Maître corbeau du belvédère...
Il faut lire le billet précédent, plus précisément le paragraphe "Girafe" pour comprendre l'origine du mot avec la racine GRF : tha-ghurfe-ts "chambre à l'étage".
On connaît la symbolique animalière dans diverses cultures, pour le cas du kabyle ("berbère"), l'aigle "observateur" (lire le post récent Agadir 2.0) en est un exemple. Eh bien la Girafe, elle aussi, indique une hauteur, et voici les interprétations que l'on peut en déduire. Mais d'abord signalons que la Girafe chez les anciens égyptiens avait son hiéroglyphe qui signifie tel que traduit par les spécialistes "avertir, prédire, prévoir".
Le terme kabyle tha-ghurfet-ts pour "la chambre à l'étage", tout comme la Girafe (à son long cou, probablement) à laquelle il est associé, indiqueraient plus largement ce qui suit :
- Belvèdère (en architecture)
- Tour, Tour d'observation :
Exemples:
- tour de pompiers pour prévoir, avertir (on retrouve le sens des anciens égyptiens pour "sr"girafe);
- mirador dans les maisons d'arrêt ou guérites de militaires;
- tour de contrôle des aiguilleurs du ciel dans les aéroports;
- pour les marins, ça peut être
- la perche ou la tour de contrôle sur le navire pour observer au loin,
- et, bien entendu, le Phare pour se repérer.
- pour les pieux c'est le Minaret
Voilà, l'équivalent du kabyle tha-ghurfe-ts en sémitique arabe serait manara (minaret), manar (phare).
Le plus curieux est qu'en kabyle la racine de "belvédère" et "girafe" GRF peut être la même que celle du corbeau tha-gerfa (g aspiré). Le corbeau dans diverses cultures est associé aux mauvais présages mais remarquez que c'est normal si le corbeau GRF, comme la girafe GRF, est associé à "la tour d'observation" GRF - tiens, les anglais associent le corbeau à la tour de Londres ! - donc il est tel un observateur sur une tour qui voit plus loin que ceux d'en bas et donc c'est lui le premier à voir venir les malheurs : départs de feu, tempêtes, envahisseurs et ennemis, etc...
Mais le plus drôle, dans le cas du kabyle GRF (belvédère, girafe, corbeau) comparé à l'arabe MNR de manara (minaret) : le muezzin là haut sur le minaret serait, kabylement parlant, une girafe ou plutôt un corbeau, et "maître corbeau sur un arbre perché..." prend un autre sens pour caricaturer le muezzin (il y en a que vont se plaindre !), mais surtout le corbeau est noir comme le premier muezzin de la religion arabe-musulmane... Mystique le corbeau, mais vraiment !
Bizarre quand même car l'oiseau qui serait le plus à même de représenter un minaret ou belvédère serait la cigogne, beliredj/belireg (BLRG) en kabyle et chaoui, sans doute comme le grec pelargoi (PLRG) "cigogne" terme qui par lequel les anciens Grecs désignaient aussi les Etrusques ! Toujours est-il qu'il faut désormais retenir qu'en kabyle, en architecture le terme tha-ghurfe-ts désigne outre "la chambre à l'étage" mais aussi "tour" et surtout "bélvédère".
Cette élément architectural kabyle tha-ghurfe-ts "chambre à l'étage" avec la racine GRF serait logiquement comparable à un élément qui vient se greffer sur la maison principale (rdc), simple coïncidence ou pas la racine GRF de retrouve dans greffe ! Donc c'est un prolongement, un appendice, sans doute que GRF (tha-ghurfets) serait lié à 'arviv allant dans le même sens, chose que l'on verra plus tard.
C'est pour vous dire que les termes d'architecture kabyle tels th-aarish-t (grenier), forme diminutive en qlq sorte de agadhir (grenier, hauteur dominante et place-forte, observatoire) voir akoufi, ikoufan (petit grenier, en qlq sorte "silo" de stockage des denrées alimentaires à l'intérieur de la maison) contiennent des notions insoupçonnées qu'il faut juste déchiffrer. C'est là tout le charme de la langue kabyle :)