Préambule
Chez les kabyles traditionnels le pantalon est exclusivement réservé aux hommes, la femme devait porter une robe. Bien sûr que le temps et la modernité ont fait évoluer les choses mais jusque dans les années 70 une fille ou femme qui portait le pantalon en Kabylie était le symbole même de la modernité, vous vous rappellez la vieille chanson machiste " 'err as awal, hathan th'ersa ad a-serwal, 'err as awal s thaRumith ad sawal" (réponds à la fille, c'est elle qui t'appelle, elle vêtue de pantalon, elle qui parle français). Mais d'oû vient le mot a-serwal en kabyle, mot que l'on retrouve en argot DZ tout comme en arabe classique...et ces camarades comme d'hab crient sur tous les toits que serwal est un vernaculaire arabe, une autre "invention arabe". Et comme d'hab c'est un mensonge.
Sharval
Donc c'est serwal chez nous en ADN. Et il faut signaler qu'il s'agit d'un pantalon traditionnel, un pantalon 5 vitesses à cause de l'étoffe-pendule, sorte d'appendice, entre les jambes. Ce pantalon traditionnel à la Aladin est appellé en algérois "seroual loubia" (pantalon haricot), retenez donc la comparaison à l'haricot.
Ce même pantalon était porté au moyen-orient, chez les turcophones, en Persie et en Inde. Il existait aussi chez les cosaques, les ukrainiens et les russes du sud. Et il est désigné par un mot très proche de notre serwal: sharovary. Les étymologistes lui donnent une origine perse. Le mot sharovary en russe et ukrainien est un emprunt à l'iranien saravara ou scaravara (pantalons) de l'ancien perse salvar, en ancien perse sharval devenu shalvar en perse moderne. Ce mot se retrouve aussi en grec et en latin aussi saraballa, voir charvals en français. Aucune trace d'invention arabe comme vous voyez.
Djellaba
J'ai déjà expliqué sur ce blog que le mot djellaba est d'origine kabyle et mazigh tiré de la racine GLV-JLV de tha-jelav-th (enveloppe), ou jilv de tha-jilvant (petis pois en cosse). La racine JLV ou GLV avec son sens "d'enveloppe bouffante" c'est la forme de la cosse bouffante des petits pois, la forme est enflée à la différence de la cosse d'haricot très collant...et là les algérois avec leurs "seroual loubia" avec l'allusion à l'haricot font une faute car on ne peut pas appeller un pantalon bouffant par le terme collant/moulant/serré, pour la comparaison c'est le petit pois qui convient et non pas l'haricot.
Et je suppose que pour le mot serwal la même logique est applicable que pour la djellaba, c'est à dire la forme bouffante (comparée à celle de la cosse de petits pois) aurait été à l'origine de ce mot. Bien entendu il y aurait eu altération de certains sons, comme d'habitude avec la permutation R-L et surtout la terminaison en L qui serait chez nous en N. Bref, le seroual SRWL aurait pu être SRVN servan, shervan ou SLVN serlvan, shelvan, jelvan en kabyle avec la relation directe à sa forme enflée et bouffante comme JLVN de tha-jilvant. Ce n'est bien sûr qu'une supposition mais avouez qu'elle est très argumentée comparée aux versions officielles qui nous renvoient d'office et tout le temps vers une origine "orientale" sans apporter un quelconque argument et d'ailleurs il n'y aurait à ma connaissance toujours pas de dictionnaires étymologiques arabes par exemple. Mais ça c'est leur problème, nous on s'occupe de nos affaires et surtout on doit faire face à la supercherie et à l'usurpation dévorarice de ces camarades qui a causé et qui cause encore tant de dégâts en ADN plus particulièrement chez les kabyles, les mazigh en général. Le plus curieux est que cette racine JLVN (cosse petits pois) ou sa forme courte JLV-GLV (de tha-jelavth = enveloppe) se retrouve dans GhLF avec le mot ghulfa utilisé en kabyle comme en arabe ghulfa (couverture)...et cette racine GLF aurait étrangement une relation phonétique avec un autre vêtement, comme disent les italiens pantalon alla zuava (pantalon zouave/azwaw de Kabylie ancienne) ou golfi en russe (chaussettes longues ou bas très remontés), mot issu de l'anglais GOLF, d'oû le terme culotte de golf...c'est bizarre quand même!