Les cœurs indolents
La langue que l’on apprend en même temps que la pudeur est la langue paternelle. La langue paternelle est souvent le silence, parfois le néant. Hommage aux parents, aux mères surtout. Hommage aussi aux rares pères qui se plient, se cassent en deux pas seulement pour subvenir aux besoins de leur progéniture mais pour prendre part à l’éducation de leurs enfants en leur insinuant leur mémoire, leur histoire, les règles de ce monde, la morale, l’éthique, le respect, la vertu, l’effort et le travail, l’amour de son prochain, ainsi de suite, bref, en leur donnant des repères, «une relique» de leur «enfance utile» qui plus tard fera d’eux des adultes de bonne famille et des citoyens accomplis. Toute famille dépend grandement de la participation des pères (aux côtés des mères) à l’éducation des enfants, comme tout peuple dépend de l’implication des pères de la nation dans la formation des générations futures.
A part les pères peu nombreux à qui l’hommage a été rendu, il y a aussi des pères persévérants, toujours bien intentionnés mais... à leur guise. En première catégorie il y a des persévérants dont les efforts ne sont d’aucune utilité morale pour leurs enfants. Ils se préoccupent plus de les bien nourrir, les bien habiller, les faire voyager, leur apprendre les bonnes fréquentations avec les «gens utiles», les introduire, leur donner un coup de pousse, les pistoner, les protéger, les câler à un poste prestigieux, etc...bref, en font un «élément» de leur «milieu» mais pas de la société. En deuxième catégorie il y a les «assidus» qui se préoccupent plus de cloner leur fils à leur image dans un cadre bien détérminé, le plus souvent dans un cadre religieux rigoureux et strict. Une fois sorti de la tutelle du père, ce type de «fils d’assidu», «une pâte à modeler» sans aucune personnalité, se réfugiera sous une autre tutelle, celle d’un groupe de «frères» qui vont en faire une unité utile à leur «système» mais pas à la société.Ces deux catégories de persévérants, «ceux qui ricanent dans la langue d’autrui», élèvent leurs enfants à la mode des autres (occidentaux ou orientaux), sur des principes et des idées tout à fait étrangers, vont jusqu’à renier leurs origines et signent ainsi leur rupture avec le peuple, le vrai.
L’indifférence et le laisser-aller sont bien plus prédominants. On comprend les difficultés matérielles de cette vie, le besoin et la vie dure sont souvent la cause de la paresse des pères et, en conséquence, de la tristesse et de la désolation de leurs enfants. Des pères indifférents qui vont jusqu’à déléguer à la mère la tâche de châtier l’enfant qui s’est rendu coupable. Ils ne veulent entendre parler de rien, même pas de la cravache. Des pères égoistes qui adulent la paresse. Ils ne recherchent que la paix, l’isolement loin du vacarme des enfants, de leurs cris, de leurs plaintes, de leurs besoins. Des pères nerveux. Des pères lâches qui ont peur de prendre leurs responsabilités, laissant leurs enfants à l’abandon, à la rue. Des pères irritables, tout le monde est fautif sauf eux, tout le monde leur doit quelque chose. Comment supportent-ils çà, ces pauvres pères...Ils se rachètent donc sur leurs enfants toujours là sous la main, à disponibilté et tout celà sans risque de répondre de leurs actes, « de quoi je me mêle, c’est ma famille, après-tout! ». Le lâche s’acharne souvent sur la proie facile.
Les enfants garderont en mémoire leur triste enfance avec toutes ses sequelles. Ils se souviendront toujours des excès de leurs pères, des châtiments et des humiliations subis. De l’absence totale d’affection. Ils garderont toujours ce sentiment de «culpabilité» d’avoir été d’abord et surtout un fardeau, une bouche de trop à nourrir pour les parents. Ces pauvres enfants sortis de leur enfance-adolescence sans aucun bagage, nus comme un doigt «sans bague». Les voilà qui entrent dans la vie adulte sans aucune «relique paternelle», pas le moindre soupcon, pas le moindre signe positif bien au contraire ils arrivent tavelés de cette boue que fût leur enfance, sans aucune idée utile, sans idée fondamentale de ce que doit être leur vie. A leur tour une fois devenus parents ils vont «tout logiquement» faire subir à leurs enfants ce qu’ils ont eux-mêmes subi, non!, pas la cruauté, mais pire encore: l’indolence de leurs cœurs. C’est normal, diront-ils, tout le monde y passe, elle est comme-ça l’enfance chez nous ! Et ainsi la trainée de boue ne finit pas, de génération en génération. Ainsi perdure le supplice des enfants qui ont l’enfer dans l’âme.
Le drame que vit aujourd’hui une nation a en réalité incubé dans un passé récent et il est le résultat de cette indifférence à tous les niveaux de la société. Les érigés en «pères de la nation», exception faite de quelques hommes dignes, sont hélas! en majorité des zélés qui ne croient ni en leur peuple, ni en «la vérité du peuple». Ils n’ont ni la vertu ni la foi quelque soit leur façade. Ils n’ont cure des aspirations du peuple qu’ils méprisent d’ailleurs, parceque «il les dérange», tel un enfant peu obéissant, «pour un oui, et pour un non». Ils ne se soucient que de leurs privilèges. De mener une vie paisible et dans l’aisance. Alors, les enfants de la nation, faut pas déranger ces «pragmatiques de la vie». Ces « grands indifférents» sont toujours précurseurs d’un nihilisme féroce. Plus bàs, chez le peuple, le comportement irresponsable des pères de famille a donné naissance à une jeunesse désœuvrée en mal de repères, une génération de destructeurs et de casseurs impatients. Nombreux ceux qui plus tard seront influencés ou carrément récupérés par les nihilistes, par les forces de l’ombre, les forces obscurantistes. Les ennemis du peuple et du Créateur.
Aujourd’hui ces jeunes issus d’une enfance «sans bague» défraient la chronique, les nihilistes par leur violence, les résistants par leur bravoure. Les plus impertinents sont devenus des Haragas qui au péril de leur vie prennent le large vers d’autres cieux dans l’indifférence la plus totale des pères et des supposés «pères de la nation». L’escapade de tous les périls, réussir ou mourir, mais surtout pas s’éteindre à petit feu au milieu de cette interminable siesta del moro, la sieste des maures insoucieux. La fugue est la sentence la plus accablante que les enfants puissent infliger à leurs pères aux cœurs indolents. La honte de tout un peuple.
A part les pères peu nombreux à qui l’hommage a été rendu, il y a aussi des pères persévérants, toujours bien intentionnés mais... à leur guise. En première catégorie il y a des persévérants dont les efforts ne sont d’aucune utilité morale pour leurs enfants. Ils se préoccupent plus de les bien nourrir, les bien habiller, les faire voyager, leur apprendre les bonnes fréquentations avec les «gens utiles», les introduire, leur donner un coup de pousse, les pistoner, les protéger, les câler à un poste prestigieux, etc...bref, en font un «élément» de leur «milieu» mais pas de la société. En deuxième catégorie il y a les «assidus» qui se préoccupent plus de cloner leur fils à leur image dans un cadre bien détérminé, le plus souvent dans un cadre religieux rigoureux et strict. Une fois sorti de la tutelle du père, ce type de «fils d’assidu», «une pâte à modeler» sans aucune personnalité, se réfugiera sous une autre tutelle, celle d’un groupe de «frères» qui vont en faire une unité utile à leur «système» mais pas à la société.Ces deux catégories de persévérants, «ceux qui ricanent dans la langue d’autrui», élèvent leurs enfants à la mode des autres (occidentaux ou orientaux), sur des principes et des idées tout à fait étrangers, vont jusqu’à renier leurs origines et signent ainsi leur rupture avec le peuple, le vrai.
L’indifférence et le laisser-aller sont bien plus prédominants. On comprend les difficultés matérielles de cette vie, le besoin et la vie dure sont souvent la cause de la paresse des pères et, en conséquence, de la tristesse et de la désolation de leurs enfants. Des pères indifférents qui vont jusqu’à déléguer à la mère la tâche de châtier l’enfant qui s’est rendu coupable. Ils ne veulent entendre parler de rien, même pas de la cravache. Des pères égoistes qui adulent la paresse. Ils ne recherchent que la paix, l’isolement loin du vacarme des enfants, de leurs cris, de leurs plaintes, de leurs besoins. Des pères nerveux. Des pères lâches qui ont peur de prendre leurs responsabilités, laissant leurs enfants à l’abandon, à la rue. Des pères irritables, tout le monde est fautif sauf eux, tout le monde leur doit quelque chose. Comment supportent-ils çà, ces pauvres pères...Ils se rachètent donc sur leurs enfants toujours là sous la main, à disponibilté et tout celà sans risque de répondre de leurs actes, « de quoi je me mêle, c’est ma famille, après-tout! ». Le lâche s’acharne souvent sur la proie facile.
Les enfants garderont en mémoire leur triste enfance avec toutes ses sequelles. Ils se souviendront toujours des excès de leurs pères, des châtiments et des humiliations subis. De l’absence totale d’affection. Ils garderont toujours ce sentiment de «culpabilité» d’avoir été d’abord et surtout un fardeau, une bouche de trop à nourrir pour les parents. Ces pauvres enfants sortis de leur enfance-adolescence sans aucun bagage, nus comme un doigt «sans bague». Les voilà qui entrent dans la vie adulte sans aucune «relique paternelle», pas le moindre soupcon, pas le moindre signe positif bien au contraire ils arrivent tavelés de cette boue que fût leur enfance, sans aucune idée utile, sans idée fondamentale de ce que doit être leur vie. A leur tour une fois devenus parents ils vont «tout logiquement» faire subir à leurs enfants ce qu’ils ont eux-mêmes subi, non!, pas la cruauté, mais pire encore: l’indolence de leurs cœurs. C’est normal, diront-ils, tout le monde y passe, elle est comme-ça l’enfance chez nous ! Et ainsi la trainée de boue ne finit pas, de génération en génération. Ainsi perdure le supplice des enfants qui ont l’enfer dans l’âme.
Le drame que vit aujourd’hui une nation a en réalité incubé dans un passé récent et il est le résultat de cette indifférence à tous les niveaux de la société. Les érigés en «pères de la nation», exception faite de quelques hommes dignes, sont hélas! en majorité des zélés qui ne croient ni en leur peuple, ni en «la vérité du peuple». Ils n’ont ni la vertu ni la foi quelque soit leur façade. Ils n’ont cure des aspirations du peuple qu’ils méprisent d’ailleurs, parceque «il les dérange», tel un enfant peu obéissant, «pour un oui, et pour un non». Ils ne se soucient que de leurs privilèges. De mener une vie paisible et dans l’aisance. Alors, les enfants de la nation, faut pas déranger ces «pragmatiques de la vie». Ces « grands indifférents» sont toujours précurseurs d’un nihilisme féroce. Plus bàs, chez le peuple, le comportement irresponsable des pères de famille a donné naissance à une jeunesse désœuvrée en mal de repères, une génération de destructeurs et de casseurs impatients. Nombreux ceux qui plus tard seront influencés ou carrément récupérés par les nihilistes, par les forces de l’ombre, les forces obscurantistes. Les ennemis du peuple et du Créateur.
Aujourd’hui ces jeunes issus d’une enfance «sans bague» défraient la chronique, les nihilistes par leur violence, les résistants par leur bravoure. Les plus impertinents sont devenus des Haragas qui au péril de leur vie prennent le large vers d’autres cieux dans l’indifférence la plus totale des pères et des supposés «pères de la nation». L’escapade de tous les périls, réussir ou mourir, mais surtout pas s’éteindre à petit feu au milieu de cette interminable siesta del moro, la sieste des maures insoucieux. La fugue est la sentence la plus accablante que les enfants puissent infliger à leurs pères aux cœurs indolents. La honte de tout un peuple.
___________________ Dilem (journal algérien "Liberté")
Post Scriptum
Si vous êtes amenés à devenir géniteur mieux vaut l’être une-deux fois, pas au-delà de vos moyens matériels et de vos valeurs morales pour pouvoir transcender vos cœurs potentiellement indolents. Vous devrez être un père responsable chaque jour et pour toujours, sans relâche.
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Haragàn: paresseux en espagnol
Haragas : mot utilisé en Afrique du Nord pour désigner les clandestins qui «chavirent» vers l’Europe.
Motifs: F. M. Dostoevsky «...à propos de famille fortuite» in « journal d’un écrivain », 1877.
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