mardi 23 juin 2009

Livre

Ce post fait suite au billet précédent consacré aux lettres R et GH en kabyle.

Rappel
Je rappelle que dans le post précédent nous avons introduit une formule de change (ou de correspondance) pour le R roulé, le R[ʁ] grasséyé et la gamma GH = CR-KR-GR (et l'inverse RC-RK-RG) , qui expliquerait l'origine de certains mots comme elle expliquerait comment s'est produite l'altération d'une lettre par une autre ou par un digramme.
Je rappelle aussi que sur ce blog nous avons il y a longtemps introduit une autre formule de change très importante, appellée "formule 4x4", avec notamment la gamma GH kabyle = Sph, SF.
Par ailleurs nous connaissons la règle d'or en kabyle qui veut que le L et le R (roulé ou ordinaire) ne se suivent jamais ou presque, il est bon de la retenir.

Ennoncé
Nous avons donc une formule de change qui nous permet de déchiffrer le R roulé, le R[ʁ] grasseyé et la gamma GH. Aujourd'hui nous devons résoudre les cas oû le R et GH se suivent, par exemple a-ghRum (pain), oû une autre formule de change doit intervenir car on ne peut logiquement pas appliquer la formule de remplacement par RC-RK-RG (ou l'inverse) pour les deux (GH, R) à la fois. Il faut signaler que déjà la formule «4x4» nous donne des solutions pour les mots contenant GH+R oû la gamma peut devenir simplement un «SH» ou son altération en «zh (J)», donc les variantes sont multiples et il faut y aller petit à petit.

Occident
Il faut donc prendre le lexique correspondant avec des mots contenant GH et R pour entrevoir la formule de change en comparant ces mots au latin, au grec, au punique surtout pour les toponymes nord-africains. A la lumière de ces comparaisons on peut déduire une formule de change, qui d’ailleurs n’est pas loin de la 4x4 (gh=sph), pour le lexique kabyle, shawi (mazigh en général) avec des mots contenant GH et R, la formule la voici :
GH ~ V, ph (F), (voir P et B), U-W-O
latins
Donc la gamma devient dans ces cas précis un V hard ou un F soft, voir même aW dans la variante latine (exemple Auto du grec Avto) ou un O latin. Pour mémoriser du kabyle au français: ighes = Os. Pour saisir la nuance de ce passage de GH à F opposons des verbes kabyles proches pheZ (mâcher) et gheZ (croquer, grignoter). Cette formule déja attestée grâce à «la formule 4x4» (gh=sf) se vérifie aisément, il n’y a qu’à prendre notre lexique:
- agheRdha = rat, souris
aveRdha, afeRdha : ici on retrouve faR (rat) du sémitique-arabe.
- LmaghRev, maghRev (crépuscule, coucher de soleil) par extension l’occident/l’ouest comme en sémitique-arabe al-ghaRb (ouest/ocident)
mavRev, mafrev, mawrev/maurev : on voit bien la relation entre maure (mavro en grec) de Mauritanie et sa variante plus tardive Maghrib en sémitique-arabe après l’invasion de l’ADN par les arabes-musulmans à partir du 7ième siècle.
- gheR, leqRaya = lire, lecture, étudier, s’instruire (en sémitique-arabe iqra, qira’ea = lire, lecture)
gheR= veR, pheR, wR ; leqRaya = levRaya, lephRaya, lewRaya.
Ici d’abord nous avons le sens de livre, ensuite la notion de alpha, ensuite le radical phR/vR pour instruit, De là on pourrait comprendre le sens opposé du non-instruit ou le barbare vaRvaRos en grec, tout comme le sens de la racine africaine phR. Je rappelle qu’en sémitique-arabe cette racine qR (notre ghR) indique strictement «lire, lecture» mais pas étudier ou s’instruire comme en kabyle/mazigh, ils utilisent diRassa/madrassa (étudier, école) pour l'arabe et aussi le verbe commun au kabyle/mazigh lemedh et aux sémitiques tilmidh (élève) en arabe et talmud en hébreu. Notons que le mot Torah (instruction) des hébreux-juifs se déchiffrerait en kabyle/mazigh assez simplement tghRa = livre/lire/étudier/s'instruire (instruction donc). Le passage de ghR à vR est tangible en kabyle avec gheR (lire, s'instruire) 'arw (écrire) et tha-vRats (lettre, message, missive): d'ailleurs la variante des arabes musulmans sURat -sourate n'est pas loin phonétiquement de torah et la compraison UR (oR) - ghR -vR est là: sourate = verset. Le dénouement de cette énigme de l'origine de cette racine ghR-oR-vR se fera peut-être par les "10 commandements", la variante de ce mot en sémitiques (hébreu, arabe) et à l'opposé en langues punique et mazigh (kabyle, shawi, etc...).

Cette formule de passage de gamma aux voyelles ou semi-voyelles W si elle est élargie confirmera la mutation de G occulsif en W/O dont on a déjà parlé sur ce blog. Nous allons prendre un mot kabyle assez intéressant pour ces deux significations: tha-mGardT = 1.cou (sens propre), 2.victime d'un homicide/ de guerre (sens figuré)3. le sang écoulé; ce mot devient tha-mWrdT ou tha-mOrdt ou la mort simplement. Mais en kabyle 'ephk tha-mGardT (donner son cou) c'est "se sacrifier", avoir un mort sur la conscience aussi utilise le terme tha-mGardT (le cou) mais l'étymologie la plus probable serait tham-GRdt ou dhem-GRdT oû avec G en W/O on aura dhem-WRdt, soit dhem/idhamen = sang et WRdT = aorte ici WR ou GR indique "une artère, une conduite" (GRdT ou vrd de avridh = rue/chemin donc artère), voir les verbes "porter, tirer, transporter selon le cycle" (Ger, ker).

On peut procéder au changement inverse en prenant notre lexique ou celui des latins et des grecs contenant un F/V/U-W et le changer par une gamma (GH ou G) comme auto (avto en grec), hébreu (étranger) qui devient «aghRiv» (exilé/émigré/étranger) en fait, euréka (evrika en grec), etc...
Mais l’essentiel est que là nous tenons la preuve formelle que cette voyelle en grec ou en latin (U, O) était à l’origine une semi-voyelle ou une consonne dans notre langue maternelle très ancienne. Ce qui explique pourquoi les grecs ont ajouté des voyelles à un alphabet consonnatique «phénicien» (punique ou mazigh dirons nous) qu’ils ont emprunté (mythe de Cadmos), cet alphabet est appellé conventionnellement «phénicien donc sémitique», aujourd’hui nous avons encore une autre preuve que cette thèse sur l'origine sémitique de l'alphabet grec est fausse et l’alphabet consonnatique dit «phénicien» était d’abord de ce côté occidental de la méditerranée et ses origines ne sont pas sémitiques comme le montrent les exemples concrets (preuves accablantes) n’en déplaise aux usurpateurs et à ceux qui jurent par le mal.