Avant-propos
Nous avons dit sur ce blog que le «h» (comme h de happy en anglais, hlu en kabyle) dans sa forme actuelle (h prononcé) en kabyle moderne devrait être une influence sémitique. Donc pour rétablir le h mazigh originel on a suppose que ce "h" devrait être soit aspiré (comme en grec), soit ce "h" serait parfois une mutation de "ph" et le plus souvent il aurait altéré un autre son, un son gamma (g, k) spirant ou un «kh».
Gustave Moreau: Hélène sur les remparts de Troie
Hypothèse
La clé de l'énigme est un Xi kabyle (mazigh) un Xi (ks, gz) à la latine qui parfois est amputé pour ne laisser que S ou Z et parfois il est un χ grec "kh" qui est altéré pour devenir un "h" sous l'influence des sémitiques (l'arabe notamment) sur le kabyle.
χῖ grec = khi. Ce son est transcrit en latin «ch» comme dans charisme.
X (iks) latin avec les sons ks ou gz.
Donc notre "h" prononcé serait un χῖ grec ("kh"), un X latin souvent amputé, soit un S ou un Z. C'est cette dernière variante de "h" = S/Z que l'on va approcher aujourd'hui. Voyons le "h" lexique kabyle révisé avec un "s/z". Pour mieux mémoriser ce passage de "h" à "s" il faut retenir la formule greco-latine hémi-semi qui signifient la même chose "demi/moitié".
Prenons d'abord un autre mot oû le "h" aurait remplacé un X amputé mais cette fois c'est un k/g seul et non pas un s/z. hershaw = rugeux. Mot supposé emprunté à l'arabe. Par ailleurs cet adjectif se retrouve en russe sous la forme shershavi phonétiqument proche de hershaw. hershaw muté serait xershaw = gershaw/kershaw. kershiw = estomac, en arabe aussi kersh = ventre, estomac. L'estomac à une surface rugueuse. kers = crisper, rider, cristalliser (cristal mot grec), nouer, ratatiner. gris = givre. kerz = silloner. Nous voyons très bien que c'est en kabyle (mazigh) que cette racine atteste la rugosité.
Pour les toponymes kabyles j'avais déjà fait un rapprochement qui s'imposait gemut-magmut avec "g/k" à la place du "h" de mahmud, exemple de ath-mahmudh et tha-gemut azuz. En faità la place du "h" c'est un X amputé avec seul le son "g/k"; et si l'on prenait ce X avec un "s/z" on verrait mahmud devenir masmud, ce qui n'est pas sans rappeller le clan ou l'ethnie "berbère" Masmouda dont parlait Ibn-Khaldoun dans son "histoire des berbères". Notons que mahmud est très répandu comme toponyme et surtout comme anthroponyme sous des formes diverses: hemu, hemuda, hmedh, aït-hemuda, hemdani, ait-mahmud, etc...Nous pouvons avancer l'hypothèse que mahmudh serait makmut, magmud, masmudh ou maxmudh; idem ait-hmedh comme toponyme ou patronyme serait ath-gmedh, ath-kemeth (les kémites, ha-ha!), ath-smedh/ath-smeth ( adam Smith, coucou!), ath-xemedh/xemeth: en réalité le toponyme ath-hmedh indique selon l'exemple du village kabyle de référence (voir posts sur la toponymie) indiquerait le sens de xemi (semi)= le milieu du village, le milieu de la journée aussi.
Maintenant voyons les exemples pour "h" ayant remplacé un X amputé soit S ou Z. tha-zart = figues sèches serait une appellation plus générale de "fruits secs", ce mot aurait à la racine le verbe fser = étaler, sécher. Une simple compraison fser (sécher) et fseg/vzeg (mouillé) nous indique que le R indique "sec, dur" (quR).
a-hvuv, i-hvuven = figue(s) sèche(s)
a-hvuv devient a-svuv ou a-zvuv...ceci nous rappelle zviv = raisin sec, il faut reconnaître que nous avons un sens commun (grain séché) pour une racine commune.
heb, lheb = grain (fruit), grain ou bouton (sur le corps), mot supposé emprunté à l'arabe.
heb devient seb ou sep...cette racine se retrouve en russe syp avec le même sens "grain/pois sur le corps, exanthème" , et mieux encore le verbe russe sypat (comme le latin supare) atteste le sens de "répandre, verser en répandant" et le verbe russe proche seyat (tamiser, semer, répandre) atteste le même sens que notre sif (tamiser). Rigolo comme coincidence, non?
hmu, hma = chauffer, chaud.
hma muté avec un "s/z" serait zma/sma...sa racine est la même que celle de son antonyme semeDH, semaDH. Cependant dans les cas de hamu/hmu le "h" aurait probablement altéré un gamma "gh" et les mots seraient ghamu/ghmu, la racine [gh.m] avec le sens de chaleur est attestée par le mot a-ghamash = chaleur torride, canicule.
sehRa = désert, sahara. Mot supposé emprunté à l'arabe.
sehRa muté devient sezRa, sesRa. Ici 2 S se suivent et la logique indiquerait que le s/z en préfixe aurait altéré un son de son "milieu" d/t. Donc on aura sehra>sesRa/sezRa>tesRa/tezRa ou desRa/dezRa...ceci nous rappelle bien sûr le mot a-Zrw (pierre), le R sec, le désert mais aussi un toponyme "berbère" saharien Tozeur en Tunisie.
Comment dit-on en kabyle enfantin un gaucher? Aux Ath-Dwala (L muté en Y) c'est a-heymaDH, soit a-helmaDH. Il n'y a qu'à remplacer le "h" par le S/Z pour avoir le mot commun à tous les kabyles et mazighs a-zelmaDH (gauche)!
Tournons nous vers les commerçants. tha-hanuts = épicerie, échoppe. Ce mot est soit-disant un emprunt à l'arabe hanut. tha-hanuts est au féminin, son masculin serait hanus/hanuz ou hans/hanz. Avec le "h" muté en s/z on aura sanuz, zanus ou zanz qui signifie "vendre, commercer" en kabyle! Pour la petite blague: vous savez ce qu'était ancinnement la hansa (association) chez les germains, les commerçants allemands de Kiel?
Cette hypothèse peut (par coincidence?) s'appliquer à d'autres langues et même rapprocher les sémitiques de l'anglais par exemple! hily = malin/rusé en arabe. Avec un "s" à la place de "h" on aura sily ou sly (malin) en anglais! hensh = serpent en hébreu/arabe. Avec un "s" ça sera sensh pas loin de snack (serpent) anglais!
Maintenant on va s'interreser à la gente féminine. Le terme tha-hdhay-th (thi-hdhayin) qui désigne les jeunes filles "demoiselles" serait avec un "s" tha-sdhay-th (thi-sdhayin) qui concorde parfaitement par sa racine [s.dh] avec le terme "thi-sedhnan" qui lui désigne les femmes adultes, les dames, "madame, mesdames" avec le sens de "madones, protectrices, saintes" (voir post Madonna Litta). Il y a un autre terme avec la même racine qui sert de qualificatif aux femmes: tha-seda = la lionne! Par ailleurs un autre terme semble être de la même famille: hdheq (être poli) qui serait sdheg (proche phéonétiquement de zedig =sain, propre). Le terme de sedh, seth, sidhi (saint) trouveraient leur explication ici. Par curiosité, si on applique cette règle "h=X ou S" on aura l'adjectif hadast de Carthage (nouvelle ville en sémitique) sous la forme xadast/ksadast (destinée, prédestinée, promise donc) ou sous la forme sadast qui aurait le sens de "protectrice, sainte". A suivre...
Hélène
Le mythe grec de la fille de Zeus, la belle Hélène est largement connu, lire ici: La belle Hélène
Hélène, en grec Ἑλένη [helénē], réapparait dans l'histoire et serait la cause du déclenchement de la guerre de Troie.