mardi 4 novembre 2014

La clef kabyle

La source kabyle...

Parfois la déprime nous empêche de voir ou même d'espérer de voir le bout du tunnel, surtout en cette période de passage de l'automne à l'hiver aux latitudes nord. Et pourtant la lumière nous attend toujours au bout du tunnel, ça vaut le coup d'être patient donc. 

Aujourd'hui nous allons regarder autrement des mots qui nous ont familiers, sous un autre angle. Je suggère même au lecteur patient, s'il comprend le kabyle, de s'accorder le temps d'écouter le grand poète kabyle Dda Lounis Ait Menguellet, le long chemin vers les lumières et l'attente de la lumière au bout du tunnel

Prenons justement le terme kabyle avridh (1. la voie, le chemin, la route ; 2. fois). Ce terme interfère peut-être - on l'a dit sur ce blog il y a longtemps - avec le terme grec qui a donné période en français. Le terme avridh, tout comme thi-kelt, avec la racine KL de thi-kli (marche, mouvement,circulation), indique aussi "fois" donc "tours, cycles, etc.". Notre chemin (avridh) doit aboutir vers l'ailleurs. Ce chemin (avridh) est celui du voyage, celui qui vous conduit ailleurs comme une cheminée conduit la fumée vers les airs. Ce chemin (avridh) est celui qui représente pour vous une ouverture, une opportunité. Exact, notre avridh (voie, chemin, route) est une ouverture, une opportunité.
source
Maintenant imaginons un tunnel, de jour de préférence :) Vous êtes dans le tunnel et vos yeux cherchent à coup sûr une seul chose, la lumière, et votre cerveau cherche une seule chose,  une solution, donc la sortie ou le bout du tunnel. Maintenant la question du jour : que signifie vraimenet la clef kabyle ? quelles sont d'ailleurs (toutes) les clés kabyles ? 
tha-saruts (clef) en kab, thissura au plur. ~ 1. Solution, 2. Sortie, Issue (exit, exode du grec exodos).
La clef est tha-saruts en kab mais aussi dans les autres langues mazigh, même l'argot "arabe" marocain (la dardija) utilise ce terme sous la forme saroute (clé) au lieu de meftah (clé) en arabe, terme emprunté de l'égytien ancien du nom du dieu Ptah pour meftah (clé), foutouhate (conquêtes, découvertes) et al-fatiha (sourate ou verset d'ouverture). Et là...la soura ou sourate en arabe serait la sortie (en romanes/latin) et la clé (tha-sarouts en kabyle/mazigh) !

Jefe en espagnol (prononcer khéfé) indique chef, donc tête. Comme en kab : ixef, ikhef (1.tête, 2. bout, fin, issue, solution). En réalité, c'est le terme CLEF que l'on y retrouve à la différence près qu'en kabyle le X (kh) a remplacé CL ou KL. On y reviendra. 

Maintenant regardez attentivement la photo d'illustration. On enlève le soleil, c'est les ténèbres ! Comme dans un ciel-tunnel sans issues. Donc quoi ? Oui, notre soleil est notre ouverture, sortie, solution, issue, bout du tunnel, etc. Maintenant vous comprenez pourquoi en kabyle le soleil est désigné par le terme idTij avec le T emphatique, le même que pour dTaq (fenêtre, lucarne).

Le soleil est désigné en kabyle par un autre terme : tha-fugth, thafuxt. Même racine que fegh (sortir) en kab. Il y aurait aussi la notion de tsikli en kab (soon en anglais, prochainement) qui serait liée à tout ce que l'on a vu plus haut. Par exemple, l'anglais sun (soleil) et soon (bientôt, notion de vitesse) seraient liés ; et l'anglais fast (vite) serait comparable à lumière (tha-phath) en kabyle et en grec (phos). On y reviendra.

Un tour vers l'Egypte antique maintenant. Le nom de la divinité Ptah a donné, comme on l'a dit plus haut, la notion de clé (meftah) en arabe. Hors nous venons de voir que Clef, Sortie, Issue, Solution, Fin, Bout seraient associées à Lumière probablement. D'où la supposition que tha-phath, tafat (la lumière) en kabyle, tout comme phos (lumière), voir photo, en grec seraient en lien avec le nom Ptah.

Pour clore ce billet, voici la notion qui manque à notre panier du jour:
tha-saruts (Clef) kabyle ~ SOURCE
Exact, cette solution-sortie-issue-fin-bout et lumière serait la source. Et la relation entre clé et source (fontaine) est d'ailleurs attesté dans plusieurs langues (on l'a dit à maintes reprises sur ce blog). On vient de défricher un nouveau champ et l'on doit maintenant en tirer profit : revoir notre lexique sous cette angle, apporter les réctifs nécessaires et surtout enrichir notre langue.