lundi 13 juillet 2009

Oncle

Ce post est consacré aux "invisibles".

Préambule
Quand en kabyle, en mazigh en général, nous prononçons tel ou tel mot nous ne savons pas exactement quelle est sa véritable transcription, c'est à dire quelles sont les lettres qui composent ce mot. Le fait d'inscrire un mot "à la manière du berger", comme on l'entend prononcé, est simplifiste (simpliste) et ne sert pas les intérêts de notre langue. C'est comme en français peugeot transcrit correctement ainsi mais se prononce simplement avec deux syllabes, un scribe plus simplifiste et peu scrupuleux l'aurait transcrit pejo (imaginez le grincement de dents que cette transcription ridicule aurait provoqué chez les français et les francophones!), ce qui de fait dénature ce mot et cache ses origines, son étymologie et le vide de sens. Eh ben en kabyle c'est exactement pareil, simplifier la transcription des mots sans avoir procédé à l'analyse de notre lexique ferait plus de mal que de bien à notre langue: nous devons élaborer non pas une transcription facile, simpliste je dirais, mais une transcrition adéquate et conforme à notre lexique kabyle et mazigh et pour ce faire il faut prendre le temps nécessaire et ne pas faire dans le simplifisme pour éviter de commettre l'irréparable.
Nous avons déjà parlé sur ce blog des "invisibles" ou sons non-prononcés en kabyle, des sons cachés surtout entre les syllabes. Nous allons prendre un exemple frais:
amzur (tresse) se prononce am'zur
amrar (corde) se pronince am'rar
Une tresse et une corde se ressemblent par la forme comme le serpent et la corde (proverbe arabe: la corde effrayera celui qui a été un jour piqué par un serpent).
D'autre part on a évoqué l'hypothèse d'un "th" caché dans am'rar = amthrar qui nous rapprocherait du grec methron (mesure, mètre) mais là nous avons une autre supposition pour ce mot: comparé à amzur (tresse) am'rar serait plutôt amezrar/amesrar.


Oncle
Vous savez qu'en kabyle nous disons khali pour oncle, idem chez les arabes qui comme d'habitude revendiquent ce mot. Mais regardez bien ce qui suit:
un N se cacherait devant le "khi", voir des gamma en général.
khal, khali (oncle), khalti (tante) avec ce N caché devient nkhal, nkhali, nkhalti
khali = nkhali est comme oncle ou uncle avec la même racine NKL sauf que la prononciation diffère entre le Nord et le Sud! Remarquez qu'en kabyle la logique est respectée: aDH"wgal = gendre, le sens et la phonétique des deux mots sont proches. Probabalement khali=nkhali serait plutôt nghal, nghali en kabyle-mazigh avec la gamma "gh" altérée en "khi" voir même en "g" spirant ou "G" occlusif: gali-ngali, Gali-nGali. On y reviendra un peu plus tard.

J'ai parlé du sens de "boucle" MN dans le post consacré à Amon avec le symbole de l'infini (huit couché), le chiffre huit, le magnétisme, etc... Les mots zeman, semana (semaine), thmanya, dunith avec un "kh" ou "gh" couplé au N leur donnerait un sens asssez intéressant (cycle, boucle).

Ici c'est plus simple car il ne s'agit que d'un N caché. Ce N caché est lié au "khi" et à la gamma "gh"expliquerait pourquoi nous avons déduit que le N en kabyle attesterait une forme d'arc, courbe voir boucle, en fait ça serait ce digramme "nkh, ngh" qui l'attesterait cette sorte de boucle. Pour vérifier cette hypothèse il faut prendre notre lexique avec "khi":
khekhal = bracelet aux mains et aux pieds
khathem (interférent avec l'arabe khatem) = ce mot serait en fait ankhathem
Voir aussi avec "mng" ou "ng": tha-mengusht (tha-gedTumth)= boucle d'oreille
Ce N caché est devinable dans le nom de la divinité suprême "des eaux et des sources" kabyle et mazigh anZaR: an' ZaR serait ankhZaR ou anghZar (ghZeR = torrent).




On est proche de déchiffrer le sens d'un mot égyptien ancien ANKH qui signifie "vie" et qui a comme symbole la croix ansée. Le plus marrant, sans faire de raccourcis bien sûr, est que ankha ou ANXA (anksa) avec soit ans ou ank/ang est proche de anse phonétiquement et qlq part ces deux mots ont le même sens "courbé": ansa (poignée, petit golfe). Nous avons peut-être là une notion d'orientation (astronomie) avec cette croix ansée (voir aussi la croix d'Agadez touarègue pour comparaison). Ce symbole concernenait probablement aussi la symbolique chrétienne de la croix, le Christ. La réponse est dans notre lexique (nez, tendon d'achille, etc...), dans aghillas et dans anZaR. On en reparlera une autre fois.