lundi 11 février 2008

Grεc pαr Kαbyλe

Thallassa
En grec: θαλασσα (ou avec 2 «l» θαλλασσα) /thalassa/ avec article η θαλασσα/ i thalassa = (la) Mer
En kabyle: θαλα /thala ou θαλλα /thalla = la fontaine (surtout), la source (parfois). L’article féminin «tha» inséparable du mot.
La racine L (ou LL), racine «aquatique» par excellence en berbère, LL qui signifie la mer, l’océan selon les régions : à l’ouest en Chleuh iLL/ιλλ = mer, ocean ; à l’est à Djerba et à Nefousa iteLL/ιτελλ = mer ; au sud chez les Kel Tamachek (touaregs) siteLL/σιτελλ = mirage (au sahara il n’y a pas de mer!) ; au nord en Kabylie il est attesté notamment par sLiLL/ σλιλλ = rincer à l’eau ou i lilly/ι λιλλι = le laurier (rose). Et d’ailleurs même la liberté θιλλελι /thilleli n’est pas loin, pure coincidence?
Dans la mythologie berbère en général et de Kabylie en particulier, ou plutôt ce qu’il en reste, c-à-d les contes kabyles on a un personnage très lié à Thalla à savoir l’hydre, maîtresse de la fontaine, monstre à sept têtes qui détient l’eau et hante les sources, que l’on appelle en Kabylie généralement par le diminutif (sans article et sans suffixe) Lafaa/ λαφαα et parfois par le nom complet Thallafsa/ θαλλαφσα, alors que les autres berbères utilisent plutôt le nom complet Thallafsa/ θαλλαφσα ce qui est plus correct.
Tout laisse supposer que le rôle de l’hydre n’est pas remis en cause mais diminué, c-à-d son appellation complète (θαλλαφσα/Thallafsa) a été réduite à un diminutif (λαφαα/Lafaa) comme d’ailleurs son «territoire» la mer, l’océan (θαλλασσα) /thalassa) à la fontaine tout simplement (θαλλα /thalla). Si cette hypothèse est vérifiée, et bien ça démontrerait à quel point notre peuple est conscient de la réduction drastique de son espace vital (conséquences de cataclysmes et d’invasions à répétition) à l’image de ses personnages folkloriques ou mythologiques.
Les similitudes Thalla (kabyle) et Thallassa (grec) peuvent induire en erreur alors le mieux serait de demander l’avis des spécialistes désinteressés pour nous exliquer s’il s’agit là d’un emprunt de nos ancêtres au grec ou l’inverse, ou est-ce un emprunt à une langue antérieure au grec et au libyque antique. Pour moi c’est un fait assez curieux mais il me semble, à tort ou à raison, que justement il doit y avoir deux L/λ dans le mot Thalla/ θαλλα et dansThallassa/ θαλλασσα.
Voyons de plus près l’appelation de l’hydre. En kabyle (comme en berbère en général): θαλλαφσα / Thallafsa oû Tha/θα- article féminin, L+F/λ+φ la racine, Sa/σα- suffixe féminin pour la terminaison, le mot est conforme à toutes les règles de la langue berbère. En grec moderne d’après ce que j’ai pu glaner sur le net l’hydre serait Ύδρα (hydra en latin) pour l’hydre femelle et Ύδρος pour l’hydre mâle; pour mieux comprendre je tente de translittérer moi-même Ύ.δ.ρ.α = Y.dh.r.a. Ok, le «dh» se transforme en «d» latin j’ai compris mais pouquoi le «h» dans sa transciption au latin Hydra je ne comprendrai que plus tard, si je fais des efforts bien sûr! Peut-être est-ce parceque l’accent sur le y (comme yi) initial ( Ύ/ ύ) qui se prononcerait comme un «h» très spirant? En grec il y a la vélaire spirante χ (son «kh») à la place de «h», en effet il n’existe pas en grec de «h» (le ĥ) comme dans «help» en anglais ; on retouve ce même phénomène dans le russe (influence des grecs byzantins?) et...chez nos berbères du sud les Touaregs!
On va procéder à une petite manoeuvre. Pour le grec on va coupler Mer - Hydre et l’on aura: θαλασσα/ Thalassa – Ύδρα/Hydra (yidhra est-il enviseagable?). Pour le kabyle (ou berbère en général) on couple Fontaine – Hydre et l’on a: θαλλα /thalla – θαλλαφσα / Thallafsa. La liaison «lieu des eaux» + «le monstre des eaux» est très nette pour le berbère. Curieux quand même! Et si par pure connerie (la mienne! Et c’est une grosse!) je confrontais le mot grec θαλασσα/ Thalassa (mer) au mot berbère θαλλαφσα / Thallafsa (hydre)? les mots sont proches et... ça voudrait dire que ce que le grec percoit le plus normalement du monde comme «la mer» le berbère y voit un monstre?! En kabyle «se noyer» se dit «être absorbé/mangé» par la mer/rivière/fleuve. Et si par hasard à l’initial nos ancêtres n’utilisaient qu’un seul mot Thallassa, supposant emprunté au grec ou à une langue antérieure, pour désigner la mer, ou l’océan et que le mot Thallafsa (l’hydre) n’est apparû que plus tard pour qualifier l’océan ou la mer (ex. fatale, meurtrière, etc...) suite à un cataclysme (un tsunami par ex.) causé aux hommes par la mer ou l’océan? Oui mais dans ce cas on aurait eu un adjectif Thallafsaïth et non pas le nom Thallafsa.

AMAN/ αμαν ou Amen/ αμεν
De toutes les langues, à ma connaissance, seul le berbère, en particulier le kabyle, désigne «l’eau» par le pluriel! En effet aman/ αμαν (a courte ~ e) est composé de l’article masculin singulier a/α + la racine M/μ + le suffixe an/αν (ou en/εν) masculin pluriel (nb: les spécialistes disent autre chose: pas d'article "a" donc mot sans article avec seul radical "am"+suffixe pluriel). Je ne sais pas s’il y a une relation directe avec la divinité «amon» comme l’écrivent certains mais il est vrai que le temple d’amon est bien en terre berbère à Siwa (Egypte). A regarder de près, on constate que la racine du mot, soit M/μ, se retouve dans les langues sémitiques avec le même sens (eau). Qui dans la haute antiquité a emprunté à qui cette racine et donc ce mot? Et le fameux «amen» ou «amin» religieux est-il vraiment lié à la divinité amon comme l’affirment certains? En réalité ce n’est pas l’objectif de ce post. On constate tout simplement que la racine du mot «mer/fontaine» L/λ et celle du mot «eau» M/μ sont différentes même si elles se suivent! En grec je suis tombé sur un mot proche νᾶμᾰ/Nâma (avec article τό νᾶμᾰ/to nâma) qui signifierait «eau de pluie» cependant étymologiquement très loin et proviendrait du verbe Nau/«ναίω» = naviguer (du sanskrit snauti).
On a invoqué la mer, l’océan, la fontaine et même l’hydre qui la hante, on doit quand même invoquer le «contenu» de la mer/l’océan/la fontaine, donc l’eau! Dans les langues occidentales, indoeuropéennes: en italien-acqua /en espagnol-agua/ en français-eau/ en anglais-water/ en allemand wasser (vasser), en russe voda (vada), etc... En grec, langue indoeuropéenne aussi, c’est νερό/Nero dont je ne connais malheureusement pas l’étymologie. J’ai relevé un mot assez curieux en grec dont je voulais vous en parler: δεξαμενή (avec article fém. I: ἡ δεξαμενή) = réservoir d'eau, citerne. Si je le transcris j’obtiens dh.e.ks.a.m.e.n.i. D'abord je ne connais pas l’origine étymologique de ce mot. C’est en essayant de prononcer ce mot (en prononcant syllabe par syllabe, comme tout débutant) que j’ai fait involontairement le rapprochement suivant : dheks-aman/ δεχς -αμαν (ou dhegks-amen/ δεχς -αμεν) qui signifie en kabyle «contient-eau» ou si vous voulez «water-within», le sens du mot kabyle dheks/ δεχς est en effet proche du terme anglais «within». Sans connaître l’étymologie de ce mot grec qui signifie « réservoir d’eau» je suppose que c’est certainement une coincidence et le fruit de mon imagination, donc pas de raccourci svp. En tout cas ça m’a paru assez curieux surtout qu’apparement ce mot existe tant dans le grec moderne que dans l’ancien, en effet on le retrouve dans le lexique «atlantide» dans les « dialogues de Critias» de Platon. Comme j’ai le sens de l’humour je vais faire dorénavant attention aux mots grecs qui ont tout un autre sens en kabyle, en berbère en général, sachant que je ne peux faire l’inverse, du moins pour le moment. Pour aujoud’hui ça sera le mot grec νησί/Nissi (avec article το νησί/to nissi) qui signifie île... eh bien, en kabyle iNissi/ηνηση (article masc.indisociable : i) signifie hérisson, personnage illustre des contes kabyles (les fourbes d’iNissi). Si vous êtes sérieux vous chercherez par la racine NS/νσ (courbé, incliné, s’incliner, se coucher dans le berbère) mais si simplement vous êtes un curieux ayant le sens de l’humour, comme moi par exemple, je vous laisse imaginer cette séquence anecdotique complètement imaginaire: un bâteau fait naufrage, survivent dans une petite chaloupe de sauvetage seulement un grec et un berbère chacun ne parlant que sa langue, après de terribles semaines de dérive en mer, le grec voit enfin la terre, une île en l’occurence et se met à crier «île» dans sa langue...maintenant imaginez l’état du berbère résigné et frugal? « ah! ce grec, la faim le rend fou. Maintenant il "voit" des hérissons!».

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