jeudi 8 avril 2010

Sphera

Expliquer l'étymologie d'un mot à l'aide de la physique...

En plus de la géométrie la physique expérimentale pourrait nous aider à mieux comprendre notre lexique, aujourd'hui nous allons prendre une expérince réalisée par un allemand oû il est question d'hémisphères, d'air et de pression, expérience appellée "Les hémisphères de Magdebourg" ou "La sphère de Magdebourg" (googlez pour en savoir plus).

Lexique
dT emphatique en kabyle (prononcé comme le Ta de attaque, To de tornade en français)
DH emphatique en kabyle (seules les sémitiques, dont l'arabe, ont un son équivalent)
Ces deux sons dT et DH sont quasiment les mêmes car interchangeables, exemple DH'pheR (suis!) et dTaphar (suivre, le fait de suivre), autre exemple dTess (dors!, dormir) - iDHess (le fait de dormir, le sommeil).
dTeDH = téter le sein
endTeDH = 1. adhérer à, coller à, 2. attraper (par contagion)
sendTeDH = contaminer
n'tu, netu = implanter, planter, ficher
dTeph = attraper, capter, tenir (retenir)
thidT = oeil
idTij = le soleil
dTaq = fenêtre, lucarne
adTush = trou, orifice
dTawes = paon
DH'wa, yeDHwa = étalé (on a dit que c'est la forme d'un hémisphère ou demi-cercle)
DH'leq = s'étaler (en long)
DHaq = préssé, se presser
DHiaq = serré, étroit, exigu (espace) - interfère avec l'arabe dhayeq.
iDH = la nuit
aDHu, aDHo = le vent, l'air

Ventouse
Nous allons voir l'étymologie du verbe dTeDH (téter) et n'dTeDH (adhérer, coller à) en ayant recours à cette expérience physique. Nous avons il y a longtemps affirmé sur ce blog que le DH kabyle est gluant (ex. udhi =beurre) et donc un liant, on a dit aussi que le dT aurait la forme d'un demi-cercle ou d'un hémisphère. Une analyse logique de notre lexique ci-dessus nous permet de conclure que le dT kabyle serait plutôt lié à la notion de vide (d'ailleurs dT indique un trou, un creux), le DH kabyle a un rapport avec la pression (d'ailleurs DHaq =pressé, se presser), comme avec l'air (d'ailleurs aDHu = vent/air) et peut-être aussi une relation avec la notion de densité. Donc vide, aire, pression, densité pour dT et DH. Facile à comprendre l'expérience des hémisphères (! comme dT) de Magdebourg qui explique on ne peut mieux le vrai sens des verbes kabyles dTeDH (téter) et surtout n'dTeDH (adhérer à), les deux parties ne sont pas collées par une colle mais elles sont étroitement attachées l'une à l'autre ou liées "à vide" pour former un tout, un ensemble et elles deviennent donc inséparables comme dans cette expérience des deux hémisphères qui ont formé une sphère. En fait le verbe dTeDH (téter) c'est aussi "sucer" mais comme une ventouse, il y a une partie pénétrante (le mamelon) et une partie qui aspire (la bouche du bébé). Ventouse-vent, dTeDH-aDHu: c'est bien ce DH qui cache le vrai sens de ce verbe. Vous pouvez répeter l'expérience de Magdebourg à domicile, si vous avez des enfants en bas âge, il suffit de voir la forme de la sucette que vous leur donnez et essayer de l'arracher (doucement quand même!) de la bouche du bébé qui la retient dans sa bouche, un gosse sans ou avec à peine qlqs dents je rappelle.
Voilà comment on peut allier l'étymologie et la physique pour donner une explication rationnelle à notre lexique kabyle, une explication accessible à tous. Il ne reste plus maintenant qu'à faire entrer en jeu la mythologie, grecque en l'occurence! Le nom d'Antée adhère à notre lexique avec le T ou NT, Antée fils de Gaïa (la terre) roi de Libye était tellement attaché à sa mère la terre que ce n'est qu'au prix d'énormes efforts qu'Hercules (Héraklès) a pu l'arracher et le soulever, ce mythe aurait-il un sens plutôt rationnel comparable à l'expérience de Magdebourg?

Atome
On voit que notre DH atteste le sens d'un ensemble indivisible, d'ailleurs "dh" en kabyle signifie "avec", "d" aussi (du, dukel = aller ensemble, amdukel = compagnon). Nous savons que le mot atome vient du grec atomos (indivisible, insécable) car les anciens grecs croyaient à tort que l'atome est la partie élémentaire de la matière. Eh bien on va voir le rapport entre notre DH et la division.
En kabyle nous avons le verbe ph'Req qui signifie 1) diviser au sens de "partager, répartir, distribuer" (dans ce sens il interfère avec l'arabe fereq), 2) départager, séparer (deux belligérants, les chemins), 3) différent ou différencier. Nous avons le verbe v'DHu qui signifie exactement "diviser, couper en plusieurs parties". La différence est facile à retenir pour ne pas confondre ces deux verbes. Par exemple vous allez à votre supermarché et vous achetez un paquet de bonbons et une baguette, vous allez ph'Req les bonbons entre les enfants et v'DHu la baguette car tout simplement le paquet est un ensemble de parties (unité élementaire) alors que la baguette est elle-même l'unité élémentaire, le nombre entier qu'il faut fractionner, donc diviser ou couper en plusieurs morceaux ou fragments (fractions de cet entier, 1/4 par exemple) pour pouvoir ensuite les partager, les répartir, les distribuer. Comme quoi c'est bien le DH emphatique qui aurait un rapport avec la division, voir même la scission. Quant à l'atome et au noyau en kabyle on est il me semble très proches de découvrir leurs appellations et les lettres qui les désignent.