage, on verra quelle place sera accordée aux "berbères", à la langue des autochtones "berbères", à l'histoire (la vraie) de ce pays, le respect des vestiges historiques, mise en valeur du patrimoine, etc... Pour le moment on laisse les tunisiens savourer leur Liberté retrouvée. On leur dit juste de ne pas oublier que le nom de leur pays Thunès est mazigh (berbère), que la Table de Jugurtha et Carthage sont en Tunisie, alors il ne faut pas obnubiler la vérité du peuple qui est à la source de la Liberté des nations respectables. Bon courage !