Deux signes, deux indices...
Ce qui va suivre pose les premiers éléments d'une hypothèse qui prendra corps ultérieurement. Ces précieux indices méritent d'être pris très au sérieux.
Vierge
On l'a déjà signalé sur ce blog, les sons "3" (ayn) sémitique (arabe), tout comme h, H doivent disparaître de la langue kabyle, façon de se défaire de faux amis et d'assainir notre identité à la base. C'est une tâche ardue que de faire la chasse à cex faux-amis et surtout de comprendre ce qui se cache derrière eux : quels sons originels ont-ils altéré pour ensuite les éclipser ?
Prenons le cas du "ayn" (3) qui continue malheureusement de parasiter la langue kabyle. Le souci est qu'il n'y a pas de formule polyvalente ou de règle de remplacement de ce faux-intrus à tous les coups. C'est donc au cas par cas qu'il faut traiter ce problème. En voici un exemple, un cas particulier baptisé "la formule de Annaba".
3, ayn sémitique (arabe) ~ V
3anab "raisin, vigne" en arabe = Vigne en fr. (latin)
Ce cas particulier illustre parfaitement cette formule de correspondance.
Et si on élargit son application, on obtient de belles surprises, comme celle-ci:
3ares "mariage, noce" ;
3arouss, 3aroussa "marié (e)" : varousa : Vierge probablement.
L'intérêt du kab dans tout ça ? Eh bien, il suffit de remplacer les termes correspondants en sémitique-arabe par les termes kabyles Isly, Thislit pour déduire (par calque) ceci :
thi-slith "mariée" serait vierge ;
thi-slith bunzar "la fiancée/mariée d'Anzar" (mythe fondateur kab/mazigh), représentée par l'arc-en-ciel serait la Vierge, l'équivalent de la Vierge Marie des Chrétiens à la différence près que le Kab n'accorde pas autant de fanatisme à ce symbole. Et puis "la vierge Marie m'est apparue", pour un Kab, ça veut dire que oui, c'est vrai car l'arc-en-ciel est lui un phénomène réel et non imaginaire comme celui des intégristes religieux de tous bords vendu aux masses populaires de tous les continents.
En toponymie nord-africaine, cette formule du "ayn = V" pourrait expliquer ce qui suit, par exemple. Ce qu'on appelle en kabyle laïnssar (l3insar) est une source (fraiche) qui coule généralement près d'un cours d'eau (peut-être une source ombragée ? ou un filet d'eau sorti des roches ? de l'eau interstitielle ? ou de l'eau filtrée ?). Ce l3insar devient vinsar, vinçar (avec quel sens ?), ceci nous permet de suppose que ce que le kabyle désigne par l3insar est désigné par les nomades maures-arabes nord-africains par ayn sefra "la source jaune" (ceci n'a aucun sens, vous l'aurez compris) comme l'atteste d'ailleurs un toponyme du même nom Aïn Sefra en Algérie ; notons que la racine SR ou ZR en kabyle est éclatée en SFR pour la version sémitique-arabe.
On ne peut pas généraliser l'application de cette formule, bien entendu. Mais regarder quels indices elle nous apporte !
ayn, aïn en sémitique-arabe signifie "la source" ;
ayn, ain (3 = V) devient veyn ou veine : comme ZR en kab !
ZR kabyle : a-zar, i-zuran "racine, origine, source, veine, vaisseau sanguin"
ZR en kab c'est aussi thi-Zurin "la vigne, le raisin" : donc "la formule de Annaba" évoquée plus haut qui compare Ayn sémitique à Vigne est tout à fait recevable !
Plus encore, en kabyle cette logique se confirme :
DL/TL : a-dhil "raisin" vs thalla "source" ;
SR/ZR: thi-zurin "vigne, raisin" vs lainsar, l3insar "source fraiche" (près d'un cours d'eau).
Vous l'aurez peut-être remarquer, l'explication du Zéro revient encore à la surface, lorsque le SFR sémitique qui indique le Jaune (asfar) trouve son équivalent dans la racine kabyle ZR. C'est à dire que le signe de la Vierge serait lié au Zéro, et ceci va constituer un indice capital pour baliser et situer dans le temps nos mythes et notre lexique, donc l'origine de notre identité kabyle (et mazigh plus généralement). On y reviendra.
Sagittaire
Voici un symbole dont l'importance serait énorme, au même titre qu'un autre chasseur, Orion décrypté sur ce blog il n'y pas si longtemps. L'on sait étymologiquement que Sagittaire serait lié à sagita "flèche" en latin, et qu'il serait sans doute celui que l'on désigné en kabyle par a-segadh "le chasseur" et en arabe par "sayad" proche de leur seyed "seigneur" (d'où le Cid).
Il est probable que ce symbole soit ceci :
Sagittaire vs a-gadhir "forteresse, hauteur dominante", i-guidher "aigle" en kab.
Il s'agit apparemment de chercher "la flèche" de ce chasseur, ou la lance, la pointe en général, une notion aiguë, en tout cas. C'est donc une aiguille que l'on doit trouver dans un tas de mots.
La notion de hauteur et d'aigle (agadhir, iguidher) ne fait que confirmer la notion de "roi" et "seigneur" pour l'aigle, pour le chasseur, pour le Sagittaire donc aussi ? On ne peut non plus exclure que la notion de Soldat ne soit cachée derrière le chasseur, le Sagittaire, tout comme la notion d'officier de soldats, le Centurion. A ce titre, l'association du Sagittaire dans la mythologie grecque à un Centaure, Pholos en l'occurrence, va dans le sens de notre supposition.
Le Sagittaire devrait néanmoins porter des notions rationnelles bien plus intéressantes, en astronomie, par exemple. Symboliserait-il une notion de temps, un cycle, un Siècle ou un Millénaire, par exemple, ou l'apogée d'un cycle astronomique ? Serait-il l'aiguilleur de l'horloge du temps, la Verticale (comparé à l'Horizontale d'Orion) ? Autant de question sur lesquelles il faut se pencher pour essayer de trouver des éléments de réponse pouvant nous éclairer sur toute la symbolique rationnelle des constellations-signes établis par les anciens et aujourd'hui surtout relégués à des interprétations folkloriques (horoscope) par les marchands d'illusions.