Ce post va porter sur des phénomènes assez étonnants en langue kabyle et mazigh.
Inverse
On a déjà évoqué ce phénomène de la morphologie inversée des mots kabyles comparés aux autres langues, notamment le grec et le latin. Le plus simple est quand un affixe est placé au départ (préfixe) en kabyle et au contraire à la fin du mot (suffixe) en latin ou en grec selon le schéma suivant: A+BC kabyle devient BC+A latin ou grec. Cette inversion est aussi vraie pour la racine même, c'est à dire pour le schéma pris en exemple le radical BC en kabyle devient CB en latin ou grec. Aujourd'hui on va prendre des exemples signifiants pour mieux comprendre les noms grecs donnés par exemple par Platon dans son Atlantide.
Exemple comparé avec l'arabe:
yleph = sanglier (par extension probablement: éléphant, mamouth)
fyl = éléphant en arabe
Exemple au sein du kabyle et mazigh même:
thalla = source, fontaine. Avec la formule "th=ph": phalla
llapha = hydre de la source. On vot bien la relation thalla-llapha (source-hydre).
Voyons par rapport au grec:
phasis = fleuve en grec, ce mot a donné phase en fr./latin.
[ph.s] est la racine, "-is" n'est qu'un suffixe usuel en grec.
[s.ph] est la racine inverseé qui donne en kabyle et mazigh:
a-siph = rivière, fleuve.
Ce phénomène laisse supposer un certain mécanisme de formation des mots. On va prendre le nom Atlas, nom grec donné par Platon. Son frère jumeau a un nom autochtone (non grec) Gaidhiros qu'on a déjà identifié sur ce blog (voir post Le jumeau d'Atlas) comme étant probablement ydhir (idir). Maintenant on va essayer de déchiffrer ou plutôt de donner une forme kabyle/mazigh au nom grec Atlas par la méthode des inverses. Mais d'abord un rappel: la grandeur, le gigantisme est attesté en kabyle par ylath comme dans aneshth ylath. On a vu que ylath par rapport aux sémitiques aurait muté autrement (gylath, gylaph) et ne serait rien d'autre que Goliath. Aujourd'hui on va voir la variante grecque de ylath.
Atlas ou ATL sans le suffixe usuel grec. S'il est inversé il donnerait LT, LAT ou lath qui rappelle étrangement ylath en kabyle. Donc à mon avis ylath mazigh = Atlas grec = Goliath sémitique.
L'atlante tient le monde sur ses épaules ou thu-yath en kabyle qui serait peut-être thu-lath vu l'altération fréquente de L en y (comme -ille de famille). thu-llath, ylath: aucun doute ce mot Atlante est d'origine mazigh. D'ailleurs on va confirmer en comparant Atlas à son jumeau gaidhiros-ydhir. Dans les systèmes de mesure en kabyle et mazigh on dit kthil, soit mesurer avec la coudée. Ce mot kthil n'est pas phonétiquement sans rappeller "thl" athlas, Atlas. On a qu'à changer le L en R (dualité dont on a parlé ici) et on aura kthir ou sa forme plus hard gdhir qui n'est pas sans rappeller ydhir -gaidhiros le jumeau d'Atlas, sans parler de agadir le toponyme. Donc Atlas et son jumeau gaidiros seraient en relation avec les systèmes de mesure mazigh très anciens, ils indiquent deux formes différentes que l'on devra comprendre, à première vue le R de gadhiros et surtout gdhir (comparé à kthil pour la coudée) indiquerait une mesure prise par un membre inférieur (le pied, fémur?), donc pour les distances, donc en topographie et toponymie.
On a compris le nom Atlas selon cette inversion. Et si on prenait Atlantis, Atlantide? Eh bien si Atlas est ylath la seule version qui convient à Atlantis est Nylath ou avec sa terminaison modifiée Nyl, Nylas comme l'appellation grecque du Nil en Egypte. Drôle non?
Cette explication d'Atlas comme tout simplement un ordre de grandeur dans les systèmes de mesure est à double tranchant pour l'Atlantide de Platon. D'un côté elle confirmerait que cette légende n'est qu'un mythe, une parabole mais pas une réalité. De l'autre côté comme ces systèmes de mesures en kabyle et mazigh sont à la base même de la topographie des lieux et donc de la toponymie kabyle et mazigh (jusqu'à nos jours!) cette version confirmerait amplement Platon car Atlas, Atlantide peut-être un toponyme, un toponyme d'un lieu qui a existé.
Ce qui est bizarre est que cette légende de l'Atlantide racontée à Platon par son oncle lui-même l'ayant entendu de la bouche des prêtres égyptiens. Et comme par hasard la seule variante pour le moment du mot Atlantide en kabyle/mazigh nous renvoit vers le Nylath-Nylas ou simplement le fleuve du Nil en Egypte. Coincidence?
Ayn
Maintenant on va parler de deux mutations dont il me semble avoir compris l'origine. D'abord le "ayn" arabe souvent transcrit par le chiffre "3" ou simplement "â". Exemple: âanaba - Annaba. Ce "ayn" doit disparaître de la langue kabyle maintenant qu'on a identifié ce que cet intrus a altéré dans notre lexique. On a déjà émis l'hypothèse selon laquelle ce "ayn" arabe aurait altéré une gamma mazigh (gh, kh, g, k), là on va voir que ce n'est pas toujours le cas.
"ayn" ou "â" arabe a le plus souvent remplacé une semi-voylle demi-consonne mazigh du groupe W , soit c'est une demi-consonne (demi-voyelle) qui a disparû, un "ié" par exemple, soit tout simplement c'est le W comme dans World en anglais ou le Y comme dans Bayonne en français. Ces W, Y parfois pourraient se prononcer en F/V, d'ailleurs ils sont du même groupe. Le plus souvent en kabyle c'est un double "aa" qui devient un "âyn". Voyons des exemples concrets.
aamedh = permettre, autoriser
âamedh: variante cannibalisée par le "ayn" sémitique.
ymedh, wmedh seraient les vrais.
(en F/V) vemedh, phamedh: cette variante phamedh est la plus probable PMD très procha d'ailleurs de Permettre PRMT.
aadi = passer
âadi: variante cannibalisée par le "ayn" sémitique.
ydi, wdi seraient les vraies: notez que ydi est proche de 'eddu (aller avec).
(en F/V): phadi, vadi: Ici on a PhD ou VD de avridh VRD (chemin, route, passage) et comme plus haut (pemmettre) on constate la chute du "R", est-ce une règle? Si oui le "ayn" sémitique aurait donc altéré une W (w, y, ph, v) plus R: wr, yr, vr, phr (pr). Donc on va vérifier avec les exemples en ramplaçant le "ayn" par simplement une "w" et par la variante complexe "wr".
- vaadh = loin, lointain (idem en arabe baâid = loin).
vaâdh: variante altérée par le "ayn" sémitique
vwdh, vydh: vraies, variantes simples
vwrdh, vyrdh, vavrdh, vaphrdh: vraies, variantes complexes.
Dans ces mots se cacherait "wedh" (destination), ver (veRa = dehors, étranger, lointan) et voir même une variante de far (loin en anglais).
- aamam = turban ("33 tours")
wmam, ymam (tiens, Imam!). Sa variante inversée donnerait mwm ou momie (mot que les français ont accordé à leurs amis arabes).
wrmam, yrmam, phrmam, vrmam: variantes vraie complexes.
On devine le sens de cacher (fer).
Bon assez! On va prendre des patronymes kabyles pour voir de quel toponyme ils sont issus:
aanan: wnan, ynan. On voit bien le toponyme wnan au géntif bwnan (thalla Bounane).
aann: wrnan, yrnan, phrnan, vrnan (variante complexe). On voit bien le patronyme phrnan-Fernane comme le toponyme du même nom.
saadhi: swdhi, sydhi. On voit la relation avec le toponyme Sidhi, sethi.
saadhi: swrdhi, syrdhi, svrdhi, sphrdhi/ avec un "th": swrth, syrth, svrth, sphrth.
Bref, les variantes de toponymes sont nombreuses: Syrte, Cirta, ...Sephra, Syr ou Sour, etc...
On revinedra vers cette mutation une autre fois mais déjà retenons que la variante complexe avec un "r" nous indiquerait que le double "aa" muté en "ayn" (â) sémité serait peut-être un préfixe équivalent au latin "per-" (à travers) ou du grec peri (à l'entour de), bref "parmi". Pour vérfier on prend le mot kabyle aami (cousin, dit en arabe âami) avec la variante complexe (wr/yr/phr/vr) et on aura entre autre phrmi, tout proche de "parmi", de "parents", voir même de "primo-premier" en françasi/latin; avec la variante simple: awmi/aymi et phamy (famille!). Et l'intérêt que à la différence du sémitique-arabe le M mazigh-kabyle est "mitoyen" il indique la proximité et la similitude ce qui nous renforce dans nos convictions que le mot "aami" (cousin) est un vernaculaire mazigh déformé par le "ayn".
Papyrus
Maintenant une formule assez inattendue qui nous aidera à mieux comprendre notre lexique en le comparant au latin, au grec, aux langues orientales, etc...
yph [if] = bout du mamelon du sein, par extension: mamelon, sein
papilla = mamelon du sein (en latin)
En clair notre ph (f) devient un double faf ou en latin "pap", ensuite la racine est inversée Y en préfixe en kabyle devient iY (-ille) en suffixe pour le latin. Voyons comment se transforme notre lexique
ypher = feuille (arbre)
papyr: ou simplement papyrus avec le suffixe "-us" usuel grec.
Maintenant par rapport aux sémitiques précisément à l'arabe ou le "p" n'existe pas donc c'est un "b", en clair la forme "pap" latine devient "bab" en arabe, bab qui signifie "porte, portes (gates)". bab = portes. Ce mot serait "aph" ou "-eph" en kabyle/mazigh qui indique non pas la porte mais l'extrémité (riph, dTarph, ikheph) mais aussi la sortie (ephegh), s'il s'agiraitt de portes de sortie ou d'évacuation ou de fugue (phegh =sortir, radical FG).
babel serait pour nous aphel ou si inversée aleph...drôle non?!
Si on appliquait cette règle uniqument au kabyle on verrait des choses étonnates:
a-siph, a-sif: sipap, sebab: sebaw forme plus correcte qui est également une petit "fleuve" Sebaou en Kabylie. Cet exemple montre aussi que a-siph muté en sibaw indique la descente (Swb = descendre), chose naturelle pour une rivière ou fleuve qui descend des montagnes vers la mer.
Pour terminer ce post sur ces 3 phénomènes constatés en langue kabyle, je voudrais prendre l'exemple de Rvaa (quatre) que l'on considère d'office comme un emprunt au sémitique-arabe.
Rvaa: d'abord devant le R il y aurait probablement un son aspiré pour la variante kabyle.
Rvaa est dit aRbaâa en arabe, en kabyle c'est un double "aa": Rvaa. On va le changer en W et on aura: Rvw. Rien qu'à inverser ce mot R+vw on aura vw+R oy vwR idem au Four anglais (quatre). La variante complexe (wr) de remplacement du double "aa" ou du "ayn" donnerait Rvwr, ici on devine le mot rapport très signifiant en maths et géométrie. Mais à mon avis un son spirant se cacherait devant le R de 'Rvaa, peut-être le mot serait avec un "h" mineur ou sa variante "ph": Rvaa = phRvaa. Ici toutes le variantes sont imaginables, péri-(périmètre), four (quatre) , rapport, etc...On verra ça une autre fois. L'essentiel est qu'aujourd'hui on a vu 3 phénomènes de mutations dont aura besoin pour comprendre les posts très importants qui vont suivre qui concernent le cycle de l'empan mazigh, thardhasth, qui nous dévoilera beaucoup de secrets.