jeudi 8 janvier 2009

Corleone

Ce post est consacré à la lettre "libyque" mazigh q,Q.

Rappel: Q dur provenant du fond de la gorge, dit "consonne gutturale vélaire sourde" c'est-à-dire un k articulé profondément. Ex. qoppa (koppa -90) grec archaïque et qof/qaf sémitique; le q français est beaucoup moins profond que le q sémitique. Par ailleurs ce Q pourrait être impliqué dans le Xi mazigh "libyque" avec les sons groupés "ks, gs, GZ, xc" (idem au Ksi grec) jusque-là ignoré mais dont on ne peut ignorer l'existence ou du moins la nécessité

Corleone
Ce toponyme sicilien devenu patronyme dans la fameuse saga de Coppola "le parrain" se prononce différement, avec un K carléoné par les italiens et étrangers et avec un G garléoné par les siciliens eux-mêmes.
Nous avons un sérieux problème avec le Q "libyque" que je soupçonnais au départ de ce blog d'être un son emprunté aux sémitiques, probablement à la période punique. Un peu plus tard je me suis rendu compte que tout n'est pas si simple car le Q kabyle/mazigh est omniprésent et il atteste le point de jonction, la dureté, la pointe, le point. Le plus intéressant est qu'il est présent dans les systèmes de mesure donc il est impératif de le déchiffrer au plus vite. Remarquez qu'en ADN les arabophones prononcent G le Q classique tout comme le DJ d'ailleurs.
A l'heure actuelle je pense comprendre que ce Q très généralisé aujourd'hui serait probablement une altération du son G (gué) dans certains cas et une variante plus dure du son K (ca, co) dans d'autres cas. Par ailleurs je me demande si ce Q ne serait pas un composite, c-à-d un son composé de deux autres comme c'est le cas pour beaucoup d'autres lettres en "libyque" mazigh.
Au final nous avons le son Q qui serait un K ou un G, ce dernier pouvant facilement muter en H (H de Here en anglais) et en Y (i, yi) comme on l'a vu maintes fois sur ce blog.

Gabarit
Prenons le notre lexique
a-qeRu = crâne, tête
a-qeRwi = unité de mesure de base (modèle) pour les céréales notamment, demi-décalitre ?
Et si le mot qeRwi était KeRwi ou GeRwi (voir HeRwi)? Tiens il y a une coincidence assez intéressante. Selon Larousse le mot gabarit en français provient du provençal gabarrit, déformation de gorbi qui proviendrait du gothique garwi qui signifie modèle. C'est une coincidence mais avouez que c'est quand même assez curieux.
Toujours avec les germaniques il y aurait sans doute d'autres coincidences parfois droles, parfois curieuses, à l'exemple du kabyle familier beqbuq (un gros) qui serait begbug, ce mot a donné aussi en kabyle familier a-begbag (un paquet! un vrai morceau!), c'est presque le big anglais.
Mais, l'humour mis à part, l'intérêt pour nous est ailleurs, à savoir de déchiffrer ces mutations Q en K et G au sein de notre propre langue. Confrontons deux mots proches dheQeR (jeter) et dheGer (pousser), l'un deux doit avoir subi une altération du Q ou G. Le verbe dheGer (pousser) devrait être dheKer vu que la racine Ker se retrouve avec le même sens de faire bouger KerKer, s'KerKer (tirer, entrainer, trainer), KeRus (char, voiture), etc...Donc l'autre verbe dheQeR (jeter) devrait être probablement dheGeR, là la racine GeR serait à lier avec GHeR (vers) qui indique la direction; donc le G serait une forme du gamma GH. Avec le même mode opératoire on peut distiller r'Gem (insulter) et R'Qem (colorer, marquer): r'Gem serait en fait r'kem ou rekem (relation? avec RK négatif de reku = pourri) et donc R'Qem serait ReGem qui serait issu de ReGHem (gh'ma = onguent, inighman = figues séchées/colorés/pigmentées; autre variante ReGh, wReGH = jaune, or) avec donc G issu du gamma GH.

Helmut
L'hypothèse d'un G à la place du Q se confirme pour plusieurs exemples. On en va pas tout voir tout de suite mais certains exemples sont intéressants comme:
luqid (lwqyd - lwgyd) à mettre en relation avec gaï/gaya, la forme sémite-arabe qaid/caïd (chef) et les préfixes de patronymes nord-africains gayed.
quva (se dit de qlq'un voûté/courbé), tha-quvets/qubets (quba - kouba en arabe).
qav- qui dans les mots qavel (an prochain), qavuv (bec), qavash (hache): ce qav serait un Gav (Gaf, Gap, Gay, Gaw, Gab) et signifierait un cap, chose très importante en toponymie par exemple. Les variantes avec le G muté en H sont aussi intéressantes (Hap, Haf, Hav).
Je pense que très probablement ce Q serait véritablement un son sémitique phénicien qui n'existait pas en mazigh "libyque" ou rarement utilisé comme variante de K mais il s'est généralisé et a supplanté le G à la période punique. On verra plus tard si cette supposition se confirmera. Toujours est-il que Carthage même à sa racine donne matière à réflexion QRT (ville), j'y reviendrai plus tard.

Finissons avec un autre mot, a-qelmun (capuche), le mot n'ést pas lié aux mots tête (qeRu, ikhef) comme c'est le cas pour le latin. Ce mot qelmun "couvre-tête" pourrait être Gelmun ou sa mutation Helmun: ici la racine Gelm ou Helm importe le plus car elle se retrouve dans les germaniques avec le sens de "couvre-tête" ou plus exactement casque (Helm en allemand, helmet en anglais; en russe aussi: shlem). Alors avec un peu d'humour a-qelmun devient au féminin tha-qelmut donc Gelmut ou Helmut (mein Got!). Sérieusement rien ne dit que ces mots soient proches mais le plus intéressant est de voir notre lexique sous un angle critique, ce mot qelmun pourrait être Gelmun, Helmun et il faudra aller chercher plus loin le sens de cette racine qlm/Glm/Hlm. Les surprises devraient être nombreuses de ce côté là!